SAP et Sybase ont tenu une conférence d'étape ce jeudi 19 août, entre Boston et Francfort, soucieux d'éclairer le marché et ses observateurs sur les progrès réalisés depuis le rapprochement des deux sociétés en mai dernier. Evidemment pressés de questions de toutes parts depuis lors, ils ont tracé hier, à grands traits, leurs plans pour les mois à venir, sans donner énormément de détail néanmoins. D'ici neuf mois, SAP et Sybase livreront une plateforme de développement mobile sur laquelle ils travaillent conjointement. Basées sur des standards ouverts, celle-ci supportera les principaux systèmes d'exploitation mobiles et terminaux.

Un kit de développement (SDK) sera fourni, permettant de bâtir interfaces utilisateurs et workflow. « Nous n'allons pas porter les applications vers les mobiles, mais permettre au terminal mobile d'accéder aux applications », a expliqué Jim Hagemann Snabe, co-CEO de SAP. Il précise qu'il sera ainsi possible, depuis un terminal mobile, d'exploiter les informations gérées dans la Business Suite de SAP (qui rassemble l'ERP et ses solutions de gestion périphériques) ou dans la suite hébergée Business ByDesign, et de tirer parti d'applications analytiques.

Mais pour l'instant, rien de concret donc, si ce n'est bien sûr les applications mobiles déjà co-développées par les deux sociétés avant le rachat de mai dernier, Sybase Mobile Sales pour SAP CRM et Sybase Mobile Workflow pour la Business Suite.

Comme prévu, Sybase reste indépendant

Depuis Boston, John Chen, PDG de Sybase, a tenu à rappeler, aux côtés de Bill McDermott, co-PDG de SAP, l'indépendance de fonctionnement conservée à sa société. Il est important que l'entreprise garde la culture qui a contribué à son succès et John Chen a tenu à rassurer ses clients sur ce point. L'ensemble des gammes de produits de Sybase continuera à être développé et supporté. « Il n'y a aucun doute là-dessus », a réaffirmé Bill McDermott. L'objectif est que Sybase et SAP poursuivent leur croissance respective. Un peu plus tard, Vishal Sikka, directeur technique et membre du comité exécutif de SAP, a vigoureusement confirmé qu'il n'était pas absolument pas question d'arrêter quelque produit Sybase que ce soit.

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A l'inverse, il est prévu de certifier l'utilisation de la base de données ASE (Adaptive Server Enterprise) avec la suite de gestion de SAP (Business Suite). Cela ne devrait pas être réalisé avant le courant du premier semestre 2011, selon Vishal Sikka (le processus de certification n'ayant rien de trivial). Au passage, il a rappelé que SAP supportait déjà de nombreuses bases de données et qu'il n'était en revanche pas question de remplacer à terme la base de données maison, MaxDB, par ASE. « Il y a plusieurs milliers de clients SAP qui utilisent MaxDB et cette technologie est mise à l'oeuvre dans les appliances analytiques actuellement en préparation », a-t-il souligné en ajoutant ironiquement que le monde était bien assez grand pour accueillir toutes ces innovations.

Se développer plus vite en Chine grâce à Sybase

Hier, les co-PDG de SAP ont expliqué également que le groupe allemand comptait se servir de Sybase comme « tête de pont » pour se développer plus rapidement sur les marchés où le spécialiste de la mobilité est déjà très présent, en particulier la Chine ou le Japon. « Le mobile est le nouveau desktop », a rappelé Bill McDermott en indiquant que SAP comptait étendre rapidement son marché potentiel en s'appuyant sur le succès de Sybase dans ces régions où l'adoption des terminaux mobiles double celle des postes de travail classiques. Jim Hagemann Snabe a évoqué l'intérêt que cette présence pouvait représenter pour diffuser l'offre de gestion « à la demande » Business ByDesign, la Chine étant l'un des six pays où l'application en ligne est actuellement commercialisée.

L'apport des technologies in-memory

Enfin, il a évidemment été question également des technologies « in memory » sur lesquelles les équipes de Sybase et SAP ont chacune de leur côté largement investi depuis plusieurs années. D'une part, les clients se verront proposer une infrastructure pour gérer les applications analytiques de bout en bout, en englobant les aspects de stockage (datawarehouse, datamarts, moteurs de stockage pour les transactions...), de récupération de l'information archivée (discovery) et de restitution des données avec les outils de Business Objects (reporting, scorecarding, tableaux de bord, analyse multidimensionnelle, etc.). D'autre part, les technologies de Sybase et SAP seront combinées pour permettre aux utilisateurs d'accéder en temps réel aux données, où qu'ils se trouvent.

A l'issue de la conférence, les dirigeants de SAP ont été pressés de donner des exemples concrets des bénéfices de l'analyse in-memory pour les entreprises. Jim Hagemann Snabe avait déjà souligné l'intérêt de ces technologies pour le secteur de la distribution par exemple, rappelant l'importance de pouvoir contrôler ses approvisionnements ou sa production en fonction de la demande réelle. Prenant en main une tablette numérique iPad, il a insisté sur les facilités apportées par ce type de terminaux et pronostiqué qu'on devait s'attendre à voir arriver des applications que l'on n'aurait pas pensé à développer avant de disposer de ce type d'outils. A l'instar de John Chen qui l'avait annoncé un peu plus tôt, il a insisté sur la préparation de solutions mobiles spécifiques pour une vingtaine de secteurs d'activité.

Vishal Sikka, de son côté, a évoqué l'utilisation du complex event processing (CEP) pour communiquer des informations en temps réel en provenance des plateformes pétrolières. Les applications de CEP permettent d'analyser au fil de l'eau une grande quantité de données afin de déclencher des actions en fonction d'événements déterminés.