Si le monde des éditeurs de logiciels et des constructeurs informatiques a connu durant les derniers mois son lot de fusion et acquisitions, cela n'a pas été le cas depuis longtemps dans celui des grossistes IT. Le distributeur américain Avnet devrait mettre fin à cette période de calme. Il a annoncé lundi sa volonté de racheter son compatriote et homologue Bell Micro pour un montant de 252 M$. La somme représente un bonus de 30% par rapport au cours atteint par l'action Bell Micro le vendredi précédent à Wall Street. Toutefois, l'investissement total consenti par Avnet devrait atteindre 594 M$ pour éponger la dette de sa futur acquisition. Les conseils d'administrations de deux  entreprises étant déjà tombés d'accord sur les termes du rachat, il ne reste plus qu'à obtenir le feu vert des actionnaires de Bell Micro et l'autorisation des autorités de régulation américaine. L'opération devrait être finalisée d'ici deux à quatre mois.

Un revenu cumulé de 10 Md$ dans la distribution IT

Grossiste à valeur ajoutée d'envergure international (3 Md$ de CA en 2009), le groupe Avnet distribue des composants électroniques, des produits de stockage et des sous-systèmes. Présente dans une trentaine de pays, dont la France, sa division Avnet Technology Solutions a réalisé lors de son exercice 2009 un chiffre d'affaires de 7 Md$ auprès d'une clientèle de VARs, d'ISV, d'OEM et d'intégrateurs de systèmes.
Distributeur international lui aussi, avec une présence dans 55 pays, dont la France également, Bell Micro se focalise dans le stockage et les serveurs, ainsi que les composants, les périphériques et les logiciels. En Amérique du Nord, deux de ses filiales mènent une activité de revendeur et de prestataire de services. Avnet, qui souhaite rester concentré sur son métier de grossiste, semble peu enclin à les conserver au sein du groupe et indique être à la recherche d'une alternative pour ces entreprises.

Crédits photo Sun Microsystems

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« Aux vues de nos présences géographiques et de nos lignes de produits respectives, il peut sembler qu'il y ait un certaines zones de recouvrement entre nos activités, indique Roy Vallee, le président et CEO d'Avnet. Mais quand on y regarde de plus près, elles sont finalement peu nombreuses ».
Par exemple, Bell Micro est fortement implanté dans des pays Européens tels que la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg. Le grossiste est également implanté en Amérique Latine, un territoire dont Avnet s'est fait une priorité stratégique. Dans le domaine  du stockage, Bell Micro devrait également étendre l'activité serveurs et stockage d'Avnet. Ce dernier est, certes, déjà bien implanté sur le marché des disques durs embarqués par les OEM et autres fabricants. Mais Bell Micro bénéficie quant à lui d'une bonne couverture du marché des disques durs vendus nus aux entreprises. Toujours dans le domaine du stockage, Bell Micro dispose d'une forte compétence dans le domaine des data centers, notamment dans l'intégration de systèmes de stockage et de serveurs.

Un groupe d'actionnaire consulte déjà des avocats

Certains revendeurs voient dans l'opération un moyen pour Avnet de réagir à l'acquisition de Sun Microsystems par Oracle. L'activité importante que mène Avnet autour des produits Sun serait en effet menacée par la décision d'Oracle de mettre d'avantage l'accent sur la vente directe. Il semble qu'Oracle n'ait en effet pas l'intention de laisser beaucoup de place à la distribution à valeur ajoutée autour des matériels Sun. Roy Vallee a toutefois contredit cette analyse qui sous-entend qu'Avnet chercherait à diversifier son portefeuille de produits sur la base des décisions prises par Oracle pour les produits Sun. Le patron d'Avnet reconnaît qu'« Oracle va assurer en direct les commandes de matériels Sun à ses plus grands clients et que cela aura forcement un impact négatif. Mais, pour « compenser » cela, Oracle ne souhaite plus traiter en direct avec n'importe quel revendeur. Les Vars de Sun devraient donc revenir à la distribution. En outre, Oracle devrait consolider le nombre des grossistes avec qui il veut traiter au niveau global, et cela devrait jouer en notre faveur. »
Reste maintenant à savoir quelle sera la décision des actionnaires de Bell Micro suite à l'annonce du rachat. Certains d'entre eux ont en tous cas demandé une enquête à un cabinet d'avocats afin de savoir si la vente est le fruit d'un processus équitable et si le prix proposé pour Bell Micro n'est pas sous-évalué.