Après avoir lutté pendant des années contre Linux qui menaçait le marché Windows, sur la partie serveurs notamment, Microsoft se met à proposer sur son service de cloud Windows Azure plusieurs distributions du système d'exploitation Open Source. A partir d'aujourd'hui, 7 juin, Azure proposera des services pour Suse Linux Enterprise Server 11 SP2, OpenSuse 12.01, CentOS 6.2 et Canonical Ubuntu 12.04. Les utilisateurs de l'environnement PaaS de Microsoft pourront déployer l'une de ses distributions à partir du catalogue en payant le service sur une base horaire.

Dans le cas de Suse, on peut choisir entre la dernière édition de SLES et OpenSuse. Doug Jarvis, responsable marketing produit de Suse explique que pour démarrer une instance, il suffit d'en sélectionner l'image dans le catalogue et de la mettre en service de la même façon que l'on procède avec les autres services Azure. Suse met à jour automatiquement ces distributions virtuelles (patches de sécurité, correction des bugs, ajout de fonctionnalités).

Les utilisateurs pourront directement déployer sur Azure les applications qu'ils ont développées avec l'IDE Suse Studio. Ils n'auront pas à se préoccuper de l'image de la machine virtuelle. Il leur suffira de saisir leur identifiant Azure dans Suse Studio avant de déployer leur application dans le cloud.

Rien de surprenant pour la Fondation Linux

Cette évolution pourra surprendre ceux qui voient traditionnellement Linux comme un rival de Windows. Mais avec son cloud Azure, Microsoft doit affronter un autre concurrent de taille, Amazon Web Services, qui propose face à Windows des distributions Linux comme Canonical Ubuntu et Red Hat Enterprise Linux.

« Nous nous trouvons effectivement face à un tournant, mais cela n'a rien de surprenant », reconnaît Amanda McPherson, vice-président du marketing et des services aux développeurs pour la Fondation Linux. « Longtemps, le cloud computing a été surtout un domaine de l'Open Source. Microsoft va faire ce qu'il faut pour en être un acteur et cela le conduit à ce qu'il considérait par le passé comme un anathème : accepter qu'un autre système d'exploitation puisse être nécessaire pour être techniquement pertinent », a-t-il souligné par mail à nos confrères d'IDG NS. « Je suis sûre que de nombreux habitants de Redmond n'en sont pas satisfaits, mais c'est bon pour les utilisateurs ».

Par le passé, les ingénieurs de Microsoft ont fait un travail considérable pour faire en sorte que le pilote d'Hyper-V, son hyperviseur basé sur Windows, soit compatible avec Linux. Dans le cadre d'un accord avec Suse, Microsoft avait aussi collaboré avec Suse pour adapter Linux sur Hyper-V.

OpenLogic fournit et maintient CentOS

« Microsoft admet que ses clients n'utilisent pas que Windows dans l'entreprise et c'est une opportunité pour Azure de pouvoir prendre en charge le plus de traitements possibles », pointe Wade Wegner, directeur technique d'Aditi Technologies, une société de services partenaire de Microsoft. « Le cloud facilite la connexion de ces différentes technologies et je pense que Microsoft essaie de faire de Windows Azure l'endroit le plus simple pour exploiter ses applications quelle que soit la technologie et la plateforme utilisées ».

Une évolution qui pourra bénéficier à Linux aussi. « Il y a des clients qui considèrent Microsoft comme leur fournisseur principal et voudront travailler avec lui », explique Peter Chadwick, responsable produit senior pour les opérations cloud chez Suse. « Nous avons planché avec Microsoft sur l'interopérabilité, il s'agit donc d'une extension logique ».

C'est OpenLogic qui fournit la distribution CentOS (clone de RHEL) pour le portail Azure. Cette société propose un support commercial de CentOS depuis 2009 et pour 600 autres logiciels Open Source. Pour Microsoft, elle assure le support de toutes les instances exploitant CentOS, ce qui impliquera d'apporter à Azure la dernière version de la distribution. Les utilisateurs pourront mettre à jour leurs machines virtuelles CentOS depuis un référentiel de patches qu'OpenLogic maintiendra sur Azure. Microsoft a signé un contrat avec OpenLogic pour assurer le support sur la base d'une facturation mensuelle.

Pour l'instant, les machines virtuelles Linux sont proposées en mode « technology preview ». La tarification n'a donc pas encore été annoncée. Les images seront persistantes, ce qui signifie qu'elles pourront être fermées et réouvertes sans perte de données. En plus des images de distributions proposées, les utilisateurs pourront transférer leur Virtual Hard Disks (VHDs) entre leurs installations sur site et le cloud, explique l'éditeur dans un billet de blog.