Jusqu'à 48 coeurs dans un processeur gravé en 45 nm, c'est la performance technologique dévoilée par les chercheurs d'Intel. Cette démonstration préfigure les serveurs de demain qui pourront être de type « single-chip cloud computer ». Avec un oeil sur les datacenters et un autre sur le cloud, Intel envisage de produire des processeurs multicoeurs d'un genre nouveau au sein d'un programme baptisé « terascale ». « Avec des puces de ce type, vous pouvez imaginer un cloud reposant sur un data center très performant et consommant beaucoup moins d'énergie que les systèmes actuels, ce qui signifie économiser des ressources quant à la surface occupée et aux frais de fonctionnement (refroidissement et consommation électrique) », explique Justin Rattner, responsable des laboratoires de recherche et CTO d'Intel. Un point très important quand on sait que 100% de l'énergie consommée par un datacenter est convertie en chaleur et qu'il est ensuite nécessaire de réguler la température (22° recommandés aujourd'hui) avec des systèmes de refroidissement par air ou par eau, également énergivore. Justin Rattner envisage également de produire des puces de ce type pour des usages très grand public comme les calculateurs automobiles pour contrôler des systèmes électroniques comme l'injection, l'ABS ou le déclenchement des airbags. Des performances de l'ordre du téraflop Deux ans après avoir exhibé une puce expérimentale 80 coeurs, qui n'était pas totalement fonctionnelle, Intel franchit un grand pas avec ce prototype de processeur 48 coeurs. Certains problèmes comme la communication entre les coeurs ont pu être améliorés et les ingénieurs ont exploré de nouvelles architectures pour concevoir des cores design plus efficaces. Aujourd'hui, la puce 48 coeurs offre des performances de l'ordre du téraflop, mais avec la consommation électrique d'un processeur quad core (de 25 à 125 W). Ce processeur intègre 4 contrôleurs mémoire DDR3 (64 Go max) et un réseau de communication offrant une bande passante de 256 Go/s. Pour fonctionner efficacement, les systèmes d'exploitation et les applications pourront utiliser certains coeurs en priorité et répartir d'autres tâches sur des coeurs annexes. Comme certains processeurs déjà sur le marché, cette puce multicoeurs peut adapter la tension et la fréquence d'horloge des unités de calcul. Une condition sine qua non pour régler le niveau de performances en fonction des besoins et utiliser le minimum d'énergie nécessaire. [[page]] À l'occasion de cette annonce, Intel explique qu'il prévoit de distribuer une centaine de puces 48 coeurs expérimentales à des centres de recherches universitaires travaillant sur les applications et les modèles de programmation multicoeurs. Le professeur Tim Roscoe, du département d'informatique de l'École Polytechnique de Zurich, a déjà indiqué être très intéressé par le « single-chip cloud computer ». « Dans le cadre du projet Barrelfish, nous concevons en effet des architectures de système d'exploitation pour les futurs systèmes multicoeurs. Le contrôleur mémoire de cette puce et le système de transmission des informations sont donc parfaits pour nous. C'est le véhicule idéal pour tester et valider nos idées». Plusieurs questions sans réponses Plus mesuré, Dan Olds, analyste chez Gabriel Consulting, indique que cette puce expérimentale est une étape importante pour le développement de nouvelle génération de processeurs, mais qu'Intel devrait livrer plus de détails sur cette technologie. "Les puces multicoeurs sont devenues la norme avec des processeurs bi et quadri coeurs utilisés dans presque tous les systèmes. Le nombre de coeurs va certainement augmenter avec le temps, mais cela arrivera à petits pas - de deux à quatre coeurs, de quatre à six, puis de huit et dix dans les prochaines années. Cette puce 48 cores est un objectif important qui place le marché dans une certaine perspective. " Dan Olds poursuit en indiquant qu'Intel devrait expliquer ce que signifie vraiment 48 coeurs 'pleinement fonctionnels'. « Nous avons besoin de plus d'informations de la part d'Intel pour comprendre exactement comment un tel bond en avant a pu être possible, ajoute-t-il. Par exemple, peut-elle gérer le jeu d'instructions x64 standard ? C'est un point très important pour déterminer si un logiciel existant sera capable de tourner sur cette plateforme ou s'il sera nécessaire de le porter. Avec un volume de seulement 100 unités, c'est plus un projet scientifique qu'un prototype réel. Il s'agit d'un projet scientifique important, qui pourrait apporter beaucoup à l'industrie, mais cela reste un projet scientifique. "