L'an dernier, Palm avait voulu innover avec son système d'exploitation WebOS, compatible actuellement avec deux modèles de téléphone seulement, le Pre et le Pixi. Mais, face à la concurrence féroce de l'iPhone d'Apple et des téléphones sous Android de Google, Palm a eu du mal à vendre ses mobiles. Ainsi, lors de son dernier bilan, l'entreprise a fait savoir qu'elle disposait d'un large stock de téléphones invendus et que ses bénéfices à venir seraient moins élevés que prévus. Dans ce contexte, la vente de Palm pourrait apporter l'argent nécessaire pour maintenir le développement de ses technologies. « L'entreprise va se concentrer sur le financement des téléphones et sur les technologies dont ils sont actuellement dotés, » a déclaré Chris Hazelton, analyste au sein du groupe 451. HP a déclaré qu'il augmenterait l'allocation en recherche et développement de Palm de 190 millions de dollars par an, et qu'il financerait en plus les activités de ventes et de marketing. « Nous avons l'intention d'investir massivement dans le développement de produits et les capacités go-to-market pour avancer sur ce marché, » a déclaré Todd Bradley, vice-président du groupe « systèmes personnels » de HP et ancien PDG de Palm, au cours d'une conférence téléphonique ayant pour objet la transaction.

Si HP compte gagner une part encore plus grosse du marché toujours en croissance des smartphones, l'entreprise espère également que la technologie de Palm pourra l'aider à faire des percées sur le nouveau marché des tablettes tactiles. « Nous voyons des opportunités supplémentaires au-delà des smartphones, » a déclaré Todd Bradley, mentionnant les ardoises ou tablettes tactiles. « Le marché de l'ardoise pourrait être un domaine de croissance clé pour HP, » a déclaré Jack Gold, analyste de J. Gold Associates. « Dans la mesure où les tablettes sont essentiellement destinées à l'usage Internet, cela permet à HP de déployer de nombreux services à base de cloud à partir desquels il peut générer des revenus, y compris ceux d'un App Store, de services de streaming, etc, » a t-il déclaré. L'utilisation de WebOS de Palm, qui ne fonctionne actuellement que sur les téléphones, à la place de Windows sur une tablette HP représenterait une concurrence nouvelle pour Microsoft même si HP a déjà indiqué que sa première tablette tactile tournerait sous Seven.

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HP qui vend également des téléphones Windows Mobile, occupe globalement une place très réduite sur ce marché. «Le marché Windows Mobile de HP est en train de s'éteindre rapidement, » souligne Jack Gold. Todd Bradley a vaguement déclaré pour sa part que HP continuera à être un partenaire stratégique pour Microsoft, mais sans préciser s'il s'agit de l'activité de téléphonie mobile ou uniquement de celle du PC. « Acheter Palm pour renforcer son activité de téléphonie, plutôt que de concevoir de nouveaux téléphones tournant avec le dernier système d'exploitation de Microsoft ou de choisir Android, aurait pu faire gagner du temps et de l'argent à HP, » estime Jack Gold. « Mais Palm apporte à HP une plate-forme moderne et compétitive déjà existante, opérationnelle et en production. Cela permet à HP d'économiser beaucoup d'argent en R & D de même que cela accélère considérablement les délais de commercialisation, » a t-il expliqué. Palm apporte « une technologie précieuse pouvant être exploitée dans de futurs produits, » a déclaré Charles King, analyste principal chez Pund-IT Research. Selon lui HP prend « un risque relativement faible pour un rendement potentiellement élevé. » Si HP réussit à édifier un Palm fort, il deviendra un « concurrent de premier plan » pour Google, HTC et Nokia, a déclaré Jack Gold. «Quant à [Research In Motion] et son BlackBerry et à l'iPhone d'Apple, ils seront relativement peu affectés par cette acquisition, au moins dans un avenir prévisible. Ceux-ci disposent de leurs bases d'utilisateurs et occupent des segments de marché peu susceptibles de trouver WebOS convaincant, » a t-il estimé. « Cependant, HP peut faire jouer sa forte présence auprès des entreprises, où il trouvera des opportunités de vendre le Palm, » a t-il dit.

Cependant, tous les analystes ne pensent pas que l'acquisition de Palm par HP est une bonne chose. « HP a besoin d'une forte présence dans le mobile que Palm ne lui apporte pas, » dit Charles Golvin, analyste chez Forrester Research. Selon lui, « HP aurait mieux fait d'essayer de débaucher des gens de Palm individuellement et à meilleur prix. » De plus, HP achète la marque Palm et la propriété intellectuelle de ses produits, « ce dont HP n'a pas besoin, » a t-il ajouté. En outre, il ne pense pas que la plate-forme WebOS soit « viable à long terme face à la concurrence. »

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HP compte sur la taille de son entreprise et son influence internationale pour aider à faire baisser le coût des appareils sous WebOS et pour stimuler leurs ventes. L'entreprise espère également encourager la communauté des développeurs WebOS à créer plus d'applications pour la plate-forme qui totalise actuellement 2.000 applications. « L'OS de Palm et ses matériels sont solides, » a déclaré Chris Hazelton, « mais une série de faux pas et un mauvais timing a mis l'entreprise dans l'obligation de recourir à un bailleur de fonds. Ses nouveaux téléphones ont été introduits alors que l'iPhone avait déjà un fort pourvoir d'attraction sur le marché et les appareils tournant sous Android étaient déjà vendus. «Ensuite [Palm] s'est associé avec le mauvais opérateur. Si Palm avait été promu par Verizon, les téléphones seraient sortis dans les jours ou les semaines, voire un mois ou deux après leur annonce, et cela aurait été bien plus favorable pour eux,» a déclaré Chris Hazelton. Au lieu de cela, Palm a été lancé avec Sprint, auquel on a reproché de ne pas avoir fait une bonne promotion du Pre, le premier portable de Palm doté du nouveau système d'exploitation. Palm a annoncé le nouveau logiciel en janvier l'année dernière et la commercialisation a démarré en juin.

Chris Hazelton pense que HP conservera la marque Palm, et donnera peut-être à la société une certaine autonomie pour fonctionner essentiellement comme une entité indépendante. HP a d'ailleurs déclaré que Palm deviendrait une unité commerciale au sein de l'entreprise. Palm a gagné sa notoriété essentiellement avec la création du PDA (assistant numérique personnel), avec l'emblématique Palm Pilot. La société a commencé à perdre pied lorsque le marché des PDA s'est s'essoufflé et sa transition vers le smartphone a été lente. Le dernier de ses fondateurs encore en poste, Ed Colligan, a quitté la compagnie en juin dernier. Jon Rubinstein, actuel PDG de Palm, peut-être mieux connu pour son rôle dans le développement de l'iPod d'Apple, restera avec l'entreprise. HP n'a toutefois présenté aucun programme qui obligerait Jon Rubinstein à rester une fois l'opération de rachat terminée.