Après une courte intervention de Jean-François Copé sur la question, Thierry Breton, Pdg d'Atos, a ouvert le débat. "Les 10 prochaines années seront les plus dures de l'après guerre" a t il déclaré en référence à la crise que traverse l'Union Européenne. Selon lui, pour la première fois depuis la seconde guerre mondiale, tous les pays d'Europe ont une responsabilité commune: "réformer leurs pays, mais aussi leur continent". Une étape que les européens ne seraient capables, selon Thierry Breton, de ne franchir que "sous pression, lorsqu'il n'y a plus le choix".

Malgré un début de conférence un brin alarmiste, les protagonistes ont toutefois souligné que les entreprises européennes ne devaient pas être aveugles devant les forces de l'UE et les réussites déjà avérées en son sein en terme d'innovation. Ainsi, Markus Christen a présenté un certain nombre de données allant à l'encontre de l'idée selon laquelle le déclin européen était bel et bien présent. Il a entre autre salué le travail des entreprises européennes leur ayant permis de se maintenir dans le Fortune Global 500 des entreprises lors de ces 15 dernières années, alors même que la part des Etats Unis dans ce classement a progressivement diminué.

Enfin, si les entreprises européennes  ne produisent pas toujours des produits connus du grand public comme le font certaines multinationales américaines, Markus Christen a insisté sur une étude de 2009 ciblant les "champions chachés"; des entreprises qui fabriquent des produits discrets mais pourtant classés parmi les meilleurs du monde dans leurs catégories respectives, faisant de l'Europe un des majors du nombre de leaders du marché par habitant.
Une étude sur laquelle Thierry Breton a rebondi en précisant que les 3 leaders que sont Cap Gemini, Acceture et Atos, étaient tous trois européens, disposant par ailleurs toutes un Pdg français !

La crise doit être vue comme une opportunité

De son côté, Jim Hagemann Snabe, co-Pdg de SAP a déclaré que "toute crise, si on l'observait sous le bon angle, pouvait être perçue comme une incroyable opportunité". Selon lui, les chefs de fil ne doivent pas attendre les politiciens pour trouver des solutions sous peine de prendre un retard qu'il serait difficile de rattraper. Et lorsque une journaliste lui demande comment son entreprise voit et répond à la crise actuelle, il déclare: "Nous avons un besoin perpétuel d'innovation, et pour cela nous avons besoin de jeunes talents, avec une vision des choses différente de la notre". Avec neuf trimestres de croissance à deux chiffres, nous avons prouvé que si vous concentrez toute votre attention sur l'innovation, vous pouvez être une entreprise européenne avec une grande croissance. "

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Selon le co-Pdg de SAP, il est nécessaire de faire le meilleur usage des atouts de l'Europe: «Un de mes plus grandes préoccupations est le taux de chômage chez les jeunes. Avec les problèmes démographiques à long terme que nous avons, nous avons l'obligation, en tant que chef d'entreprise, de résoudre ce problème. Nous devrions tirer parti de l'Europe afin d'attirer les meilleurs talents du monde". A t il ajouté. "Imaginez, l'Europe est la meilleure université du monde; un an à Paris, un an à Rome, un an à Francfort... Nulle part ailleurs vous ne pourrez offrir à des étudiants une telle inspiration".

La puissance des PME et du label "Europe"

Poursuivant sur sa lancée, Jim Snabe a souligné un domaine qui pourrait selon lui générer de grandes opportunités: "Je crois en la puissance des petites et moyennes entreprises. C'est à partir des PME que les plus percées se produisent souvent" a t il affirmé.
Ainsi, le co-Pdg a présenté la façon dont SAP aide les petites entreprises à tirer pleinement parti de leurs innovations afin de croître rapidement et sans heurts.

Thierry Breton a quant à lui expliqué que Atos était en train de profiter de la modification des statuts des société afin de se transformer en "société européenne". Exhortant ses collègues  de profiter de cette possibilité, affirmant qu'il était un signal clair de l'importance du marché européen.

Le coût de la main d'oeuvre de doit pas être un facteur de choix

Enfin, Jim Snabe a souhaité affirmé que le coût de la main d'oeuvre ne devait en aucun cas être un facteur de choix pour l'embauche de collaborateurs. "Vous avez besoin d'un mélange, pour obtenir le talent mondial. Vous devriez pas vous trouver en Inde pas parce que ce n'est pas cher, mais pour l'immense talent présent sur place".

Finalement, les trois interlocuteurs sont tombées d'accord pour dire que l'individu est en fin de compte ce qui importe le plus à la croissance européenne. Il y a manifestement un degré élevé de mobilité des talents dans le monde entier, et les entreprises européennes doivent être ouvertes afin de mieux combiner des personnes venant d'horizons différents.