( Source EuroTMT ) En obtenant les pleins pouvoirs à la tête de France Télécom, Stéphane Richard l'ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde, ministre de l'Economie, a pour principale mission de mettre fin définitivement à la crise sociale qui a frappé l'entreprise l'année dernière en la remobilisant. Si Stéphane Richard a su renouer les liens avec les salariés et leurs représentants depuis qu'il a pris la direction des activités françaises de l'opérateur en octobre dernier, la mission qui lui est confiée constitue un véritable défi qui risque de buter sur deux problèmes majeurs : l'incompatibilité du statut des salariés français majoritairement fonctionnaires avec les contraintes qui pèsent sur une entreprise privée cotée en bourse d'une part et, d'autre part, les contraintes concurrentielles et boursières qui limitent la marge de manoeuvre de l'opérateur. Sur le volet social, le problème remonte à 1995 quand le gouvernement Juppé (François Fillon était alors le ministre des télécoms) décida de transformer l'opérateur public en société de droit privé (en vue de sa privatisation) tout en acceptant de maintenir le statut de fonctionnaire des salariés. A l'époque France Télécom comptait près de 100 000 fonctionnaires. Mais avec la révolution technologique et l'arrivée de la concurrence, des « sureffectifs » sont apparus, alors que dans le même temps l'entreprise devait gérer la disparition de certains métiers et l'apparition ou la montée en puissance de nouveaux. Photo : Stéphane Richard aura les pleins pouvoirs à partir du 1er mars chez France Télécom. [[page]] Ne pouvant pas mettre en oeuvre des plans de suppression d'emplois compte tenu du statut des salariés, l'opérateur a utilisé des subterfuges pour faire maigrir ses effectifs (en 2008, l'opérateur comptait plus de 65 000 fonctionnaires sur un effectif total en France de plus de 100 000 salariés), débouchant sur la crise sociale de 2009. Or d'après des analystes, si France Télécom voulait aligner ses effectifs français sur ce qui se fait de mieux en Europe parmi les opérateurs historiques, il devrait les diviser au moins par deux. Cette réduction massive est évidemment impossible à mettre en oeuvre, mais en contrepartie l'opérateur tricolore voit sa capacité à réduire ses coûts être très limitée, dans un contexte où ses revenus sont sous pression. Deuxième problème : toute grand ambition industrielle va se heurter aux règles de la concurrence, comme le montre l'avis de l'Autorité de la concurrence concernant le projet de montée en débit de la sous-boucle locale. D'ailleurs, dans le FTTH, l'opérateur a fini par accepter de mutualiser ses infrastructures et ses investissements à venir dans les zones moyennement denses. Enfin, toute augmentation importante du niveau de ses investissements serait immédiatement sanctionnée par les analystes financiers, l'opérateur ayant alors du mal à respecter son objectif d'un free cash flow annuel de 8 milliards d'euros. Et toute baisse notable de ce free cash-flow l'amènerait aussi à revoir en baisse sa généreuse politique de rémunération des actionnaires. Une baisse que l'Etat, toujours principal actionnaire, ne verrait pas, non plus, d'un bon oeil. Dans cet environnement, la mise en oeuvre d'un grand plan re-mobilisateur est-elle encore possible ?