Oracle a déposé plainte devant la Cour de Justice du Nevada contre le fournisseur de services de maintenance Rimini Street et son directeur général Seth Ravin, au motif que les parties ont commis un « vol massif de logiciels Oracle et de matériels de maintenance associés dans le cadre d'un 'business model' illégal. » Rimini Street, qui fournit un support pour les applications SAP et Oracle, fait valoir à ses clients, que grâce à ses services, ils pourront économiser jusqu'à 50% par rapport à un service identique proposé par l'éditeur d'origine. Sauf que, en s'adressant à un prestataire tiers, les clients ne peuvent plus bénéficier de la mise à jour de leurs produits. Certes, Rimini Street s'adresse à des sociétés satisfaites des systèmes existants, sans volonté de payer un support technique au prix imposé par l'éditeur, ou ne prévoyant pas d'investissements logiciels, du moins dans un avenir proche. Mais, selon la plainte d'Oracle, la société « se connecte régulièrement avec un mot de passe sur le serveur protégé du support technique d'Oracle en utilisant les informations d'identification de ses clients, puis télécharge les mises à jour logicielles et les documents de support matériel au mépris des droits de licence du client et de son contrat. » Le document reprenant la plainte indique encore que Rimini Street utilise un outil de recherche automatique pour télécharger un matériel, propriété d'Oracle « en totale violation avec les termes d'utilisation du site réservé au soutien technique d'Oracle. » Le « téléchargement massif » a même causé le plantage des bases de données du support technique d'Oracle, selon le document. Seth Ravin était déjà le fondateur de ToMorrowNow Or Seth Ravin, le fondateur de Rimini Street, n'est autre que le fondateur de TomorrowNow, société qui exerçait une semblable activité de maintenance sur les applications Oracle et fut un temps filiale de SAP. L'entreprise fournissait alors un support technique bon marché aux utilisateurs d'applications Oracle. En 2005, Ravin a quitté TomorroNow après sa vente à SAP. En 2007, Oracle portait déjà plainte contre SAP, accusant les salariés de TomorrowNow d'avoir téléchargé illégalement du matériel sur son système de support technique. Un procès est toujours en cours entre Oracle et SAP, véritable épine dans le pied de l'éditeur allemand. «Le modèle économique créé par Seth Ravin continue de fonctionner pleinement chez Rimini Street », indique la plainte. « C'est pour y mettre fin une bonne fois pour toutes qu'Oracle a décidé de porter cette action devant la justice. » Dans la plainte, Oracle met en avant le fait que ces actes commis par Rimini Street risquent de « causer un préjudice irréparable à Oracle, à ses employés, à ses clients, à ses actionnaires et à l'industrie en général.» Elle fait aussi état d'une violation de copyright, de fraude, de rupture de contrat, de concurrence déloyale, d'enrichissement injustifié et d'autres malversations par Rimini Street, et appelle des condamnations judiciaires et des dommages et intérêts. [[page]] Cette affaire discrédite aussi les compétences de Rimini. Selon les chefs d'accusation, la société « n'a pas la capacité de développement pour répondre aux engagements de support technique qu'elle vend à tout prix, en dessous même des 50% qu'elle affiche dans sa publicité. C'est en tout cas sans commune mesure avec les investissements consacrés par Oracle au développement de ses produits. » Dans un entretien, Seth Ravin a qualifié Rimini Street d'entreprise pionnière se battant pour offrir aux clients le meilleur choix, et a affirmé qu'il allait opposer une défense vigoureuse. « S'il faut en passer par là pour obtenir l'ouverture du marché du support technique, et bien nous sommes déterminés à nous battre pour cela, » a t-il ajouté. Les éditeurs tels qu'Oracle protègent les sources de revenus provenant de leurs services de maintenance. Celles-ci leur rapportent des profits non négligeables dans une période où la vente des licences logicielles ralentit. Rimini Street s'est visiblement employée à capturer, dans le marché du support technique, un certain nombre de clients à Oracle. Ainsi, selon un communiqué publié mardi par la société - le total de ses revenus n'a pas été divulgué - son chiffre d'affaires a presque triplé en 2009. Rimini Street affirme même compter parmi ses clients des sociétés figurant au classement Fortune 500. «Je ne suis pas surpris de voir qu'Oracle a décidé de prendre des mesures pour se protéger et ralentir le processus de défection de sa clientèle », a déclaré Seth Ravin. S'il a refusé de répondre en détails aux allégations de la plainte, il a tout de même déclaré : « Nous faisons ce que nos clients nous demandent, dans le respect des droits de leur licence. » Selon un observateur spécialisé, l'affaire pourrait avoir des impacts divers sur le secteur. « Je crains que cela ait un effet dissuasif sur ceux qui envisagent de faire appel à un fournisseur tiers pour la maintenance, au moins pour le moment », a déclaré Frank Scavo, directeur associé du cabinet de conseil IT Strativa et auteur du blog Enterprise System Spectator, contacté par e-mail. Mais Frank Scavo a entendu dire que l'équipe de juristes recrutés par Rimini Street était excellente et il pense que « l'entreprise s'était préparée à cette éventualité de longue date ». Si Rimini Street gagne contre Oracle, « cela créera une solide base juridique pour les fournisseurs de support technique en tierce partie," a déclaré le consultant. "A Oracle d'apprécier ce risque en portant l'affaire devant la justice. »