Faurecia est un équipementier automobile qui s'est largement constitué par de nombreuses acquisitions. Il disposait, de ce fait, de très nombreux SI. A partir de 2007, il a engagé une démarche de rationalisation et d'uniformisation tant des outils que des procédures, basée sur SAP. Le déploiement de ce modèle est prévu pour durer jusqu'en 2015 et se réalise usine par usine. Il a intégré depuis 2009 un module de gestion d'atelier, basé sur SAP MII (Manufacturing Integration Intelligence), qui est aujourd'hui installé dans toute nouvelle usine équipée de SAP.

Faurecia est aujourd'hui implanté mondialement et ne réalise plus que 16% de son chiffre d'affaires, en forte croissance, en France. Il revendique également la deuxième place des déposants de brevets en France.

Aucun retard possible

Il fournit les constructeurs automobiles en juste à temps et juste en séquence en sièges, pièces de carrosserie, tableaux de bords, etc. . Une usine à proximité de celle d'un constructeur peut ainsi être amenée à produire et livrer un siège automobile en deux heures à partir de la commande ferme. « Il existe plus de 10 000 combinaisons possibles pour fabriquer certains sièges et détenir un stock dans ces conditions est évidemment impossible » mentionne Bertrand Eteneau, DSI de Faurecia (en illustration principale). Une erreur sur l'ordre de délivrance des modèles ou un retard de livraison sont sévèrement sanctionnés par de lourdes pénalités pouvant se chiffrer en dizaines de milliers d'euros.

La rigueur de la gestion des ateliers est, de ce fait, absolument vitale. La transformation et l'uniformisation des procédures en la matière s'est appuyée sur le déploiement de SAP MII. Cet outil s'interface d'un côté avec le PGI SAP ECC (pour la gestion administrative, financière et de production), de l'autre avec toutes les machines-outils et équipements des ateliers tant pour les piloter que pour remonter la réalité des événements (fabrications, livraisons...) et des indicateurs tels que les indicateurs de qualité. De plus, il permet de se connecter à une communauté en ligne pour se benchmarker.

Une instance mondiale, une exécution locale

Or Faurecia possède une seule instance mondiale du PGI SAP dans le cadre de son uniformisation des procédures administratives et financières tandis que les usines ne peuvent pas se permettre un arrêt même temporaire. A cela s'ajoute l'obligation d'effectuer des arrêts de maintenance sur l'instance mondiale de SAP. « Le seul jour où le SI central pourrait effectivement s'arrêter si tout reposait sur lui, c'est, chaque année, le dimanche de la semaine du nouvel an chinois » soupire Bertrand Eteneau. En effet, il existe des usines dans le monde entier, avec des horaires et des jours fériés partout différents, sans oublier les décalages horaires.

A cela s'ajoute la difficulté de disposer de connexions réseaux convenables et toujours opérationnelles entre chaque usine et les serveurs du siège alors même que les usines sont parfois implantés dans des emplacements très isolés dans des pays en voie de développement.

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La seule solution était donc d'instancier SAP MII localement, sur des serveurs et dans des bases de données propres à chaque usine, et de le connecter au PGI SAP. Bertrand Eteneau se réjouit : « nous avons prouvé qu'on pouvait arrêter plusieurs heures le SI central sans arrêter la production, SAP MII se resynchronisant lorsque la connexion est rétablie. »

De plus, SAP MII a été paramétré pour qu'une erreur administrative ne bloque pas la production. Par exemple, une absence de coût standard d'un produit ne doit pas empêcher le chargement d'un camion avec les produits à livrer d'urgence. Il peut y avoir également des flux physiques différents des flux prévus. Toutes les erreurs de ce type sont stockées et traitées dans un deuxième temps sans jamais impacter la production en flux tendu.

Par contre, les processus sont gérés uniquement en central. Il est impossible de créer des éléments ou des procédures au niveau des usines.

Une ergonomie simple

Comme MII gère les ateliers, ses utilisateurs sont eux aussi en atelier. Son ergonomie a donc été adaptée en conséquence. « SAP MII est une boite à outils qu'il convient de paramétrer pour couvrir les besoins exacts de l'entreprise » mentionne Aymeric de l'Hermuzière, directeur de projet chez SAP Consulting.

SAP MII est en cours d'implémentation depuis 2009. Il a fallu trois mois pour passer du concept au prototype sur une usine en Tchéquie et huit mois pour arriver à la pré-série. Les métiers ont bien sûr contribué à la définition de l'outil au travers de key-users mais, une fois l'outil défini, l'implémentation se fait sans latitude par chaque usine. Actuellement, le déploiement est industrialisé.

Faurecia a refusé de communiquer le budget du projet.