Le cycle de mises à jour que prépare Microsoft avec ses différents logiciels va constituer un défi majeur pour les DSI et responsables IT chargés de la stratégie informatique de leur entreprise, soulignent nos confrères d'IDG News Service. L'éditeur de Windows ne travaille pas seulement sur une rénovation majeure de son système d'exploitation, mais aussi sur des évolutions importantes de ses logiciels bureautiques Office, du navigateur web Internet Explorer et de plusieurs autres produits, comme l'environnement de développement Visual Studio, attendu dans sa version 11. « Ce qui se présente est assurément exceptionnel », reconnaît Ted Schadler, analyste du cabinet Forrester Research. Pour certains produits, Microsoft n'a pas encore précisément indiqué de dates de sortie, mais ces chantiers, engagés l'an dernier, pourraient ne s'achever que l'an prochain.

Sans surprise, l'arrivée future de ces différents logiciels se double déjà d'un accompagnement marketing intense. Les départements IT doivent donc se tenir prêts à analyser les différentes mises à jour pour décider lesquelles valent vraiment la peine d'être mises en place dans leur entreprise.  « Microsoft représente un fournisseur stratégique. Ses technologies sont, de loin, les plus manipulées par les utilisateurs et chaque responsable informatique doit donc particulièrement se tenir au courant de ce que fait l'éditeur ».

Office 15 n'en est qu'à ses tout premiers stades

Au premier rang des possibles mises à jour, on trouve les versions de Windows pour les PC, les tablettes, les serveurs et les smartphones. Actuellement en bêta, l'OS Windows 8 pour PC, présenté comme une évolution majeure de Seven, inclut l'interface tactile Metro conçue pour les tablettes, de plus en plus populaires dans les entreprises. La version 10 du navigateur IE doit tirer parti des nouvelles fonctionnalités de Windows 8, en particulier de Metro.

Du côté de la suite bureautique, « Office 15 » n'en est qu'aux premiers stades de son développement. Ses différents logiciels (Word, PowerPoint, Excel, Exchange/Outlook, Lync, SharePoint) évolueront à la fois dans leur version desktop et hébergée (Office 365). 
Les logiciels d'infrastructure et les applications d'entreprise (ERP notamment) subissent aussi des transformations. C'est le cas de la base de données, avec SQL Server 2012, du logiciel d'administration System Center, de la plateforme de développement Visual Studio et des progiciels de gestion NAV et AX.

Se focaliser sur le coût total de possession et le ROI

Microsoft, tout naturellement, fait de son mieux pour susciter de l'intérêt pour les améliorations ainsi apportées, qu'il détaille longuement dans de fréquents billets de blogs, divers messages publicitaires et présentations lors des conférences. Pourtant, les DSI et les analystes restent prudents. « Les DSI doivent se focaliser sur le coût total de possession et le retour sur investissement », rappelle l'analyste Michael Osterman, d'Osterman Research.

Même son de cloche chez IDC qui estime que les professionnels IT doivent se concentrer sur leur feuille de route interne. « Ils doivent identifier quelles sont les technologies qu'ils veulent mettre en place, déterminer où sont les manques, voir ce qui est disponible sur le marché et ce dont Microsoft propose actuellement dans son portefeuille de produits et dans ce qu'il prépare », estime ainsi l'analyste Al Gillen, du cabinet IDC.

Les stratégies des DSI devraient porter sur l'évolution de leur infrastructure virtualisée, sur l'opportunité d'adopter le cloud et si oui, comment, ou encore la façon de prendre en compte les terminaux mobiles, en englobant le problème de type Byod (bring your own devices).
« Quand on commence à travailler sur l'approche organisationnelle qui permettra de résoudre les défis posés par ces transitions, cela génère des questions qui aident à trouver les technologies sur lesquelles il faut se concentrer », considère Al Gillen.

L'assureur Equitable Life migre sur 7 et Office 2010

Même si Microsoft cherche à attirer l'attention sur ses prochaines mises à jour, Cam Crosbie, CIO de l'assureur canadien Equitable Life, dit ne pas y prêter une trop grande attention. « C'est sur mon radar, mais cela reste à la périphérie pour l'instant », a-t-il expliqué à nos confrères d'IDG News Service. Ce n'est pas pour lui quelque chose qui entre en ligne de compte en termes de stratégie. Equitable Life se trouve au beau milieu d'un cycle de mise à jour complet sur les desktops. La société standardise ses 550 postes utilisateurs sur Windows 7 et Office 2010 et elle prévoit de rester sur ces versions pendant plusieurs années. « Notre approche consiste à prendre notre temps afin de nous assurer de la valeur d'une solution potentielle avant de faire le saut », indique Cam Crosbie. Les informations communiquées autour des nouveautés produits lui semblent intéressantes, « mais nous voulons être certains de la valeur que cela peut apporter »à l'entreprise.

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C'est la bonne approche, en particulier concernant Windows 8, en bêta, et qui ne sortira probablement pas avant la fin de l'année, estime Michael Silver, analyste chez Gartner. Ainsi, pour Windows, les entreprises qui sont toujours sous XP doivent évoluer, Microsoft cessant de supporter cette version en avril 2014. Pour l'analyste de Gartner, différer cette migration pour attendre Windows 8 serait une erreur. « Il est très important que les entreprises continuent à sortir de XP », considère-t-il. « Pour la plupart des gens, Windows 8 arrivera trop tard et il faut partir sur Windows 7 ».

Gartner estime que, dans les pays déjà très équipés,  Windows 7 (sorti en octobre 2009) n'a été complètement installé que dans 10% des entreprises, 55% étant en train de le déployer et 25% ne faisant que commencer à le faire.

Windows On Arm n'exploitera pas les applications x86 existantes

Dans Windows 8, en dehors de l'interface Metro, Microsoft met en avant différentes fonctionnalités : Windows To Go (pour lancer l'OS à partir d'un périphérique USB comme un disque flash), des façons plus simple de gérer les connexions WiFi et les réseaux mobiles étendus, des améliorations VDI (virtualisation des postes de travail). Windows 8 comporte aussi une mise en route sécurisée.

En plus des versions pour PC sous x86, utilisant des puces Intel et AMD, Windows 8 sera aussi fourni dans une version pour les terminaux à processeurs ARM. Baptisée Windows on ARM (WOA), celle-ci reposera sur le code de Windows 8. Elle fonctionnera sans doute principalement sur les tablettes basées sur les puces ARM licenciés par Nvidia, Qualcomm et Texas Instruments. Comme Windows 8 PC pour x86/64, les terminaux WOA pourront exploiter les applications utilisant l'interface tactile Metro proposées sur le Windows Store et créées avec les API WinRT (Windows Runtime). Toutefois, les PC WOA ne pourront pas faire tourner, ni émuler, les applications desktop x86/64 existantes. Elles ne pourront pas non plus être portées dans cet environnement. WOA inclura les versions desktop des applications à venir dans Office 15 (Word, Excel, PowerPoint, OneNote...) qui auront été conçues pour les interfaces tactiles et se contenteront d'une consommation électrique réduite.

Windows 8 : attendre le produit fini pour décider

Malgré la sortie de la version bêta de Windows 8, fin février, il est encore trop tôt pour les entreprises d'envisager de l'adopter, estime Al Gillen, d'IDC. Il rappelle qu'elle n'est même pas encore disponible dans son code « Release Candidate » (mise à jour : la RC de Windows 8 est proposée au téléchargement depuis le 1er juin) et qu'il est donc prématuré de prendre la décision de remplacer Seven. « Il est nécessaire de voir d'abord le produit fini », insiste-t-il.

Michael Silver, de Gartner, pense que Windows 8 sera une version largement sautée (bypassée), sauf dans certains cas particuliers, par exemple au sein des organisations qui veulent déployer des tablettes sous Windows auprès de leurs utilisateurs. Outre-Atlantique, suivant la tendance Byod, ces derniers se sont habitués à venir travailler avec leurs propres terminaux mobiles (la plupart sous Android et Apple iOS). Microsoft veut participer au mouvement, mais Windows reste un petit acteur sur ce marché.

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