Un des derniers grands acteurs du décisionnel disparaît à son tour : comme nous l'avons signalé tout à l'heure, le conseil d'administration de Cognos a accepté une offre de rachat de la part d'IBM, pour environ 5 Md$, soit une transaction nette de 4,9 Md$. Si les autorités de régulation de la concurrence et les actionnaires approuvent l'accord, le rachat devrait être finalisé au premier trimestre 2008. « Cela a beaucoup de logique, commente Sébastien Ricard, directeur du département BI (business intelligence) de la SSII Keyrus. IBM avait toute la partie infrastructure : transport d'information et qualité des données avec Ascential, plus leurs bases de données, mais il leur manquait un frontal client. Maintenant, leur offre décisionnelle est complète. » Cognos devrait être intégré comme un groupe autonome au sein de la division Information Management d'IBM. En revanche, l'éditeur perdra dans le processus ce qu'il soulignait naguère comme des atouts : son indépendance vis à vis des fournisseurs de bases de données et sa focalisation sur un seul créneau. Le 1er mars dernier, jour de l'acquisition d'Hyperion par Oracle, Cognos s'était en effet empressé de faire valoir ces arguments. Il est probable qu'IBM va essayer de vendre une plateforme complète, ce qui réduira le choix des clients, « mais présentera aussi des avantages », explique Andreas Bitterer, vice-président de Gartner Research. « L'intégration sera à la charge du fournisseur, et non plus de la responsabilité du client. » IBM reste absent du marché émergent de la « Web Intelligence » La fusion de Cognos dans l'offre IBM représente aussi une épine dans le pied de HP, partenaire de Cognos, et dont on subodore les ambitions sur ce marché de la BI. « On sait que Mark Hurd [le patron de HP, NDLR] vient de NCR, et [[page]]qu'il connaît très bien ce domaine », indique Andreas Bitterer, qui cite Qliktech, Actuate ou Microstrategy comme des cibles pour un éventuel rachat - sachant que SAS Institute est une entreprise non cotée, et que son propriétaire n'a a priori aucune intention de vendre. Ce rachat positionne IBM directement face à SAP, Oracle et Microsoft, qui ont chacun de leur côté fait leurs emplettes et/ou développé leur offre décisionnelle. De fait, après le rachat d'Hyperion par Oracle en mars dernier et le rachat de Business Objects par SAP en octobre, cela signe la fin du marché de la BI tel qu'on le connaissait. « Mais il y a des acteurs émergents à ne pas négliger, note Sébastien Ricard. La BI sur le Web, ou Web Intelligence, est un marché qui se dessine et les quatre grands en sont absents. » Des acteurs comme Verity, Exalead, Fast ou Autonomy émergent sur ce créneau. Et là aussi, la consolidation commence : il y a deux semaines, Omniture rachetait Visual Sciences pour 394 M$, afin de se préparer à l'explosion du marché de « l'optimisation du business en ligne ».