Le Marriott des Champs-Elysées a accueilli hier les premières Assises des systèmes d'information durables. Initiée par Pierre Bonnet, Dominique Vauquier et Jean-Michel Detavernier, auteurs de l'ouvrage « Le système d'information durable », la communauté Sustainable IT Architecture (S-IT-A) vise à réfléchir aux moyens et aux étapes de refondre les systèmes d'information pour les rendre à la fois agiles et pérennes. Plus de deux cents personnes ont répondu à l'appel, décideurs en entreprise, consultants et éditeurs. (LeMondeInformatique.fr avait lui aussi choisi de s'associer à cet événement.) Les membres de S-IT-A ont pu exposer leur vision de l'évolution des SI, vers une architecture orientée services (SOA) étendue. En effet, si les SOA sont explicitement citées comme l'architecture de référence, S-IT-A distingue plusieurs étapes dans l'application de ses concepts (voir l'illustration). De la SOA de surface à la SOA de refonte Le premier niveau serait la SOA de surface, autrement dit l'ajout de technologies estampillées SOA au-dessus de l'existant. Pour Pierre Bonnet, directeur du conseil chez Orchestra Networks, il s'agit d'une étape nécessaire pour une évolution progressive, mais pas durable. Des témoignages utilisateurs ont confirmé cette vision des choses : à plus ou moins long terme, il faut envisager une refonte. Mais pour que cette SOA de refonte ne soit pas chaotique, les promoteurs de S-IT-A préconisent la mise en oeuvre d'« une chaîne d'agilité » (ACMS, Agility chain management system), extériorisant les données de référence dans un MDM (Master data management), les règles métier dans un BRMS (Business rules management system) et les processus dans un BPMS (Business process management system). Plusieurs éditeurs du secteur, sponsors de cette communauté qui prend à rebrousse-poil le discours des éditeurs majeurs du secteur, étaient là pour confirmer cette vision. Ilog, fournisseur d'un outil de BRMS et cofondateur de cette communauté, a expliqué notamment [[page]] qu'il faut identifier les règles susceptibles d'évoluer le plus rapidement, voire d'être gérées directement par les gens du métier, et choisir d'extérioriser celles-ci pour « créer des points de flexibilité ». Mais quelle que soit l'importance des ces technologies, a insisté de son côté Mario Moreno, responsable qualité et méthodes chez Generali Assurances, le plus important est de gérer le changement du sein de l'entreprise, en sensibilisant et en formant les gens. Autre élément essentiel selon lui, il faut mettre en place une gouvernance opérationnelle, et s'appuyer sur un cadre méthodologique rigoureux, « tel que Praxeme ; d'ailleurs je n'en connais pas d'autre à ce niveau ». Pour lui, la modélisation sémantique en amont, préconisée par Praxeme, la méthode publique initiée par Dominique Vauquier, est essentielle. D'abord pour guider les investissements en SOA dans les métiers qui en ont besoin, et ensuite pour éviter de se retrouver avec des systèmes jetables car mal conçus au départ. Obtenir des financements pour refondre l'architecture Les autres témoignages utilisateurs ont aussi mis en évidence des menaces qui guettent les projets SOA, en-dehors des « SOA de surface ». Pour Jean-Pierre Latour, qui travaille sur le portail de la sécurité sociale belge, il faut par exemple faire attention à n'introduire de la flexibilité que là où c'est nécessaire, car ces technologies offrant de l'agilité augmentent les coûts de développement, induisent de la fragilité de par leur complexité, et posent éventuellement des problèmes de performance. Autre question abordée lors de cette conférence, la façon d'obtenir des financements, ou au minimum du soutien, de la part de sa direction générale pour des projets de refonte qui, dans un premier temps pour la plupart, n'apportent rien en termes de fonctionnalités. De la même façon qu'il est impossible de déterminer une stratégie unique pour commencer un projet SOA, ce type de relation avec la direction générale dépend trop du contexte pour qu'on puisse établir une tactique gagnante à tous les coups. Restent quelques exemples. Ainsi, Jean-Michel Detavernier, DSI adjoint de SMABTP, a financé ses nouveaux projets grâce aux économies réalisées avec la suppression des anciens systèmes. Jean-Pierre Latour a lancé un fonds de roulement qui sert à financer des développements réutilisables, et s'alimente en facturant des équipes projet réutilisant des composants existants.