Orange n'allait pas laisser passer le train des MOOCs (Massive open online courses) sans y monter, avec l'intention de rallier à sa suite le plus de monde possible, partenaires et participants. Luc Bretones, responsable du Technocentre et d'Orange Vallée, a annoncé ce matin lors d'un point presse l'ouverture le 31 mars prochain de la plateforme technologique Solerni avec un premier « cours en ligne collaboratif ouvert à tous ». Un lancement qui intervient sur un marché en plein développement. Hier, on a appris que Google Capital avait investi 40 M$ dans la société Renaissance Learning qui fournit des outils dans le cloud au monde de l'éducation.

Avec Solerni, Orange lance surtout sa plateforme de MOOCs, « basée sur un coeur Open Source retravaillé par les Orange Labs », a indiqué Luc Bretones, sur laquelle l'hébergeur invite des partenaires à venir développer des contenus pédagogiques. Parmi ceux-ci figurent déjà Grenoble Ecole de Management et Enaco, école de commerce à distance. « Nos clients pourront acheter la plateforme seule ou bien la plateforme et l'ingénierie technologique », a expliqué Luc Bretones en rappelant que le marché du e-learning devrait peser près de 600 M€ en France en 2017 (255 Md$ dans le monde) et que l'un des segments qui se développait le plus rapidement était le social learning.

Les COOCs, des MOOCs pour les entreprises

Dans cet univers des MOOC qui permettent d'apprendre en ligne le plus souvent gratuitement et de partager avec le plus grand nombre, Orange aimerait se faire une place sur le créneau des COOCs, avec un « C » comme Corporate, pour s'adresser aux entreprises. « C'est le marché solvable », pointe Luc Bretones. Le champ d'application vise en fait l'entreprise étendue et ses différentes strates qui passent par les partenaires et vont jusqu'aux clients. « Avec des outils pour embarquer les collaborateurs de l'entreprise dans des interactions, jusqu'aux clients finaux », décrit le responsable du Technocentre d'Orange. « On peut imaginer des parcours de MOOCs pour animer son réseau de partenaires, dynamiser sa marque et parler avec ses clients », a-t-il énuméré. « Nous voulons prendre une part significative de ce marché ». Ambition : atteindre 8,5 millions d'inscrits d'ici cinq ans sur la plateforme Solerni. Pour y parvenir, Orange devra donc toucher largement. Parmi les partenaires qu'il a signés se trouve aussi Marmiton, le site de partage de recettes qui a développé son audience par l'échange de savoir-faire culinaire entre ses internautes.

Pour le premier cours lancé sur sa plateforme, Orange a de son côté choisi un thème à large audience consacré au monde numérique avec un titre grand public : « Le digital, vivons-le ensemble ». En 10 parcours, il explique comment protéger ses données, acheter autrement, se déplacer sans souci, etc. Les inscriptions sont ouvertes. « Nous sommes davantage centrés sur la transmission de compétences que sur les connaissances », a souligné Thierry Curiale, qui pilote le programme Open social learning chez Orange. Contrairement au elearning classique « 80% du temps est consacré à l'apprentissage », précise Thierry Curiale. Autre élément de différentiation : il s'agira de MOOCs communautaires accompagnés par Orange. De façon générale, l'objectif visé est de permettre aux participants de développer autrement leurs compétences avec en toile de fond le maintien de l'employabilité. 

Les MOOCs génèrent des données pour les recruteurs

« Les MOOCs sont une vraie révolution, mais ce n'est pas la réponse à tous les maux de l'enseignement supérieur. Il faut donc avoir une stratégie, avoir une plateforme et une vraie polyvalence avec l'accès à un grand nombre de MOOCs », a commenté ce matin Jean-François Fiorina, Directeur ESC Grenoble. Pour lui, dans les années à venir, seules quelques plateformes vont subsister.

Parmi les autres partenaires d'Orange sur Solerni, le cabinet de recrutement Cala Partners a expliqué l'intérêt de s'appuyer sur les parcours des participants aux MOOCs. « En consultant les métadonnées associées aux badges attribués, un recruteur pourra vérifier qu'un candidat a développé telles ou telles compétences. » Sa participation aux cours permettra aussi de voir s'il sait collaborer et s'insérer dans un groupe. Aux Etats-Unis, il a été remarqué que parmi ceux qui vont jusqu'au bout des MOOCs se trouvent des personnes qui n'étaient pas inscrites à l'université et dont le profil n'aurait, a priori, pas été retenu par les recruteurs.Â