SAP envisage d'augmenter le prix de son offre de support logiciel standard dans le courant de l'année. Cette hausse de tarif ne sera applicable qu'aux nouveaux contrats. « À compter du 15 juillet 2013, afin de garantir le même niveau de qualité à l'avenir, nous allons faire passer le taux appliqué aux nouveaux contrats de maintenance SAP Standard Support de 18 % à 19 % », a déclaré hier l'éditeur allemand dans un communiqué adressé à ses partenaires. « Cet ajustement ne s'appliquera pas aux contrats signés avant cette date », est-il précisé. « Nous en informons nos clients dès maintenant pour leur permettre de mieux planifier leur budget dans cette perspective », précise encore la société. « Nous encourageons nos clients à acheter avant le 14 juillet 2013 de nouvelles licences assorties du SAP Standard Support au taux actuel de 18 % ».

SAP propose également, sous le nom d'Enterprise Support, un service de maintenance haut de gamme, facturé plus cher. Il y a quelques années, celui-ci a fait l'objet de controverses, SAP ayant alors décidé de basculer automatiquement tous ses clients vers ce support plus coûteux. Le tollé provoqué pendant des mois chez les groupes d'utilisateurs de ses logiciels à travers le monde a obligé l'éditeur à quelques concessions de prix. Il a en particulier rétabli la tarification du contrat de support standard.

Le prix d'Enterprise Support bloqué jusque fin 2016

Le changement de prix annoncé hier ne s'applique pas à l'application SAP Business One qui s'adresse aux PME. Le communiqué précise aussi que le contrat « Enterprise Support » n'est pas affecté non plus.

Cela fait un certain temps que la hausse du tarif du support standard est dans l'air chez SAP. Déjà, en mars 2010, dans une présentation officielle, l'éditeur indiquait que le prix catalogue du support standard serait bloqué jusqu'à la fin 2012, contre fin 2016 pour l'offre Enterprise Support. On ne se sait pas très bien ce que SAP espère tirer en revenus de l'augmentation de ce service, d'autant que, comme l'a déclaré le directeur financier de SAP, Werner Brandt : « environ 95 % des clients ont adopté Enterprise Support ».

Des marges déjà très confortables

Cependant, l'annonce de SAP pourrait irriter certains utilisateurs. Selon l'analyste Frank Scavo, président du cabinet-conseil en IT Strativa, « les clients doivent poser à SAP un certain nombre de questions », écrit-il dans un blog. « D'une part, le différentiel de 1 point équivaut en réalité à une hausse de prix de 5,5 % par rapport au taux actuel de 18 % », affirme l'analyste. « Qu'est-ce que SAP va offrir de plus en terme de service pour justifier cette hausse de 5,5 % ? », demande encore Franck Scavo. « Est-ce que l'amélioration du programme de support de SAP va se traduire par une baisse des coûts internes de 5,5 % chez les clients ? », demande-t-il.
Pour SAP, comme pour les autres éditeurs de logiciels, la maintenance génère déjà des marges très confortables. « Pourquoi faudrait-il que ce soit encore plus rentable ? », écrit Franck Scavo. « Dans quelle mesure les coûts de support de SAP ont-ils augmenté pour justifier cette hausse de tarif ? », ajoute l'analyste. « Normalement, pour les produits matures, ce coût diminue au fil du temps, puisque les problèmes liés au code sont résolus ». Si bien que, pour l'analyste, SAP devrait réduire les tarifs de son support, et non les augmenter.
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Des offres tiers moins coûteuses mais limitées

L'annonce va aussi inciter des fournisseurs de logiciels de support tiers, comme Rimini Street surtout présent aux Etats-Unis, à marquer la différence entre leurs offres et celles des éditeurs. Rimini Street et d'autres fournisseurs tiers disent à leurs clients qu'en passant par leurs services, ils pourront réaliser des économies conséquentes tout en profitant d'un service de qualité. Cependant, leurs offres ne peuvent concerner que des clients qui ne souhaitent pas améliorer leurs systèmes, car cela n'est possible qu'en passant par le support fournisseur.

Depuis un certain temps, Oracle poursuit Rimini Street devant la justice, au motif que celui-ci a reproduit un modèle commercial d'une ancienne filiale de SAP, TomorrowNow, qui vendait du support pour les logiciels d'Oracle et avait été accusée de téléchargement illégal de documents de maintenance. Une précédente action en justice initiée en 2007 par Oracle avait obligé SAP à fermer sa division. Bien que l'affaire ne soit toujours pas résolue, l'éditeur allemand avait du verser d'importants dommages et intérêts à Oracle. Rimini Street nie toujours avoir commis des actes illégaux et affirme que le procès d'Oracle a pour seul but de barrer la route à un concurrent.