Le montant de l'investissement d'Intel dans Cloudera n'a pas été révélé, mais le communiqué de presse du fondeur qualifie celui-ci de « significatif ». Cloudera développe des outils logiciels capables de traiter de grands ensembles de données en utilisant les multiples ressources informatiques disponibles dans les datacenters, un concept connu sous le nom d'informatique distribuée. Les offres de Cloudera sont basées sur le logiciel Open Source Hadoop. Ce dernier sait décomposer les grands ensembles de données en groupes de données plus petits qu'il répartit ensuite sur plusieurs unités de traitement. « C'est la première fois qu'Intel investit de manière aussi importante dans une technologie de datacenter », a déclaré le fondeur dans un communiqué.

Intel fabrique déjà des équipements pour les centres de calcul, comme des processeurs, des cartes mères et des commutateurs réseaux. Mais le fondeur possède encore peu de logiciels pouvant accompagner ces équipements. L'investissement dans Cloudera va lui permettre d'enrichir sa gamme de produits pour datacenter. Afin de satisfaire à une demande croissante en systèmes intégrés ciblant des applications spécifiques, ces dernières années le fondeur s'est montré plus attentif à l'offre logicielle. Depuis des années, Intel propose des outils de programmation. Le fondeur s'est également lancé dans la personnalisation des puces afin de les adapter à des applications spécifiques pour de grands clients comme Facebook par exemple.

Concevoir des puces mieux adaptées aux usages

Le mois dernier, lors d'un chat très ouvert sur Reddit entre des utilisateurs et le CEO d'Intel, Brian Krzanich, celui-ci a déclaré que la firme devait se concentrer de plus en plus sur le logiciel, et que l'entreprise avait besoin de comprendre à quoi ses puces allaient servir avant de les fabriquer. « Aujourd'hui, nous passons énormément de temps à réfléchir aux expériences que l'on veut offrir à l'utilisateur avant de poser un seul transistor sur le processeur », a déclaré Brian Krzanich.

C'est la deuxième fois en quelques semaines que Cloudera reçoit un investissement important. La semaine dernière, l'éditeur avait collecté 160 millions de dollars auprès d'un groupe d'investisseurs parmi lesquels figurent T. Rowe Price, Google Ventures et MSD Capital. Intel et Cloudera développent tous deux des distributions Apache Hadoop pour analyser de grands ensembles de données. Mais Intel a précisé que Cloudera développera Hadoop pour l'architecture Intel - principalement pour ses puces x86 - et qu'elle en fera sa « plate-forme privilégiée ». Les feuilles de route des produits finiront par fusionner et Intel commercialisera la distribution Hadoop de Cloudera à ses clients. Cela signifie qu'Intel pourrait cesser le développement de sa distribution Apache Hadoop maison, avec un intéressant gestionnaire de clusters x86, restée assez confidentielle parmi ses clients.

Quid des développements de Cloudera pour ARM

« Mis à part le secteur des datacenters, Intel et Cloudera vont travailler ensemble sur le logiciel pour améliorer l'Internet des Objets », a encore déclaré Intel. L'informatique distribuée tient une place importante sur le marché de l'Internet des Objets : les données collectées par des instruments de mesure multiples et variés sont envoyées aux serveurs pour être analysées. Intel a déjà mis beaucoup de ressources logicielles à contribution pour assurer la sécurité des données lors de leur collecte et de leur transmission, par exemple les systèmes d'exploitation en temps réel de Wind River sur les points de terminaison et les outils de sécurité de McAfee. Le fondeur a aussi adapté ces ressources logicielles aux puces Atom basse consommation destinée aux capteurs et aux petits terminaux.

Cloudera a toujours développé des produits pour les puces x86, mais les produits pour processeurs ARM, considérés aujourd'hui comme une alternative viable aux puces serveurs x86 d'Intel, n'étaient pas en reste. Cependant, dans la mesure où Cloudera s'est engagé à développer plus spécifiquement pour les processeurs x86, on peut se demander quelles ressources il conservera pour développer pour les serveurs basés sur ARM. Oracle et Citrix contribuent au code pour soutenir la version 64 bits des processeurs ARM et en fin d'année ou en début d'année prochaine, des entreprises comme Advanced Micro Devices, Applied Micro et Cavium devraient livrer des puces serveurs ARM 64 bits.