En direct de Hangzhou (Chine). C’est dans la ville Hangzhou (là où réside le siège d’Alibaba), qu’Alibaba Cloud a organisé son événement annuel. Pour la cinquième édition, la « Computing conference » s’est changée en Apsara conference. Ceci pour montrer que l’OS de sa plateforme cloud est désormais totalement opérationnel et viable, nous dit-on entre deux ateliers. Cette année, Alibaba Cloud compte bien convaincre ses quelques 80 000 visiteurs que nous sommes entrés dans l’ère de l’économie digitale. « De nouveaux modes de consommation sont nés et sont conduits par la meilleure connaissance des données et leur exploitation », indique Daniel Zhang, président et CEO d’Alibaba Group, dans son discours d’introduction.

« L’interaction entre cette énorme quantité de données et la qualité de la puissance de calcul offerte est indispensable pour permettre de voir l’émergence de cette économie numérique », explique Daniel Zhang. Et afin d’aider ses clients à mieux gérer ces données, Alibaba a annoncé un partenariat avec Tableau et sa solution de datavisualisation, récemment acquise par Salesforce. La fonctionnalité Server de l’éditeur pourra ainsi être installée sur le service Elastic compute d’Alibaba Cloud afin que ses utilisateurs aient une vision directe de l’utilisation de leurs ressources de calcul. Les clients de la firme chinoise pourront aussi accéder aux bases de données intégrées à Tableau comme RDS for MySQL, SQL Server ou Postgres. Des connecteurs natifs entre les deux solutions seront aussi créés pour MaxCompute, AnalyticDB et Data Lake Analytics.

Une deuxième puce dédiée à l'IA

Quand Alibaba lance des solutions pour ses clients, c’est souvent que le géant chinois du e-commerce a déjà développé et testé l’outil en interne. En mars dernier, à l’occasion de son Cloud Summit, le groupe dévoilait sa première puce (XuanTie910) pour les traitements IA et IoT. Aujourd’hui, le CTO d’Alibaba, Jeff Zhang, a levé le voile sur un deuxième processeur. Il est nommé Hanguang 800, est donc pour le moment utilisé en interne pour des opérations commerciales (recherche de produit, traduction automatique des sites e-commerce, etc.). Peu de spécifications ont été communiquées lors de la conférence. Un seul indicateur plaçait cette puce bien devant ses concurrents du marché en termes d’instructions traitées par secondes (IPS) : le Hanguang 800 serait capable d’atteindre plus de 78 000 IPS en mode boost.

En pratique, les commerçants téléchargent par exemple près d’un milliard d’images sur le site Taobao d’Alibaba chaque jour. Il fallait auparavant une heure pour catégoriser ces images, adapter les recherches et créer des recommandations spécifiques aux consommateurs. Avec Hanguang 800, Alibaba dit avoir réduit ce temps de traitement à cinq minutes. Mais reste muet sur de plus amples précisions quant aux caractéristiques techniques de ce processeur. La raison pourrait être que cette puce restera à usage interne pour améliorer les traitements de machine learning. Avec ce NPU (neural processor unit), Alibaba entend se faire une place sur un marché très concurrentiel avec des acteurs comme Google et ses TPU (Tensor Processing Unit) ou Intel qui a présenté sa puce Spring Hill (sur base Nervana Systems) cet été. On peut également citer Nvidia, Qualcomm ou Amazon dans cette course aux accélérateurs des traitements IA.

Le cloud, un facilitateur pour des smart city chinoises

Si à ces débuts, le groupe souhaitait, avec Apsara, fournir du IaaS et des solutions big data pour permettre aux commerçants de vendre leurs produits le plus facilement possible (avec sa plateforme e-commerce), Alibaba a progressivement mis sa technologie à disposition de ses clients ainsi que des services cloud toujours plus nombreux (pour la finance, la logistique, le marketing, etc.). Mais le fournisseur cloud reste toujours très évasif sur le fonctionnement de sa technologie, même devant les clients, partenaires et prospects locaux. Et c’est après une grosse demi-heure de discours de différents représentants politiques de la ville d’Hangzhou et de sa province, que le groupe a présenté plutôt succinctement comment ses services sont utilisés par les administrations de la région.

Une gestion optimisée des données permet aux organisations de fournir de meilleurs services à leurs administrés. Le CEO d’Alibaba a ainsi utilisé l’exemple de la province de Zhejiang, dont Hangzhou est la capitale. Celle-ci a commencé à intégrer Alibaba Cloud en 2014. Et en collectant pas moins de 72 milliards de points de données (issus de ses infrastructures mais aussi de 92 agences gouvernementales auxquelles elle est reliée), elle souhaite à termes offrir des services spécifiques grâce aux jumeaux numériques des 20 millions de résidents utilisateurs des applications fournies par l’administration. Ainsi, en connaissant – entre autres – les données bancaires et la situation financière d’une personne, la province de Zheijiang compte accélérer le développement des autorisations de crédits pour les frais médicaux. Ainsi, les patients pourraient payer leurs examens et opérations en plusieurs fois, si leur situation le permet. Et en fournissant toujours plus de données personnelles.

Autre exemple en termes d’exploitation des données IoT dans le secteur public, la ville de Hangzhou fait remonter dans son cloud les données de caméras et capteurs situés dans ses parkings publics. Ce qui lui permet de mieux gérer les places disponibles. Ce qui lui a permis d’augmenter de 5% le turnover dans ses parkings et de réduire les infractions dans ces espaces de presque 38%.

En dehors de ses clients gouvernementaux, Alibaba tente d’être la porte d’entrée des clients internationaux sur le marché chinois. C’est ainsi que le groupe a lancé en mars dernier le China Gateway Program. D’abord réservé aux clients australiens, ce dernier est désormais élargi à plus de 80 pays, dont la France, l’Allemagne, la Suède, Israël ou les Etats-Unis.