Bien connu des utilisateurs à la recherche de plus de performances sur les stations de travail et les serveurs, Fusion-IO, basé à San José, conçoit des cartes PCIe équipées de mémoire Flash SLC ou MLC (selon la capacité) pour accélérer les applications. Cette mémoire additionnelle, qui vient se placer entre la RAM et les disques SSD, dope les échanges entre les processeurs et les logiciels. HP, IBM et Dell revendent aujourd'hui ces produits. Avec succès puisque Neil Carson, CTO de la compagnie, nous précise que Fusion-io n'arrive pas à fournir suffisamment de cartes. « Nous vendons aujourd'hui plus que ce que nous produisons ». Très performantes, ces solutions sont également sécurisées avec de la redondance sur les contrôleurs et les composants mémoires. « Nous proposons une architecture à plusieurs niveaux pour éviter la perte et la corruption de données ».

Neil Carson, CTO de Fusion-IO à San Jose

Pour poursuivre son développement, cette start-up qui compte dans ses rangs le co-fondateur d'Apple Steve Wozniak, en tant que responsable scientifique, a levé 45 millions de dollars lors d'un troisième tour de table en avril dernier ce qui porte à 111 millions le financement global. En mars 2008, la compagnie avait démarré avec un capital de 19 millions de dollars. Rapidement rejoint par les 47,5 millions de dollars fournis par Lightspeed Venture Partners et d'autres financiers. En plus de Meritech, les investisseurs comprennent Accel Partners, Andreessen Horowitz, Triangle Peak Partners, et New Enterprise Associates (NEA). La mémoire Flash est aujourd'hui un des secteurs les plus dynamiques sur le marché du stockage. Fusion-IO va investir son argent neuf dans « l'élargissement de ses infrastructures pour soutenir l'augmentation rapide de ses ventes » et « soutenir le développement des technologies de prochaine génération de ses produits. »

Stockage en mode Open Source avec Nexenta

Le monde du stockage est aujourd'hui particulièrement bien représenté dans le monde des start-ups. Nexenta Systems, installé à Mountain View et employant 30 personnes, propose un système de stockage, NexentaStor 3.0, qui repose sur le format de fichiers Open Source ZFS (Zettabyte File System) développé par Sun Microsystems. NexentaOS, le coeur du système, est un assemblage des distributions Linux Debian et Ubuntu, et du kernel d'Open Solaris qui apporte la gestion des processeurs multicoeurs et du clustering. « Tous les pans de l'industrie évoluent vers plus d'ouverture et de standardisation à l'exception du stockage. Nous nous efforçons de soutenir ce changement », ajoute Jon Ask, vice-président et responsable des ventes chez Nexenta.

Jon Ash, vice-président en charge des ventes chez Nexenta à Mountain View

Gérant nativement la déduplication, cette solution augmente la quantité de données pouvant être conservée sur un serveur en la stockant de manière plus efficace. Rappelons que la déduplication réduit la quantité de stockage demandée par certains types de données, en identifiant les bits identiques et en les réduisant à un seul bloc. La déduplication est généralement effectuée lors de la sauvegarde ou de la reproduction de copies de données.

 

Illustration : siège de Coraid à Redwood City, crédit Serge Leblal

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« Nous ne vendons pas de matériel, mais une solution software à installer sur une machine », nous précise Brad Stone, vice-président en charge des systèmes chez l'éditeur. NexentaStor offre une alternative aux systèmes de stockage propriétaire avec une plateforme Open Source qui fonctionne sur des serveurs x86 ou une appliance dédiée. Le service est principalement vendu comme une "boîte blanche" par des éditeurs de plateformes de stockage qui l'intègrent à leur matériel. L'un des marchés cibles de l'entreprise est constitué des fournisseurs de services Internet qui souhaitent développer des offres Cloud comme celles d'Amazon.com.

La dernière version de NexentaStor propose de nouvelles fonctions, comme le support des trois principaux hyperviseurs dans un environnement unifié baptisé Nexenta Virtual Machine Datacenter. VMDC 3.0 travaille avec VMware, Citrix Xen et Microsoft Hyper-V, permettant ainsi aux administrateurs de superviser avec un outil unique les trois environnements et de gérer le stockage de données utilisé par chacun d'eux. En outre, un administrateur peut utiliser VMDC pour cloner un bureau virtuel préconfiguré et destiné à plusieurs utilisateurs. Le support des trois hyperviseurs dans VMDC devrait faciliter la vie des administrateurs gérant plusieurs systèmes de virtualisation, car il n'est pas toujours facile de déplacer les données d'une plate-forme à l'autre.

L'ajout de la déduplication des données primaires contribue également à améliorer la gestion de l'espace de stockage, mais sous certaines conditions. La déduplication consiste en effet à trouver un compromis entre les cycles des processeurs (qui effectuent la déduplication des données et le retour à la forme originale) et la capacité de stockage. Si les besoins d'une entreprise ne tolèrent pas les retards, elle ne pourra pas tirer profit de la déduplication des données primaires. NexentaStor peut être téléchargé pour un essai gratuit sur le site Web de l'entreprise.

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Concluons cette journée avec un passage chez Coraid à Redwood City. Installée dans un bâtiment qui fait face au campus d'Oracle, cette start-up créée en 2000 par Brantley Coile, aujourd'hui CTO, sort de la clandestinité grâce au renouvellement de l'équipe dirigeante et à l'arrivée de nouveaux investissements. Kevin Brown, fondateur de Kidaro (qui a été rachetée par Microsoft), puis de Decru (acquis par NetApp) et d'Inktomi, a été chargé de relancer Coraid (pour Cluster of Raid) et sa solution de stockage reposant sur la technologie ATA over Ethernet (AoE). Pour renforcer le capital, la compagnie a reçu en mars dernier 10 millions de dollars d'Allegis Capital et d'Azure Capital Partners. La société a également annoncé qu'Audrey MacLean assumait désormais la présidence du conseil d'administration et que Mark Leslie et Charles Giancarlo avaient investi dans la start-up et rejoint le conseil consultatif.  Rappelons pour mémoire qu'Audrey MacLean a été la fondatrice de Network Equipment Technology, Mark Leslie le PDG fondateur de Veritas Software, et Charlie Giancarlo, l'ancien vice-président exécutif et directeur du développement de Cisco. Une armée de vétérans chargés de réveiller la start-up.

Baie de stockage Coraid dans un caisson renforcé pour l'armée US en Afghanistan

Avec ses systèmes AoE, Coraid assure qu'elle propose une solution cinq à huit fois plus rapide que la Fibre Channel et l'iSCSI. La société, qui a lancé sa plate-forme de stockage EtherDrive en 2005, affirme que ses systèmes permettent aux utilisateurs d'assembler des architectures SAN pour moins de 500 $ par téraoctet et sont idéaux pour les infrastructures Cloud. AoE est un protocole qui permet aux baies de stockage Serial ATA de communiquer sur des réseaux Ethernet. Il ne repose pas sur le protocole TCP/IP et les paquets sont envoyés vers d'autres appareils sans utiliser d'adresse IP. D'où un gain très important en performance même si en cas d'erreur ou de collision de paquets, il est nécessaire de les renvoyer. « Le TCP/IP est parfait pour envoyer un mail d'ici en Chine, mais pour déplacer 100 Go du rack 1 au 3, c'est inutile », précise Kevin Brown. AoE diffère également des technologies Fibre Channel et iSCSI en ce qu'il utilise les commandes ATA plutôt que SCSI. « Nous sommes les plombiers du réseau pour transporter les données sur les couches basses du réseau », explique encore Audrey MacLean. »Nous sommes une compagnie logicielle, mais nous ne revendrons pas notre technologie à d'autres. Quelques fois les partenariats sont fatals ».

Etoffer les forces commerciales et marketing

Le plan de développement de Coraid prévoit un renforcement des forces de vente et de marketing. « Nous avons aujourd'hui plus de 1 100 clients dans le monde, dont la Nasa, EADS, BCM, le MIT, Sony DADC, Lockheed Martin... sans vendeurs, nous allons mettre progressivement en place l'organisation nécessaire pour accompagner la croissance de la compagnie », précise la charismatique Audrey MacLean. « Nous restons une start-up avec des produits fonctionnels qui répondent aux besoins du marché. Aujourd'hui avec la généralisation du 10 Gigabit et l'arrivée du 40 Giga, l'Ethernet reste d'actualité. Nous pouvons entrer en compétition avec l'iSCSI et le Fiber Channel avec une solution bien moins chère », complète Kevin Brown « puisque nous éliminons les topologies complexes et la gestion des architectures FC ».

Audrey MacLean, présidente du conseil d'administration de Coraid

Demain, nous poursuivrons notre tournée dans la vallée avec les sociétés Quantum et A10 Networks, à San Jose, et des rencontres particulièrement intéressantes chez l'incubateur PlugandPlay à Sunnyvale : des start-ups américaines créées par des entrepreneurs français, Cash Klick et Equinoa.