Si les chiffres du 1er trimestre 2010 sont désormais connus, la crise ne semble toujours pas en mesure de donner sa température. C'est notamment vrai sur les marchés IT, qui ne cessent d'émettre des signaux contradictoires.

Avant de détailler ces résultats, il est important de rappeler quelques données fondamentales concernant l'activité économique de la France. Globalement, le PIB français a progressé de 0,1% durant les trois premiers mois de l'année 2010, par rapport au dernier trimestre 2009. C'est bien sûr insuffisant pour employer la formule magique « sortie de crise », mais cette infime croissance succédant à un recul historique du PIB de 2,5% pour l'ensemble de l'année 2009, on serait tenté de parler d'une timide amélioration.

Concernant le 1er trimestre 2010, un autre chiffre vient encore semer la confusion dans les esprits : la consommation des ménages a « progressé de 0% », par rapport au trimestre précédent. Les esprits chagrins pourront dire qu'elle a « reculé de 0% »...
Plus sérieusement, la donnée la moins favorable concerne les achats de biens manufacturés, qui représentent un quart des dépenses des ménages : ils ont reculé de 1,9% durant les trois premiers mois de l'année. On pouvait donc s'attendre a des résultats peu flatteurs pour les produits technologiques.

Record de croissance pour les PC

Dans ce contexte général peu enthousiasmant, les résultats du premier trimestre pour le marché français des PC sont pratiquement incompréhensibles : les ventes ont progressé de 30,6% par rapport au début de l'année 2009, selon le Gartner. La France se paie à l'occasion le luxe de faire deux fois mieux que le Royaume-Uni ou l'Allemagne (tous deux progressent de 14,3%). Cette « surperformance » pose évidemment des problèmes d'interprétation : comment expliquer que le marché des PC soit un oasis de croissance à deux chiffres dans un pays ou le PIB ne progresse que de 0,1% ?

Un des éléments de réponse est lié à la montée en puissance d'une marque challenger : Asus a quasiment triplé ses ventes par rapport au premier trimestre 2009, avec une croissance de 182,7% ! Ce faisant, il devient le 3ème constructeur en France et relègue Dell en quatrième position.

Mais les résultats exceptionnels d'Asus ne suffisent pas pour expliquer une telle embellie du marché français, d'autant que les deux marques leaders, Acer et HP, affichent également de belles croissances (respectivement + 36,9% et + 36%).
Au final, les cinq ténors du marché français (Acer, HP, Asus, Dell et Toshiba) ont eu une telle croissance que l'Hexagone connaît une situation complètement inédite : pour la première fois, le quinté de tête représente à lui seul plus de 75% des ventes (75,7% exactement) : du jamais vu ! Autant dire qu'il reste bien peu de place pour les outsiders, et encore moins pour les intégrateurs français.

Illustration : baie de stockage Coraid crédit D.R.

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Si le marché des PC continue sur cette lancée, on pourrait assister à un retournement du rapport de force traditionnel entre les matériels et les services. Le secteur des logiciels et des services a souffert en 2009, mais les perspectives ne sont pas non plus très bonnes pour 2010 : selon le Syntec Informatique, la croissance sera d'environ 1% sur l'année, à la condition sine qua non que le second semestre soit marqué par une nette reprise, car le syndicat professionnel annonçait dès avril que le premier serait très certainement marqué par un recul.

Le matériel mieux que les services ?

Voire ainsi les grands noms du « hard » afficher une forte croissance tandis que la majorité des SSII est la peine est pour le moins inhabituel : + 48,7% pour Apple au premier trimestre 2010, + 44% pour Intel, + 33% pour AMD, tandis que le recul du chiffre d'affaires est de 6,9% pour Capgemini, de 5,5% pour Atos Origin, de 5,3% pour Altran, de 2,5% pour le groupe Alten, sans oublier Sopra et Steria, qui n'enregistrent que de légères hausses (respectivement + 3% et + 2,9%).

Si ces chiffres sont contradictoires, ils portent sur l'économie globale et sur les principaux représentants de la filière IT. Qu'en est-il pour les acteurs de la distribution et des services IT ? Ce sera l'objet du deuxième volet de ce dossier.