« Quel excitant moment pour l'innovation. Me revoilà ». Octave Klaba, fondateur d’OVHcloud, a bien fait comprendre lors du Summit 2025 du fournisseur roubaisien à la Maison de la mutualité à Paris ce 20 novembre, qu’il était heureux - et pas peu fier - de revenir aux commandes de la société qu’il a créée en 1999. Devant un parterre de 2 000 participants, le dirigeant de l'hébergeur et fournisseur de services cloud a exposé sa vision du contexte mondial actuel dans lequel il pense que son groupe a une grosse carte à jouer. « Nous avons vu passer trois ondes de chocs qui ont balayé beaucoup de certitudes : la dépendance de l’Europe dans le numérique, le rachat de VMware par Broadcom, et l’IA », explique le dirigeant. Pour répondre à ces enjeux, la société a engagé une stratégie pour se remettre sur les rails et redoublé d’efforts pour renforcer son portefeuille de solutions. « OVHcloud compte jouer entièrement son rôle de fournisseur de technologie et d’innovation y compris dans l’IA pour que vous puissiez exploiter en sécurité toute la puissance de vos data pour vous et vos clients », assure M. Klaba.
L’IA justement, a été - mais est-ce vraiment une surprise - au centre des attentions de l'entreprise qui va ainsi déployer des accélérateurs SambaNova pour de l’inférence à grande échelle. Rappelons que ce dernier, fondé en 2017, est spécialisé dans le traitement IA et propose plusieurs éléments : une puce dont la dernière génération se nomme SN40L basée sur des RDU (reconfigurable dataflow unit) et fabriquée par TSMC en 5 nm, une armoire dédiée baptisée Sambarack pouvant embarquer 16 puces SN40L. Il propose également une solution baptisée SambaStack qui s'articule autour d'un système (SambaRack et RDU) et d'une plateforme (API, interface utilisateur, orchestrateur et modèles de fondation LLama 4, Qwen, DeepSeek et OpenAI). OVH va ainsi compléter son service AI Endpoints avec SambaStack avec un SLA associé (uptime) de 99,8 %. Les cas d'usage avancés sont variés : trading financier, cybersécurité, automatisation industrielle, optimisation logistique, supervision...
Pour Octave Klaba, PDG et fondateur d'OVH, le SaaS va devenir le back-end de l'IA. (crédit : DF)
Des SSD à base de NAND QLC pour les serveurs dédiés
Le fournisseur accompagne aussi davantage les utilisateurs dans leurs tâches quotidiennes avec l'IA. “De la même manière que le PaaS consomme l'IaaS et que le SaaS consomme le PaaS, l’IA va consommer le SaaS. Le SaaS va devenir le back-end de l’IA”, indique le dirigeant. Pour cela, le développement de connecteurs MCP apparait essentiel selon le fournisseur afin de connecter les applications, les sites web à l’IA. OVH vient aussi d’intégrer Shai, son agent de codage AI, dans son assistant Omissimo. «Désormais Omissimo sait réaliser des tâches vraiment très complexes tout en continuant à utiliser les LLM open source. Progressivement, nous vous proposerons des jumeaux numériques de confiance », avance M. Klaba. Dans le domaine de la bureautique et du collaboratif, on retiendra qu'OVH avance un outil permettant aux entreprises de migrer les messageries professionnelles et des fonctions IA de traduction des emails et des conversations, le support d’ActiveSync... L’IA s’invite aussi dans la ToIP pour convertir les conversations en textes. Des fonctions de gestion vidéo et de streaming seront aussi proposées en avril prochain pour héberger des vidéos.
OVH élargit par ailleurs ses gammes de serveurs dédiés Scale et High Grade, pour optimiser la performance des clusters hyperconvergés et le stockage distribué, basé sur les CPU AMD Epyc Turin et Intel Xeon Granite Rapids. Les promesses sont nombreuses, tant en densité, résilience et performance avec notamment l'introduction de SSD à base de NAND flash QLC (120 To par lecteur, 69 Po par rack). Des fonctions de chiffrement au repos pour les données, de gestion du cycle de vie des serveurs et de leurs contenus au sein d'un réseau privé (private boot) arrivent mi 2026. Côté politiques de sauvegardes serveurs et PCA, un service de back-up agent arrive pour sauvegarder facilement les serveurs et les apps métiers sur une région différente. Sur la protection antiDDoS personnalisation des profils de protection. OVH Cloud Connect s'étend aussi avec 8 nouveaux POP (Paris, Sydney, Milan...).
Un partenariat renforcé avec VMware
« Sur l'IaaS on ne lâche rien. Nous continuons à vous proposer le meilleur de tous les mondes : des plus accessibles aux plus évolués », promet par ailleurs Yaniv Fdida, responsable produits et directeur technique d'OVHcloud. Partenaire de premier plan de VMware Broadcom, OVH va proposer une offre hosted private cloud incluant des fonctions réseau et sécurité NSX d’ici mars 2026, et annonce une plateforme managée Private VCF mi-2026 sur les régions 3-AZ conçues pour les applications critiques nécessitant haute disponibilité et résilience. Le support de GPU « ready node » et de CPU Intel Xeon XCC (Emerald) est également prévu. Pour les entreprises qui veulent déployer leur plateformes VMware dans le cloud tout en gardant le contrôle de la gestion des licences, une offre VCF dédiée pour “les déploiements significatifs” est annoncée. Outre VMWare, OVH lance aussi des instances bare-metal pod avec le spécialiste de l'hyperconvergence Nutanix juste après ses cloud clusters NC2. Les utilisateurs SAP ne sont pas oubliés avec le lancement de configurations serveurs sur Private Cloud avec des capacités mémoire allant jusqu’à 4 To de RAM pour accueillir des déploiements à l’échelle.
L'offre dedicated VCF d'OVH permettra aux entreprises selon OVH de garder le contrôle de la gestion des licences VMware. (crédit : DF)
La Cloud Platform d'OVH bientôt qualifiée SecNumCloud
Côté sécurité, après l’offre managée VMware et bare metal cloud qualifiés SecNumCloud, la société annonce que ce sera aussi le cas pour sa Cloud Platform, attendue l’an prochain. D’autres environnements (Kubernetes, IA, fonctions réseau avancées...) sont également en cours de qualification. On retiendra aussi que la société met à disposition depuis le mois dernier Secret Manager pour gérer les secrets des applications (stockage des identifiants et mots de passe, tokens, clés API...) dans un environnement cloud native et annonce d'ici quelques mois l'arrivée d'un outil de KMS (gestion centralisée des clés de chiffrement), et de pouvoir choisir sa propre baie de chiffrement. Dans le stockage, des buckets polycy et de SSE KLS arrivent pour améliorer la sécurité et la gestion des droits sur les serveurs S3 ainsi que la refonte d'une partie de son moteur ObjectStorage pour améliorer les performances de toutes les classes de stockage (bêta en janvier 2026).
OVH prévoit de refondre une partie de son moteur ObjectStorage l'an prochain pour améliorer les performances de toutes ses classes de stockage a annoncé Yaniv Fdida, responsable produits et directeur technique d'OVHcloud aux côtés de Caroline Comet-Fraigneau, directrice commerciale d'OVH. (crédit : DF)
Après la France (Paris) et l’Italie (Milan), où les premiers produits VPS et Public Cloud sont disponibles, OVH a annoncé aussi en amont de sa conférence une région 3-AZ de plus en Europe, à savoir en Allemagne, à Berlin. Pour rappel, le modèle 3-AZ est conçu pour les applications critiques nécessitant haute disponibilité et résilience. Une région comprend trois zones de disponibilité (Availability Zones) indépendantes, avec des datacenters situés à quelques dizaines de kilomètres les uns des autres, dotés d’alimentations électriques et de connexions réseau séparées. Elle garantit faible latence et sécurité maximale, et continuité des services, notamment pour les PRA dans des secteurs comme la finance, la santé ou les services publics. Présent en Allemagne depuis 2005, OVH dispose déjà de deux datacenters outre-rhin. Le fournisseur roubaisien n’est pas le seul à développer son réseau de datacenters en Europe, c’est également le cas de Scaleway qui a annoncé aussi au même moment l’ouverture d’une zone de disponibilité en Allemagne (après l’Italie et la Suède). L’objectif est le même que son concurrent : répondre aux besoins des organisations (entreprises, agences gouvernementales, ministères, institutions financières...) à la recherche d’environnements cloud conçus et exploités conformément aux plus hautes normes européennes en matière de sécurité, de protection des données et de gouvernance responsable. Des enjeux très à la mode en ce moment.