Quelques jours avant l'assemblée générale qui devrait décider du sort d'Atos, la bataille qui oppose la direction de la SSII et ses deux principaux actionnaires prend des tournures de campagne électorale. Chacun des deux partis en appelle à la raison des actionnaires. Pardus et Centaurus ont publié hier, lundi 05 mai, une lettre affirmant qu'en aucun cas ils ne préconisent le démantèlement d'Atos, ni sa prise de contrôle, mais dénoncent le programme de réduction des coûts de la SSII (le plan 3o3). Pour les deux actionnaires, ce plan n'est pas suffisamment ambitieux, et ne répond pas à la rapidité de l'évolution du secteur des services informatiques. Ils pointent également du doigt le manque de rentabilité de la SSII. Si Atos a conclu l'année 2007 en beauté, avec un chiffre d'affaires de 5,855 Md€, en hausse de 8,5%, les résultats du premier trimestre sont décevants. Le chiffre d'affaires plafonne à 1,424 Md€, en baisse de 0,5% par rapport à la même période de l'année dernière, plombé par la vente de la filiale italienne en janvier dernier. Une issue incertaine Pardus et Centaurus enjoignent les autres actionnaires à les rejoindre en rejetant certaines résolutions qui seront soumises à leur vote lors de la prochaine AG, le 22 mai prochain. [[page]]Ils les encouragent par exemple à accepter l'admission de nouveaux candidats indépendants au sein du conseil de surveillance, et réclament purement et simplement le départ de Didier Cherpitel, président du conseil de surveillance d'Atos. Les autres revendications concernent les modifications du régime de retraite pour certains cadres, ou encore la réduction de la durée de mandat des membres du conseil de surveillance. De son côté, Didier Cherpitel a adressé le 30 avril dernier une lettre à ces mêmes actionnaires, fustigeant une nouvelle fois l'attitude déloyale et les tentatives de déstabilisation de ses opposants. S'il estime qu'il est légitime que des actionnaires représentant près de 23 % du capital de la société siègent au conseil de surveillance, il condamne les derniers agissements de Pardus et Centaurus, les accusant d'avoir « contacté des concurrents pour proposer de racheter la société » ou encore de « dénigrer publiquement l'entreprise et sa stratégie ». Ce différend paraît de plus en plus complexe à démêler. Les analystes n'osent pas trop s'avancer sur son dénouement. La banque d'investissements Bryan Garnier a par exemple refusé de s'exprimer à ce sujet, estimant qu'il s'agit d'un « conflit de personnes », donc « délicat à commenter ».