Les disques SSD sont trop chers et ne décolleront pas, avait dit le patron de Seagate au magazine Fortune le mois dernier. Mais il avait ajouté que s'ils avaient du succès, alors il considérerait une action en justice. Et Bill Watkins tient ses promesses : le patron du plus gros fabricant de disques durs vient d'assigner STEC, fabricant de disques à mémoire électronique (SSD, solid state drive), devant une cour de justice américaine, pour violation de quatre brevets. Dans une lettre ouverte, Bill Watkins explique bien évidemment que cela n'a rien à voir avec une tentative quelconque de torpiller le marché naissant des SSD, réputés plus fiables et plus rapides que les disques durs magnétiques traditionnels. Il s'agit juste, dit-il, de préserver les quelque 7 Md$ investis en R&D depuis une dizaine d'années, et le portefeuille de 3 900 brevets enregistrés aux Etats-Unis. « Nous apprécions les avancées dans ce domaine [les SSD], ainsi que dans d'autres technologies, écrit Bill Watkins. En fait nous continuons d'investir considérablement en R&D et nous avons maintenant des équipes se concentrant sur le développement de SSD Seagate et de technologies liées. Le but de ce procès est de préserver pour nos actionnaires la valeur que nous avons créée en construisant notre portefeuille de brevets. » Seagate brandit la menace de procès pour récolter des royalties [[page]] Avec un chiffre d'annuel inférieur à 200 M$, STEC est un petit poisson, qui a apparemment valeur d'exemple. Car la menace pointe sous l'appel au dialogue. Le CEO de Seagate explique en effet qu'il préférerait ne pas avoir à mettre ses ressources en branle pour attaquer les autres fabricants (pour rappel, Seagate a réalisé 11,4 Md$ de chiffre d'affaires en 2007, et 913 M$ de bénéfice net). Le mieux, dit-il, serait que ces derniers lui versent spontanément des royalties : « Nous préférerions éviter des procès coûteux et perturbateurs, et à la place nouer des partenariats commerciaux et des accords de licence constructifs avec d'autres dans notre industrie. » De tels accords auraient un triple mérite pour Seagate : cela lui rapporterait de l'argent facilement, cela renchérirait le prix des SSD des concurrents (qui devraient refacturer au client cette sorte de taxe Seagate), et cela lui ferait gagner du temps - pendant la durée des négociations - pour proposer au marché sa propre gamme de SSD.