Le Crédit Agricole achève en ce moment (et jusque fin 2013 pour les déploiements) la phase 1 de son projet NICE (Nouvelle Informatique Convergente et Evolutive). Le budget de ce projet de refonte globale de l'informatique des caisses de la banque fédérale agricole est estimé à 500 millions d'euros. Il devrait permettre de passer d'un budget informatique global de 750 millions d'euros par an à seulement 500 à la fin du projet et être ainsi amorti en deux ans.

La phase 1 correspond au back office et aux infrastructures. La partie la plus spectaculaire viendra cependant en phase 2, avec le Portail Unifié Client Collaborateur (PUCC), le futur poste de travail, dont le déploiement devrait s'achever fin 2014. Dans les deux phases, les maîtres mots sont cependant unification, cross-canal, agilité, moindres coûts et indépendance.

La notion d'indépendance est revendiquée fortement par le Crédit Agricole. Si des prestataires issus des principales SSII (CSC, IBM GS, Sopra, Logica, Capgemini, Steria...) assurent des missions au sein du groupe, aucune n'a la main mise sur la maîtrise d'oeuvre. Leur rôle est essentiellement d'absorber les pics de charge liés à la mise en oeuvre de NICE.

Un couple de GIE au lieu de 5 GIE indépendants

Au départ, les 39 caisses de la banque fédérale étaient réunies en cinq GIE informatiques différents gérant chacun un système d'information : AMT, Atlantica, Comète, Exa et Synergie représentant en tout 2500 salariés. Avec le projet NICE, toutes les caisses convergent vers un seul système d'information commun géré par deux GIE : CA Services assure la maîtrise d'ouvrage avec une équipe dédiée de 90 personnes (avec 300 correspondants dans les caisses régionales) et CA Technologies qui s'occupe de maîtrise d'oeuvre et de production avec 1 400 collaborateurs. Le millier de collaborateurs des cinq anciens GIE et qui ne sont pas repris dans l'un des deux nouveaux sont d'une part 500 agents partant à la retraite, et d'autre part des personnels retournant en caisses régionales pour différents emplois de proximité (assistance utilisateur, webmestres, etc.).

Les Conseils d'Administration des deux GIE sont composés des mêmes personnes et sont présidés tous les deux par Frédéric Thomas, le directeur général de l'une des 39 caisses régionales, Crédit Agricole Normandie Seine (Haute Normandie). « Cette organisation garantit la cohérence de l'ensemble et surtout que ce sont bien les banquiers qui disent ce qu'ils veulent en terme d'informatique aux informaticiens » relève Frédéric Thomas.

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Les autres établissements du groupe (LCL ex-Crédit Lyonnais, BforBank, Predica, etc.) restent en dehors du périmètre du projet NICE. Ils sont cependant concernés car échangent des données et fournissent des services aux caisses régionale du Crédit Agricole.

Un SI agile orienté client

Au-delà de la convergence au niveau groupe en un seul système d'information, le projet NICE vise à centrer toute l'informatique autour du client. La convergence vise aussi à rapprocher au maximum les outils dédiés aux clients et ceux destinés aux conseillers dans un contexte collaboratif et temps réel (fin des traitements batch nocturnes...). Aux enjeux technologiques s'ajoutent des enjeux prudentiels : le nouveau système d'information sera plus sûr et plus résilient.

Sur le plan opérationnel, la stratégie vise à réduire le coût global mais aussi à rendre le système d'information plus agile et ainsi plus apte à s'adapter à de nouvelles offres commerciales comme à de nouveaux terminaux dans une logique cross-canal. « A l'heure actuelle, chaque canal suppose un développement ; à terme ce ne sera plus le cas » mentionne Hichem Jaballah, directeur général de Crédit Agricole Technologies et directeur du programme NICE.

Une phase 1 de consolidation de l'existant

Pour l'instant, toutes les caisses régionales migrent vers un SI back office unique dérivé du système du GIE AMT auquel a été adjoint les meilleurs outils issus des autres anciens GIE. Ce système a également subit une modernisation importante. A ce jour, les questions juridiques et d'organisation sont réglées et 10 caisses sur 39 ont déjà basculé sur ce système d'information convergent. 6 vagues permettront d'ici fin 2013 à toutes les caisses de migrer vers ce système unique. Le développement de la phase 1 a constitué un investissement de 120 000 jours-hommes soit environ 3 ans de développements classiques.

Ce back office convergent est hébergé sur trois doubles datacenters situés à Chartres (partagé avec Crédit Agricole SA), Clermont-Ferrand et Gradignan (datacenters d'anciens GIE). Chaque site est double, constitué de deux datacenters répliqués distants d'une dizaine de kilomètres. Celui de Chartres et doublement répliqué avec sur chaque lieu deux salles répliquées. Les applications les plus sensibles resteront hébergées à Chartres mais pour l'heure l'essentiel de NICE s'y situe. A terme, avec la disparition des anciens systèmes, les deux datacenters issus des anciens GIE seront entièrement consacrés à NICE, Chartres conservant des applications propres à Crédit Agricole SA. Les datacenters abritent des serveurs virtualisés (près de 5 000), des mainframes, du stockage... Ils alignent 120 000 Mips pour 6 Po de données.

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Les trois doubles datacenters sont bien sûrs reliés entre eux par des liaisons en fibres optiques à très haut débit. Il n'est pas exclu que d'autres entités du groupe (LCL, BforBank...) bénéficient de cette infrastructure mutualisée.

Une logique de dématérialisation et de cross-canal

Bien que basé sur le système AMT, le nouveau système d'information amène une grande évolution des process. La dématérialisation et le cross-canal sont désormais les maîtres-mots des procédures convergentes.

Un client pourra donc commencer une opération sur le web en libre-service, téléphoner à son conseiller pour obtenir une information avant de poursuivre, envoyer des pièces justificatives par courrier, etc. De même, les traitements internes sont entièrement dématérialisés grâce à une GED : tous les courriers et pièces (notamment le dossier d'instruction des crédits) sont systématiquement numérisés et partagés, ce qui accélère les procédures.

Autre fonction ajoutée au système d'information, la ToIP. Celle-ci est associée au couplage téléphonie informatique avec reconnaissance de l'appelant et affichage automatique de son dossier lors d'un appel en agence.

La banque en ligne est, également, profondément remaniée et améliorée, par exemple avec une messagerie sécurisée. Mais le front-office reste, dans cette phase 1, différent en fonction du canal. L'ajout d'un canal (par exemple : le smartphone) nécessite des développements spécifiques.

PUCC, le coeur révolutionnaire de la phase 2

PUCC, le portail unique client collaborateur, sera la révolution attendue dans la phase 2 de Nice. Le système d'information sera dès lors cross-canal par nature.

Les applications de poste de travail seront les plus similaires possibles qu'elles soient destinées au client ou aux collaborateurs internes. De plus, elles seront conçues pour être disponibles sur tous les terminaux possibles sans redéveloppements.

Le développement de PUCC débute en ce moment et devrait aboutir à des sites pilotes courant 2013 avant un déploiement général en 2014.