Comme nous l'avions signalé en début de matinée, l'éditeur américain Oracle vient d'annoncer un accord d'acquisition avec son compatriote californien Hyperion, spécialisé dans les solutions de gestion de la performance financière et opérationnelle. Le montant du rachat s'établit finalement à 3,3 milliards de dollars. Oracle réalise donc une énième acquisition importante, après celles de PeopleSoft, Retek, Siebel, puis plus récemment de I-flex Solutions. En trois ans, il aura déboursé plus de 20 milliards de dollars pour s'emparer de quelques-uns de ses principaux concurrents ou ajouter à son catalogue des solutions métiers ou technologiques bien implantées sur leur marché. En l'occurrence, « les deux offres sont complémentaires, estime Patrick Bensadat, président de l'intégrateur spécialisé Business & Décision. C'est une bonne opération sur les plans industriel et financier. Hyperion a de bons fondamentaux. » Les solutions d'Hyperion viendront en effet compléter l'offre d'analyse décisionnelle d'Oracle, Oracle Business Intelligence Enterprise Edition, que l'éditeur avait réorientée il y a environ un an pour l'ouvrir à des sources de données hétérogènes, et notamment aux applications de gestion de PeopleSoft, Siebel et SAP. L'offre se cantonnait jusque-là aux environnements Oracle. Avec l'arrivée des solutions Hyperion, multi-sources de données, l'éditeur compte développer plus largement encore son ouverture aux autres univers. Il entend, en particulier, devenir un fournisseur de référence pour les utilisateurs de SAP dans le domaine de l'analyse financière, Hyperion comptant déjà de nombreux comptes SAP parmi ses clients. 700 clients en France Avec cette acquisition, Oracle hérite aussi d'une base installée mondiale de 12 000 clients où l'on trouve les principaux groupes internationaux (dont les 9/10e de l'indice Fortune 100). En France, l'éditeur est présent sur tous les grands secteurs d'activité (industrie, distribution, finance, services, secteur public). Il compte des utilisateurs comme Air Liquide, Alstom, Bouygues, Arcelor, L'Oréal, Michelin, Auchan, Casino, Carrefour, La Redoute, France Telecom, BNP Paribas ou encore la Direction générale de l'aviation civile. « La base installée française rassemble 700 clients », précise Yasmina Benjelloun, analyste à IDC France. La consultante confirme la forte présence d'Hyperion sur le marché des applications financières, avec Essbase. Elle rappelle aussi que l'éditeur a mené en 2006 une politique d'acquisition active, avec le rachat de Razza Solutions, spécialisé dans les solutions de Master Data Management (synchronisation de la gestion des données de références) et d'UpStream Software, éditeur de logiciels de Financial Data Quality Management (FDM), « des solutions de préparation de données et de gestion de workflow utilisées pour suivre les mouvements des informations financières. » [[page]] Pour Renaud Smagghe, consultant senior chez PAC (Pierre Audoin Consultants), l'acquisition d'Hyperion par Oracle confirme le fort mouvement de consolidation du marché applicatif qui conduit les éditeurs généralistes à racheter peu à peu les spécialistes de l'analyse décisionnelle (ou BI, Business Intelligence). « C'est un rachat assez significatif car Hyperion est l'un des quatre gros éditeurs dans ce domaine (les trois autres étant SAS Institute, Business Objects et Cognos). Que l'un des quatre leaders se fasse racheter, c'est un signe fort sur la concentration du secteur. Par ailleurs, cette acquisition est assez logique pour Oracle qui a un peu de retard sur les solutions de Business Intelligence. D'une part face à Microsoft, qui occupe désormais une position de leader parmi les éditeurs généralistes avec SQL Server Analysis Services, et d'autre part face à SAP qui a bien développé ses solutions d'analyse des performances financières. Pour compléter son portefeuille applicatif, il est tout à fait cohérent qu'Oracle rachète une solution d'analyse financière. » « Ce rachat confirme l'importance des solutions financières » Christian Poyau, PDG de l'intégrateur spécialisé Micropole-Univers, partage cette analyse : « Ce rachat ne fait que confirmer l'importance des solutions financières pour le système d'information. On s'aperçoit que les grands acteurs, Oracle, mais aussi SAP, investissent fortement dans ce domaine. Les entreprises se rendent compte du besoin de pilotage général ; c'est un pan encore en friches, à développer. » Selon Oracle, la transaction devait être close dès avril. D'ici là, chaque éditeur continuera à fonctionner de façon indépendante. Comme pour ses précédentes acquisitions, Oracle promet de protéger les investissements des clients d'Hyperion en continuant à supporter les solutions installées. Il est trop tôt pour savoir comme s'effectuera ensuite la collaboration entre les équipes internes. « Tout ne s'est pas toujours déroulé parfaitement lors des précédents rachats d'Oracle, mais il me semble que l'intégration de Siebel en France est un bon exemple, se rappelle Patrick Bensadat, de Business & Décision. Cela s'est fait dans le respect des savoir-faire. » Reste enfin à Oracle à intégrer les produits entre eux : « C'est la vraie contrainte, reconnaît Christian Poyau, de Micropole-Univers. Mais ils y arriveront ; ce sera une question de temps et d'arbitrage entre les produits. » Lisez aussi notre dossier sur le sujet.