Le 19 mars 2013, l'USF (Utilisateurs de SAP Francophones) a organisé son Printemps le 19 mars 2013 à l'Eurosite George V à Paris. Au cours de cette manifestation, Claude Molly-Mitton, président de l'USF, a présenté le thème de l'année du club : l'innovation. Il avait d'ailleurs récemment rédigé une tribune pour rappeler qu'innovation n'était pas contradictoire à l'emploi de PGI tels que SAP.

Henri Van Der Vaeren, le DG de SAP pour la France et le Maghreb, n'allait pas le contredire. Il a notamment rappelé que l'analyse en temps réel des comportements des consommateurs, pour proposer des promotions adaptées, avait été rendue possible par les nouvelles technologies comme les bases de données en mémoire. SAP détient également une base de données mondiale des applications des bonnes pratiques en matière de PGI, secteur par secteur, avec une situation avant/pendant/après l'application de telle ou telle bonne pratique. Ce benchmark peut guider les entreprises clientes dans leurs choix d'innovations.

Innover pour gagner contre les concurrents

L'innovation est ainsi une source d'avantage concurrentiel comme a résumé Didier Mamma, directeur technologique chez SAP. Elle est de la sorte justifiée économiquement, au delà de l'optimisation de l'existant. Car l'innovation est rupture. Pour paraphraser Henry Ford, l'automobile n'a pas été la création de chevaux plus rapides. Outre le Printemps à Paris, ce thème de l'innovation sera aussi celui de la Convention Annuelle de l'USF, les 9 et 10 octobre 2013 à Reims. 80 ateliers sur des retours d'expériences s'y ajouteront aux habituelles plénières illustrant le thème annuel.

L'USF regroupe 2800 adhérents de 450 entreprises qui se réunissent au cours notamment des travaux des 45 commissions et groupes de travail. Parmi les publications présentées au cours du Printemps, Claude Molly-Mitton s'est réjoui de la publication du premier livrable de la commission BI (ex-club BO) : une « note de perspective » sur la nouvelle version de SAP BO. De même, l'USF poursuit sa collaboration avec les autres clubs nationaux de clients SAP dans le monde pour mieux faire prendre en compte les vrais besoins des entreprises par l'éditeur.

La DSI a un rôle dans le climat social

L'innovation dans le rôle du DSI a été au coeur de l'intervention de Jean-Yves Leonnec, directeur de la gouvernance IT Orange Business Services France. Celui-ci a confirmé de façon liminaire le prochain abandon de la marque « France Télécom » dans les 33 pays de présence du groupe (66 de présence des marques), y compris dans la raison sociale de l'activité historique en France.

Chez Orange, les DSI nationales sont coordonnées par une DSI groupe qui appuie aussi les équipes locales avec son expertise sur des sujets pointus. Après la crise sociale de 2010, la DSI s'est jointe à la politique d'entreprise visant à la qualité des « fondamentaux » (fiabilité, disponibilité, adaptation aux besoins...). « Nous avons mis en place des boucles de rétro-action avec les utilisateurs pour nous assurer de répondre à leurs vrais besoins » s'est souvenu Jean-Yves Leonnec. La satisfaction des utilisateurs était en effet fondamentale dans le cadre de l'établissement d'une meilleure ambiance professionnelle.

Cette satisfaction est passée par de nombreuses améliorations et nouvelles fonctions dans l'intranet. Un parapheur électronique a ainsi été ajouté à l'intranet avec un workflow de traitement des demandes de congés comme de l'approbation des notes de frais.
Un réseau social interne, baptisé Plaza, a été mis en place. Au bout de deux ans, 1700 communautés y sont actuellement en place, un tiers pour des centres d'intérêts personnels, deux tiers pour des motivations professionnelles. Environ un quart du personnel l'utilise, avec une moyenne d'âge plus basse que celle de l'ensemble de l'entreprise.

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Pour la DSI, l'innovation n'est donc pas nécessairement coûteuse ou spectaculaire mais peut fortement améliorer le climat social. Mais l'innovation n'a bien sûr pas qu'un rôle interne.
Jean-Yves Leonnec a rappelé : « notre métier est très capitalistique puisqu'il s'agit de déployer des infrastructures -aujourd'hui la 4G et la fibre optique- qui vont être amorties au fil du temps. » Plus les réseaux sont performants, plus les applicatifs gourmands peuvent être déployés. Et plus des acteurs « over the top » (come You Tube et Facebook) peuvent utiliser les infrastructures avec leurs modèles économiques internationaux. « Nous, nous sommes sur un modèle de forfait alors que les acteurs over-the-top sont très consommateurs d'une bande passante qu'ils ne payent pas » a plaidé Jean-Yves Leonnec.

La concurrence entre opérateurs pousse à la construction de réseaux de plus en plus coûteux tandis que les nouveaux acteurs low cost réalisent une pression sur les prix de vente. Mais la valeur, elle, liée à l'innovation dans les services, serait donc entre les mains des acteurs over-the-top. Pour Jean-Yves Leonnec, « l'innovation doit donc, pour nous, servir avant tout à diminuer nos coûts ». Cette diminution passe par la rationalisation des infrastructures de type datacenters dans une logique de cloud computing. De 60 datacenters, le groupe devrait donc passer à 5. 100 millions d'euros de réduction de coûts récurrents annuels sont attendus.

Cela reste malgré tout insuffisant. Un changement du modèle économique de la transmission des datas mobiles semble donc inévitable. C'est ce qu'envisage Jean-Yves Leonnec à l'occasion du passage à la 4G. Ce changement repose sur des analyses pointues de la consommation. Ces analyses peuvent se faire grâce à des outils de type Big Data. Au delà de la question purement tarifaire, l'analyse sert aussi à assurer la qualité de service.
« La DSI ne peut plus se contenter de faire ce que les métiers lui demandent mais il lui faut être pro-actif et aider les directions métier à innover, en prioritisant les évolutions en fonction de la valeur business » juge Jean-Yves Leonnec.

L'innovation face à la législation

L'innovation doit cependant s'inscrire dans un cadre juridique. Encore faut-il que celui-ci permette l'innovation. Cette permission, au delà des considérants fiscaux, doit concerner aussi la rentabilisation des travaux de recherche et développement, donc de la protection de ces investissements.

L'avocat Thibault du Manoir de Juaye, spécialiste du droit de la propriété intellectuelle et de l'intelligence économique, a rappelé que le Brevet Européen et que les autres mesures sur la protection de la propriété intellectuelle constituent un vrai socle permettant l'innovation. Le coût de dépôt d'un brevet est passé, pour une protection au niveau européen, ainsi de 40 000 euros à 5000 euros grâce à ce brevet européen. Mais la belle enveloppe cache une vraie complexité procédurale, notamment au niveau de la gestion des litiges.
Une autre protection nécessaire est celle du « secret des affaires ». Or la récente loi sur le sujet se télescope avec les initiatives européennes et des jurisprudences.

Personne ne sait ce qu'il adviendra de ce sujet. D'autant que la vraie difficulté est de définir ce qu'il faut protéger. La DSI est au coeur du sujet puisque la protection est liée à l'investissement fait pour protéger, notamment en termes de sécurité informatique sur les données. 
Mais le vrai frein juridique à l'innovation viendrait peut-être du droit des salariés. Ceux-ci peuvent parfois prétendre à une part de la propriété intellectuelle à laquelle ils contribuent. Et les entreprises ne prennent pas toujours toutes les précautions utiles.