Une étude, publiée la semaine dernière, prévoit que 2023 pourrait être l'année où l'Amérique perdra son leadership mondial en R&D. D'après les tendances actuelles, la Chine est en voie de dépasser les Etats-Unis en matière de dépenses en recherche et développement dans environ 10 ans, tandis que celles du gouvernement fédéral seront soit à la baisse soit équivalentes.

Les États-Unis maintiennent aujourd'hui une large avance dans les dépenses de R&D sur la Chine. Les investissements des secteurs privé et fédéral devraient atteindre 424 milliards de dollars en 2013, en augmentation de 1,2%. En comparaison, la dépense en R&D de la Chine sera de 220 milliards de dollars en 2013, soit une augmentation de 11,6% par rapport à 2012. Il s'agit d'un taux comparable à celui des années précédentes, selon le « 2013 Global R & D Funding Forecast » réalisé par Battelle, une organisation sur le développement de la technologie et de la recherche, et un magazine de R&D.

« Les Etats-Unis ont encore une avance considérable et un avantage en matière de R&D sur l'ensemble de ces pays», a déclaré Martin Grueber, l'un des auteurs du rapport et chercheur principal à l'Institut Battelle, « mais le problème est que la R&D est un investissement à long terme, et comme ces autres pays continuent de développer leurs capacités de R&D, combien de temps peut-on conserver cet avantage? »

Le budget de R&D public en baisse de 1,4%

Une part importante de la R&D aux États-Unis est financée par le gouvernement fédéral, qui devrait apporter 129 milliards de dollars l'an prochain, soit une baisse de 1,4%. Ce chiffre pourrait encore diminuer si le Congrès ne permet pas de résoudre l'impasse budgétaire. Les fonds publics sont particulièrement stratégiques parce que, contrairement au secteur privé, il finance la recherche fondamentale.

La recherche fondamentale prend souvent des années ou des décennies pour produire des résultats, mais elle peut aussi conduire à de nouvelles industries et à des emplois. D'autres pays émergents, en plus de la Chine, dépensent de plusen plus pour la R&D. L'Inde, par exemple, va investir 45 milliards de dollars l'an prochain dans la R&D, soit une augmentation de plus de 12%. Le président Obama a demandé que les dépenses nationales en R&D soient égales à 3% du PIB, ce qui inclut l'investissement privé et public. Les prévisions pour l'année prochaine sont de 2,66% du PIB, selon les prévisions de Battelle.
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La Maison Blanche estime également que la Chine pourrait dépasser les Etats-Unis dans les dépenses de R&D. «L'investissement de la Chine en pourcentage de son PIB montre une croissance continue, délibérée qui, si elle se poursuit, devrait dépasser l'investissement à peu près stable des Etats Unis dans une décennie», a déclaré le président du Conseil des sages sur la science et la technologie.

La R&D est également handicapée par les délocalisations, qui, selon le rapport de la Maison Blanche « , a des effets négatifs à long terme pour les Etats-Unis. » Le rapport indique également que les bénéfices de la R&D pour l'économie américaine sont «probablement plus élevés lorsque la recherche est à la fois produite et utilisée aux États-Unis. »

Une baisse possible de 8,8%

Il semble peu probable que le Congrès prenne des mesures à court terme visant à améliorer les dépenses de R&D. L'heure est plutôt à la réduction des dépenses. Rob Atkinson, président de la Fondation de la technologie de l'information et de l'innovation, a déclaré que si les coupes intervenaient, cela conduirait à une baisse de 8,8% ou 12,5 milliards de dollars dans la recherche financée par l'état fédéral et les fonds de développement en 2013 avec des réductions similaires les années suivantes.

De même, l'Association Américaine pour l'Avancement de la Science estime une réduction du budget à peu près aussi élevée. « Le climat fiscal en ce moment n'est tout simplement pas propice à la croissance des investissements fédéraux de recherche», a déclaré Peter Harsha, directeur des affaires gouvernementales de la Computing Research Association.« C'est une tendance inquiétante, surtout compte tenu de la capacité croissante de recherche de nos concurrents mondiaux. Le leadership américain n'est pas un droit qui nous est acquis de naissance. »