Les rencontres internationales des noms de domaine, qui se sont tenues à Paris les 26 et 27 janvier, ont permis d'attirer l'attention sur la valeur prise par certains noms de domaine au moment de leur revente. Elles ont aussi mis en lumière les enjeux des nouvelles extensions (TLD, top level domain) qui sont envisagées par l'Icann, le régulateur technique d'Internet. Ces deux journées ont été organisées et animées par MailClub (gestionnaire de noms de domaine) et Sedo (place de marché de noms de domaine), en partenariat avec l'Afnic (autorité de nommage pour les domaines de la zone .fr) et l'Eurid (association chargée de la gestion du .eu). La création de nouvelles extensions, au-delà des TLD génériques (.com, .org, .net, etc.) et géographiques (.fr, .de, etc.), a été abordée en juin dernier lors de la 32e réunion publique de l'Icann. L'ouverture des TLD est jugée plutôt séduisante lorsqu'il s'agit d'étendre les extensions aux noms de capitales (Paris, par exemple, est candidate pour le .paris), à certaines régions ou communautés (comme le .bzh pour la Bretagne, à l'instar du .cat créé pour la Catalogne), ou encore à des projets comme le .health pour garantir la sécurité des données médicales, ou le .green pour identifier les initiatives liées au développement durable. En revanche, la possibilité de créer des TLD personnalisés présente aussi le risque de voir se multiplier tous azimuts les noms de domaine, ce qui entraînerait une confusion très dommageable dans le paysage Internet. Certains spécialistes font remarquer que la perspective des revenus générés par le dépôt des dossiers de création de TLD personnalisés (l'Icann demande [mise à jour] 185 000 dollars par dossier) risque aussi d'entraîner une dérive. Le régulateur pourrait être tenté d'accepter un nombre de candidatures trop important. En tout état de cause, les premiers noms de domaine personnalisés ne verront pas le jour avant 2010. « Il y a de fortes tensions entre ceux qui veulent beaucoup d'extensions et ceux qui ne le souhaitent pas, ceux qui comptent en tirer profit et ceux qui veulent les employer à des fins utiles », a reconnu Sébastien Bachollet, vice-président de l'Alac (At Large Advisory Committee), qui participe aux travaux de l'Icann. « Je ne vois pas d'entrée dans la racine de nouvelles extensions avant 2011 », a-t-il estimé. 3 millions de noms de domaine enregistrés en .eu [[page]]Parmi les créations les plus récentes de noms de domaine de premier niveau figure le .eu, lancé en décembre 2005. Marc Van Wesemael, directeur général de l'Eurid, a présenté hier un premier bilan. La barre des trois millions de noms de domaine .eu a été franchie le 11 janvier dernier. Ce TLD a été créé avec l'ambition d'offrir « une seule identité européenne sur Internet aux 500 millions d'Européens répartis dans 27 pays ». A ce jour, c'est l'Allemagne qui en a enregistré le plus grand nombre (916 698), suivie par les Pays-Bas (408 897), le Royaume-Uni (370 517) et la France (243 910), selon les statistiques publiées par l'Eurid. L'intérêt de déposer un .eu réside surtout dans l'identification européenne du site, mais il est tout relatif du point de vue de la génération de trafic. L'utilisation d'un .eu ne renseigne pas, notamment, sur la langue utilisée par le site, alors qu'un .fr ne présente aucune ambiguïté. Ces deux journées parisiennes de décryptage et de discussions autour des noms de domaine ont donné l'occasion d'en savoir un peu plus sur les projets .bzh, .green, .health et .vla (pour la Flandre), respectivement portés par Matthieu Crédou, président de l'association www.bzh, Annalisa Roger, fondatrice de DotGreen Registry Corporation, et Rudy Van Snick, président d'Internet Society Belgium et coordinateur des projets .health et .vla. L'idée du .bzh remonte à 2005. Elle s'inspire de l'aventure du .cat, pour la Catalogne, cette extension ayant suscité l'enregistrement de 38 000 noms de domaine. Cette extension s'adressera tant aux particuliers qu'aux sociétés qui souhaitent associer une image bretonne à leur site et voudront acquérir un nom de domaine .bzh pour s'ancrer dans un marché. « Nous tablons sur un budget de 320 000 euros pour ce projet, dont 200 000 euros juste pour le dépôt du dossier auprès de l'Icann », a indiqué Matthieu Crédou en précisant qu'il leur fallait encore réunir un peu plus de 200 000 euros. Le .green servira à soutenir des causes écologiques ou humanitaires Ambitions philanthropiques pour Annalisa Roger qui porte haut le projet .green dans le cadre d'une association à but non lucratif. Son intention est en effet de reverser des fonds à des causes d'intérêt général, liées à l'environnement, bien sûr, mais aussi aux démarches humanitaires, à l'éducation, au développement durable, à la préservation du climat... « Le mot green est universellement associé aux enjeux environnementaux », rappelle Annalisa Roger. Ce nom de domaine s'adressera à tous ceux qui souhaitent faire progresser leur activité dans l'économie qui se développe autour des thèmes écologiques. « Il vous permettra de renforcer votre présence sur Internet si vous êtes impliqués dans le green et il ajoutera une connotation de responsabilité sociale au nom de votre société ». La fondatrice de DotGreen Registry Corporation ajoute, qu'en outre, le .green permettra à ceux qui le choisiront de s'impliquer dans une initiative philanthropique. « Nous ne ferons pas de profit sur les noms de domaine des organisations qui ont pour objectif le développement durable, précise Annalisa Roger. Nous leur réserverons le nom qui les intéresse et elles le paieront au prix réel. » Pour Rudy Van Snick, coordinateur du projet .health, l'objectif est de parvenir à sécuriser un environnement derrière ce nom de domaine auquel pourraient être associées des informations médicales personnelles, accessibles en cas de déplacement à l'étranger. Il aimerait convaincre le milieu médical et les universités de l'importance du projet. « L'idée est de créer un groupe de partenaires, chacun étant responsable sur son domaine ».