C'est presque en catimini que le monde des réseaux et des télécoms se réunit cette semaine à Paris autour de la thématique du développement durable. La conférence Green Telco World Congress a ouvert ses portes mercredi 21 janvier non loin du cour Saint-Emilion, à Paris. Luis Neves, vice-président 'corporate responsibility' de Deutsche Telekom, mais aussi président de la Global e-sustainability initiative, a ouvert le bal avec un constat qui bouscule les idées reçues. Les TIC polluent, certes, mais elles représentent aussi le meilleur moyen pour tous les autres secteurs d'activité de réduire leurs émissions de CO2. Le Gartner a estimé à 2% la contribution du secteur des TIC aux émissions mondiales de gaz à effet de serre. Selon la Gesi, elle pourrait monter jusqu'à 3% en 2020. Mais voilà le credo de Luis Neves et de son association : pourquoi ne pas agir sur les 98% restant, et ce, en utilisant les TIC à meilleur escient ? Pour appuyer son point de vue, la Gesi a rendu public l'an dernier, avec le Climate group, un rapport intitulé 'Smart 2020 : enabling the low carbon economy in the information age'. Celui-ci fait le point sur la pollution engendrée par l'industrie des TIC. Mais il établit également la façon de réduire l'empreinte carbone mondiale grâce aux TIC, en se projetant jusqu'en 2020. Résultat : Les TIC peuvent faciliter les réductions d'émissions de CO2 dans tous les secteurs, dans le monde entier, à hauteur de 15%, soit près de 8 milliards de tonnes. Des bâtiments intelligents et une chaîne logistique optimisée [[page]] Le contrôle de la déforestation et de la reforestation serait le premier bénéficiaire de l'utilisation d'outils numériques avec une diminution de 5,86 Md de tonnes de gaz à effet de serre. Mais la Gesi a identifié quatre cibles qui réunissent trois critères essentiels pour son industrie : la réduction potentielle de l'empreinte carbone, une opportunité de marché et, enfin la faisabilité. Ces cibles sont les bâtiments intelligents, des moteurs industriels optimisés, des réseaux électriques intelligents et une chaîne logistique optimisée. « Nous ne sommes ni un lobby, ni un groupe de travail technologique, rappelle Luis Neves à propos de la Gesi. Notre rôle est de faire comprendre comment les TIC peuvent accompagner toutes les autres industries à progresser en matière de développement durable. » L'association s'intéresse d'ailleurs à ce dernier au travers de ses trois volets : environnemental, bien sûr, mais aussi social et économique. La Gesi compte 26 membres parmi lesquels Alcatel-Lucent, AT&T, BT, France Telecom, HP, Microsoft, Motorola, Nokia, Sun, mais aussi le WWF et le Carbon disclosure project. Elle est par ailleurs partenaire avec plusieurs émanations de l'ONU, le World business initiatives for sustainable development, World Resources. « Au départ, nous étions très centrés sur l'Europe, raconte Luis Neves, mais aujourd'hui nous nous ouvrons au reste du monde. Nous préparons un document pour une politique globale en la matière et dès qu'il sera prêt, en mars, nous commencerons une tournée auprès des gouvernements américain et européen. Puis, j'irai en Chine en février. Aujourd'hui, personne ne met les TIC au programme de l'environnement. Or, il faut que les politiques prennent conscience qu'il faut le faire. Et vite. »