L'engouement pour les réseaux sociaux a conduit des professionnels du recrutement à rédiger en novembre dernier une Charte pour prévenir les dérapages liés à l'utilisation abusive des données privées trouvées sur le Web. Cette initiative, lancée par l'association 'A Compétences Egales' (qui regroupe 40 cabinets de recrutement français autour de la lutte contre la discrimination à l'embauche), a reçu ce matin à Paris le soutien du Medef, de l'Apec et de Syntec Conseil en recrutement, de plusieurs associations impliquées sur les métiers de l'emploi(*) et du réseau social Viadéo. Une convention de partenariat a été signée entre ces différents intervenants afin d'assurer la promotion de cette « Charte réseaux sociaux, Internet, Vie privée et Recrutement », qui vise à sensibiliser tout autant les employeurs et les cabinets spécialisés que les candidats. Ne pas utiliser les moteurs de recherche ni les réseaux sociaux comme outils d'enquête « En tant que recruteurs, il est difficile de passer à côté des réseaux sociaux et les pratiques sont assez variables, reconnaît Alain Gavand, président de l'association A Compétence Egale. Selon lui, les risques de dérapage sont évidents puisque l'on peut accéder sur Internet à des informations « qui ne doivent pas être prises en compte dans le recrutement ». Ainsi, la Charte préconise d'abord à ses signataires de « limiter le recours aux réseaux personnels, du type Facebook ou Copains d'avant [...] à la seule diffusion d'informations, plus particulièrement d'offres d'emplois à des utilisateurs ayant manifesté leur intérêt pour de telles informations ». Elle suggère ensuite de « privilégier l'utilisation des réseaux professionnels, du type Viadeo ou LinkedIn » et, surtout, « de ne pas utiliser les moteurs de recherche ni les réseaux sociaux comme outils d'enquête pour collecter des informations d'ordre personnel [...] ». Ce souci de protection des données privées s'inscrit dans le cadre des préoccupations évoquées le 12 novembre dernier à l'occasion de « l'atelier sur le droit à l'oubli numérique », organisé par Nathalie Kosciusco-Morizet, secrétaire d'état chargée de la Prospective et du Développement de l'économie numérique. Lors de cette journée, au cours de laquelle Alain Gavand avait présenté la charte d'A Compétences Egales, NKM avait souhaité voir globalement les acteurs s'unir autour de bonnes pratiques, plutôt que de recourir à une loi. A ses côtés, Alex Türk, président de la CNIL, avait lui aussi déploré l'utilisation par les employeurs d'informations personnelles publiées sur le Web par les internautes. Un engagement qui correspond à la déontologie de la profession, juge Syntec Conseil en recrutement (*) Parmi les signataires de la Convention de partenariat pour la promotion de la Charte figurent Prisme (Professionnels de l'intérim, services et métiers de l'emploi), le CDJ (centre des jeunes dirigeants d'entreprise), les associations Ethique & Recrutement et IMS-Enterprendre pour la Cité, ainsi que l'ANDRH (association nationale des DRH). Par ailleurs, les sites d'annonces Adenclassifieds et Monster se seraient également engagés à signer. [[page]] «Il faut trouver le juste milieu entre le développement des outils numériques et la sauvegarde de notre droit à la vie privée», a rappelé ce matin le sénateur Yves Détraigne en saluant la Charte promue par 'A Compétences Egales'. Avec la sénatrice Anne-Marie Escoffier, il est à l'origine d'une proposition de loi qui permettrait de soumettre au droit français les acteurs internationaux impliqués sur la Toile, dès lors qu'il s'agit de protéger les données privées. Des dispositions qui viendraient compléter la loi 'Informatique et Libertés' de 1978 dont « les principes demeurent valables et permettent de faire valoir ses droits, insiste Yves Détraigne. On peut s'opposer à la publication d'une information, la faire rectifier, etc. La Charte, de son côté correspond à une prise de conscience des acteurs concernés ». Egalement présents ce matin, des représentants de la CNIL et du secrétariat d'Etat au développement de l'Economie numérique ont souligné l'intérêt de trouver une complémentarité entre les différents moyens d'action possibles : la loi, le régulateur et la charte de bonnes pratiques. Un engagement qui correspond à la déontologie de la profession, juge Syntec Conseil en recrutement Maryvonne Labeille, présidente de Syntec Conseil en recrutement, signataire de la Charte établie par 'A Compétences Egales', estime que cet engagement correspond à la déontologie de la profession. Elle a tenu à rappeler que les réseaux sociaux avaient sensiblement favorisé la diversité dans la recherche des profils : « Nos chargés de recherche surfent en permanence sur ces outils ». D'où l'importance de règles de bonne conduite parmi les recruteurs et d'un effort de pédagogie auprès des candidats. « Nous ferons passer le message auprès des adhérents du Syntec pour que ces informations aillent jusqu'au bout de la chaîne du recrutement, a-t-elle affirmé. Nous recevons des milliers de candidats cadres auprès desquels une action de sensibilisation sera menée ». Au passage, la présidente de Syntec Conseil en recrutement a tenu à souligner que les jeunes gens n'étaient pas les seuls à faire quelquefois un mauvais usage des outils du Web 2.0. « Attention au manque de confidentialité vis-à-vis de l'employeur », a-t-elle conseillé aux seniors tentés de communiquer sur le Web des informations d'ordre professionnel, sur des blogs ou sur les réseaux sociaux. La Charte réseaux sociaux, Internet, Vie Privée et Recrutement peut être signée en ligne.