(Source EuroTMT) Dans un premier temps, on serait tenté de se dire : « une étude de plus ! » Mais après avoir écouté les explications fournies par Gilles Fontaine, directeur général adjoint de l'Idate (Institut de l'audiovisuel et des télécommunications en Europe), la nouvelle étude sur l'avenir de la télévision, publiée par le cabinet situé à Montpellier, a, au moins, un mérite par rapport aux études précédentes. Il met les dirigeants de l'audiovisuel face à leurs responsabilités en décrivant très précisément la révolution en cours dans leur secteur.
Si depuis quelques années, la conséquence la plus visible de l'irruption d'internet dans l'audiovisuel, à savoir la dé-linéarisation de la consommation (autrement dit une diffusion à la demande), a déjà été diagnostiquée, l'étude de l'Idate analyse l'ensemble des bouleversements induits par le développement des services en ligne.

Changement de comportements

Selon l'Institut, il y en a deux principaux : le temps passé devant les chaînes de télévision pour regarder les programmes en temps réel se réduit. Cette période se concentre sur les événements à l'exemple des sports, de l'information, des émissions de télé-réalités. Deuxième enseignement, les chaînes télé ne sont plus les seuls prescripteurs de programmes vidéo. Elles sont maintenant concurrencées par les réseaux sociaux et les moteurs de recherche. Principale conséquence de ces bouleversements, on assiste à la fin d'une époque. Depuis le début de la télévision, cet univers était fermé, totalement contrôlé par les chaînes qui contrôlaient les contenus, le canal de distribution et le terminal.

Crédit photo France Télévisions

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Un monde qu'Internet fait voler en éclats, d'autant que le téléviseur devient lui aussi un terminal connecté, permettant à de nouveaux acteurs, comme les éditeurs ou les fabricants d'électronique grand public, d'entrer dans le jeu.

Revoir le modèle économique

La conclusion de l'étude est que les grands noms de l'audiovisuel doivent reconstruire leur modèle économique, sachant que cela  paraît plus facile pour les groupes américains dont les contenus sont consommés sur l'ensemble, ou presque de la planète, que pour les groupes européens. Pour ces derniers, la situation se complique du fait que les contenus d'origine américaine, grands pourvoyeurs d'audience, et donc de recettes publicitaires, sont maintenant disponibles sur des sites en ligne, plus ou moins légaux, avant même que les chaînes européennes n'aient acquis les droits de leur diffusion pour leurs marchés domestiques respectifs. Il existe un délai de six mois entre la diffusion d'une série aux Etats-Unis et en Europe.

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Symbole de cette nouvelle concurrence, le déplacement des pics de trafic sur internet. Selon l'Idate qui a exploité les données fournies par Cisco, le premier pic de trafic qui était jusqu'à présent compris entre 17 et 19h est en train de se rapprocher du prime-time de la télé, 20-22 h, en raison d'une croissance des connexions en début de soirée sur des sites de vidéos en streaming proposant de véritables services de télévision de rattrapage, comme le site www.megavideostreaming.com qui permet de voir les séries américaines deux jours après leur diffusion.

Des pistes de survie

Pour autant, l'Idate estime que tout n'est pas perdu pour les groupes audiovisuels et propose six pistes de travail permettant de s'adapter à la nouvelle donne :

- s'internationaliser pour réduire les coûts et trouver de nouveaux relais de croissance,

- sortir du modèle généraliste,

- s'intégrer verticalement avec les opérateurs télécoms,

- devenir le gestionnaire du foyer numérique vidéo pour garder l'accès aux consommateurs,

- se replier sur la production de contenus,

- reproduire le modèle de diffusion en broadcast sur internet.

Et c'est certainement la mise en oeuvre de plusieurs de ces pistes qui garantira à certains de survivre.