Les développeurs du réseau Internet avaient une vision relativement claire et des outils pour parvenir à la forme actuelle du web. Cependant, Mike Nelson, professeur à l'université de Georgetown, s'est demandé, durant la conférence World Future Society de Boston, si les chercheurs d'aujourd'hui avaient une perspective suffisante pour qu'Internet continue son expansion. « Dans les années 90, on savait ce qu'Internet allait devenir. Mais aujourd'hui, il est très difficile d'appréhender le futur avec le développement technologique et les modifications des comportements des Internautes (réseaux pervasifs, créateur de contenus,etc.) » a-t-il affirmé.

L'argument économique du cloud

Pour lui, le cloud computing va devenir un élément central, « encore plus important que le web ». Le cloud rendra possible l'accès, pour les pays émergents, à des logiciels autrefois réservés aux pays riches. Les PME-PMI économiseront une partie de leur capital en utilisant des services tels qu'Amazon EC2 ou Windows Azure pour stocker et calculer leurs données au lieu d'acheter des serveurs dédiés. Des capteurs devraient par ailleurs commencer à apparaître dans les éclairages, les appareils portatifs et les outils agricoles par exemple, afin de transmettre les données par le web et vers le cloud.

Si les résultats de l'étude « Internet and American Life Project » du centre de recherche Pew reflètent effectivement l'attitude des États-Unis envers Internet, les prédictions de Mike Nelson pourraient au final s'avérer exactes. Le sondage effectué en 2000 sur l'utilisation des services cloud avait récolté moins de 10% de réponses positives, alors que celui de mai 2010 a atteint 66% d'utilisateurs, selon Lee Rainie, directeur du projet d'étude qui s'est aussi exprimé à la conférence. Ce sondage a aussi révélé un usage plus intensif des dispositifs mobiles se connectant à ces données stockées sur le cloud.

Des obstacles menacent le nuage

Pour autant, Mike Nelson, réaliste, a mis en garde contre les éventuels obstacles dus aux instances de régulations et aux éventuelles limites de développement. « De nombreuses forces pourraient nous pousser hors des nuages » a-t-il indiqué. D'après lui, les entreprises devraient développer des services sur le cloud qui autoriseraient le transfert de données d'une plateforme à l'autre, plutôt que de bloquer les clients chez un seul fournisseur attitré à travers des technologies qui pourraient devenir intégralement propriétaires.

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Les clouds seraient alors partiellement ouverts, au mieux. Optimiste, il pense qu'il y a « une chance, en insistant, d'arriver vers un cloud unique et universel ». Mais il souligne d'autres risques de perturbation : les régulations gouvernementales, de la lutte contre le piratage par les industries du divertissement, ou bien des pays craignant l'hégémonie nord-américaines et qui voudraient créer leurs propres clouds.

Des études peu pertinentes sur les effets d'Internet

Le centre de recherche Pew ne s'est pas contenté d'étudier le rôle du cloud et d'Internet, il s'est aussi intéressé de près à comment le web réduisait peut-être l'intelligence ou redéfinissait les relations sociales et le partage de données personnelles.

Sur la possibilité d'une intelligence décroissante, le centre a conclu que les caractéristiques personnelles des individus déterminaient leurs usages du web. Entre une utilisation à vocation de recherche, d'exploration et d'apprentissage, et une autre consistant à accepter le premier résultat offert par un moteur de recherche, tout cela dépendrait en effet de l'éducation des individus, et non pas de la technologie. C'est donc un résultat quelque peu couru d'avance et n'apportant pas un intérêt particulier à l'avancée des recherches dans le domaine. Pour les interactions sociales, les interviewés ont déclaré qu'Internet ne leur avait pas nuit, et qu'ils réalisaient que le réseautage social ne menait pas à des amitiés particulièrement approfondies. Pour autant, les jeunes adultes sont fortement critiqués pour le dévoilement de leurs informations personnelles, et l'étude montre que ce partage n'est pas en voie d'extinction. Ces pratiques, d'après Lee Rainie, seraient en effet bien installées dans les habitudes.

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