La virtualisation des  serveurs d'applications est une fonctionnalité désormais disponible en version bêta dans System Center Virtual Machine Manager, et devrait être livrée plus tard cette année en même temps que la version finale du System Center 2012. Microsoft n'est pas le premier vendeur à virtualiser les serveurs d'applications, mais, pour une fois, il le fait avant son rival VMware. Avec peut-être un avantage : les clients de VMware sont aussi des utilisateurs de Windows.

Tout comme la virtualisation serveur dissocie le système d'exploitation du serveur, la virtualisation d'applications ajoute une couche supplémentaire et dissocie le programme du système d'exploitation. Cela permet une plus grande souplesse dans la migration, la mise à jour et la restauration de certains éléments logiciels. Jusque-là, la virtualisation des applications concernait uniquement les logiciels de bureau. Comme on pouvait s'y attendre, la virtualisation de serveur d'applications, virtualise elle, le « software framework », dissociant l'application et sa configuration de l'OS sous-jacent. Autrement dit, au lieu de faire une copie virtuelle d'Outlook par exemple, on crée une copie virtuelle d'Exchange Server.

Simplifier les mises à jour

Pourquoi opérer de cette façon ? Selon David Greschler, directeur de la stratégie virtualisation chez Microsoft, « les applications actuelles côté serveur sont étroitement associées à des machines virtuelles, si bien qu'il est difficile de déplacer les applications d'une machine virtuelle à une autre, ou de mettre à jour l'OS sans affecter l'application, et vice versa. » Avec des serveurs d'applications virtualisées, il devient possible de mettre à jour le système d'exploitation sans avoir à se préoccuper d'une éventuelle réinstallation du logiciel.

Avec une application virtualisée, les administrateurs peuvent créer des « images systèmes types », ou des instances génériques d'un système d'exploitation qu'ils pourront appliquer à plusieurs types d'applications. « Au lieu d'avoir une machine virtuelle Exchange, on a une VM générique avec un système d'exploitation où l'on peut introduire une application en temps réel, » explique David Greschler. De nombreuses applications utilisent une image système identique. Elles peuvent donc être plus facilement déplacées du datacenter d'un client vers un service cloud Windows Azure.

Alléger la gestion des instances

Les responsables de Microsoft ont largement fait valoir que cette approche pouvait contribuer à alléger la gestion des instances : au lieu d'avoir à gérer des milliers d'instances système spécialisées, quelques instances génériques reproduites des milliers de fois suffisent. « Lors du Patch Tuesday par exemple, cette technologie permettra aux services informatiques de traiter le système d'exploitation et l'application séparément, ce qui rendra plus facile le déploiement des mises à jour de sécurité, » a indiqué Microsoft.

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L'objectif de l'éditeur de Redmond est de mettre davantage l'accent sur l'application, plutôt que sur la machine virtuelle, ce que le directeur de la stratégie appelle la « nappe », alors que les applications représentent les plats que l'on dépose par dessus. Techniquement, la virtualisation de serveurs d'applications  peut même être utilisée sur des serveurs physiques dépourvus d'hyperviseur, mais il est peu probable que beaucoup de clients soient tentés par cette solution.

Une technologie issue du rachat de Softricity

David Greschler est le cofondateur de Softricity, une entreprise acquise par Microsoft en 2006. Au moment du rachat, Sofricity était propriétaire d'une technologie de virtualisation d'applications de bureau, prête à l'usage, et avait déjà commencé à plancher sur la virtualisation d'application côté serveur. Selon David Greschler, « la priorité de Microsoft était alors de s'assurer que App-V pour le bureau puisse être exploitée. » L'outil serveur d'applications « était en test dans les laboratoires. C'était juste un projet. Aujourd'hui, c'est une réalité. »

Mais Microsoft n'est pas le premier à être parvenu à ce stade. La start-up AppZero se vante de disposer de sa propre technologie de virtualisation d'application côté serveur, qui permet de déplacer les applications entre serveurs physiques et virtuels et à travers des déploiements VMware, Xen et Hyper-V. Mais Microsoft avance plus vite que son principal rival : VMWare sait virtualiser les serveurs et les applications de bureau, mais pas encore les serveurs d'applications. « Actuellement, VMware ne supporte pas la virtualisation des serveurs d'applications, » a confirmé AppZero.

Pas de support de Linux bien sûr

Avec System Center 2012, Microsoft étend sa capacité à gérer plusieurs hyperviseurs. System Center prenait déjà en charge la technologie Hyper-V et VMware, et la nouvelle version sera en mesure de gérer XenServer de Citrix. Avec une limitation cependant : la technologie de Microsoft ne fonctionne qu'avec Windows Server et pas avec Linux. « C'est une architecture tout à fait différente, » explique le directeur de la stratégie, à propos de Linux. « La couche de virtualisation des applications est très liée à la structure de Windows, au registre, aux fichiers, et à tous les composants dont ce système d'exploitation a besoin pour faire tourner une application. » Pour l'heure, la prise en charge de Linux n'est «  pas sur notre feuille de route, » a déclaré David Greschler.