Le mega rachat à 40 milliards de dollars du britannique ARM par l'américain Nvida annoncé l'année dernière est loin d'être bouclé. Google, Qualcomm et Microsoft avaient déjà saisi les autorités de la concurrence aux États-Unis et en Europe il y a quelques mois, craignant de se voir restreindre l'usage des technologies ARM par Nvidia. Outre ces deux barrière juridiques à lever, une troisième de taille pourrait bien également remettre en cause cette opération. L'autorité de la concurrence et des marchés britannique (CMA) avait aussi été saisie en avril dernier par le secrétaire d'état britannique chargé du Numérique, Olivier Dowden. Avec à la clé une demande d'évaluation d'un risque élevé d'entrave à la concurrence qui est désormais avéré.

« La CMA a déterminé qu'une enquête approfondie sur l'accord entre Nvidia et ARM est justifiée pour des raisons de concurrence », a indiqué l'organisme dans un communiqué. Et Andrea Coscelli, directeur exécutif du CMA d'enfoncer le clou : « Nous craignons que Nvidia en contrôlant ARM crée de réels problèmes pour les concurrents en limitant leur accès à ses technologies clés et en étouffant finalement l'innovation sur un certain nombre de marchés importants et en croissance. Cela pourrait diminuer l'offre de nouveaux produits aux consommateurs ou provoquer une augmentation des prix ».

Confiance à toute épreuve chez Nvidia

Un rapport plus complet, dont un résumé a été mis en ligne, a été rendu par la CMA à Olivier Dowden. Ce dernier révèle plusieurs points à même de faire capoter ce très ambitieux rachat : « le CMA a constaté qu'ARM contrôle et dispose d'une position dominante sur le marché dans la fourniture de propriété intellectuelle de CPU pour les datacenters et les SmartNIC. En tant que premier fournisseur de longue date avec plus de 90 % de part de marché, Nvidia dispose également d'une position dominante dans la fourniture de GPU pour datacenters. Les éléments de preuve indiquent que l'entité fusionnée pourrait modifier l'interopérabilité entre les GPU et puces pour datacenters basés sur ARM et/ou les SmartNIC afin d'améliorer les produits de Nvidia et de bloquer l'opérabilité des produits concurrents, de manière à regrouper de facto l'offre de ces produits », peut-on lire dans le résumé.

Si les difficultés s'accumulent pour Nvidia, le temps lui est compté. En effet, une échéance de 18 mois a été fixée pour réaliser cette opération et pour l'instant le moins que l'on puisse dire c'est que la société est loin de voir le bout du tunnel. Cela ne l'empêche toutefois pas de voir le verre à moitié plein : « Nous attendons avec impatience l'opportunité de répondre aux points de vue initiaux de la CMA et de résoudre toute préoccupation que le gouvernement pourrait avoir. Nous restons convaincus que cette transaction sera bénéfique pour ARM, ses clients, la concurrence et le Royaume-Uni », a expliqué ARM à notre confrère The Register. Les discussions entre la CMA et Nvidia - en plus de celles avec l'autorité de la concurrence européenne et la FTC - promettent d'être serrées ces prochains mois.