Le Californien SeaMicro a annoncé qu'il avait développé un serveur composé de 512 processeurs Intel Atom de faible puissance montés sur de petites cartes mères, le SM 1000. Le choix des puces Atom, que l'on trouve le plus souvent intégrées aux netbooks bon marché, Andrew Feldman, PDG de SeaMicro et personnage controversé dans la Silicon Valley, l'explique en disant qu'elles peuvent être plus efficaces sur le plan énergétique que des processeurs x86 traditionnels. En particulier pour le Cloud et certains types d'opérations dédiées à Internet où les charges de travail ont tendance à être plus petites en taille, mais plus grosses en volume. « Les serveurs actuels sont moins efficaces pour les petites charges de travail, » explique Andrew Feldman. « Les puces haute performance pour serveurs, comme l'Intel Xeon d'Intel et l'AMD Opteron sont mieux adaptées aux charges de travail nécessaires pour faire tourner les applications de type bases de données dans les entreprises traditionnelles », explique-t-il.

Des solutions alternatives

Ancien directeur marketing, Andrew Feldman oublie volontiers que certains serveurs en rack ou sur lames sont animés par des puces x86 double coeurs traditionnels ou basse consommation et offrent un très bon rapport encombrement/performance. Pour lui, les processeurs Atom, mis en série, fournissent de meilleures performances par watt dans un environnement Cloud. « La puce Atom s'avère bien adaptée pour la gestion des applications ordinaires, moins pour les opérations de calcul très difficiles. Et l'Internet est un secteur où il y a essentiellement des tâches ordinaires », a-t-il déclaré. Des benchmarks permettront de valider - ou non - ces propos quand ils seront publiés.

D'autres vendeurs se sont également tournés vers des solutions alternatives, mettant en oeuvre des serveurs avec des puces basse consommation. Ainsi, Dell a construit, pour certains de ses clients passés au Cloud, des serveurs reposant sur des processeur Nano fournis par Via Technology, et un groupe de recherche de Microsoft a également dévoilé l'année dernière des serveurs expérimentaux à base de puces Atom.

Illustration : Le SM1000 de SeaMicro, à partir de 140 000 $ (crédit photo : DR)
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Pour économiser l'espace et réduire la consommation d'énergie, SeaMicro a réalisé son serveur SM1000 avec le moins de composants possible. Celui-ci est donc constitué de 512 cartes mères miniatures intégrant chacune un processeur Atom Z530 cadencé à 1,6 GHz, et reliées entre elles par un connecteur permettant un débit théorique de 1,28 térabits par seconde. En général, les cartes mères pour serveur comprennent des composants pour effectuer des tâches liées au stockage et à l'échange réseau, mais SeaMicro dit avoir virtualisé les entrées/sorties avec un contrôleur ASIC (Application-Specific Integrated Circuit) émulant le hardware, ce qui permettrait de se passer « de 90%» des composants d'une carte mère traditionnelle.

Une carte mère de la taille d'une carte de crédit

« Cette technologie nous permet de limiter la carte mère à la taille d'une carte de crédit », a expliqué le PDG de SeaMicro. Sur la carte mère, « seules demeurent les éléments principaux que sont la DRAM, le contrôleur et le CPU Atom », a-t-il précisé. « Le serveur se compose de 10 racks empilés en hauteur pour occuper 17,5 pouces - 45 cm - soit un quart de l'espace qu'occuperait un serveur traditionnel, mais aussi un quart de la puissance, pour une charge de travail équivalente », a indiqué Andrew Feldman. Cependant pour améliorer les performances, « les puces Atom pourraient être remplacées par d'autres processeurs x86 ou des composants reposant sur une architecture ARM ».

Livraison annoncée vers le 30 juillet

« Le SM1000 a un design unique qui pourrait amener d'autres vendeurs à repenser la façon dont ils construisent les serveurs », a déclaré Cal Braunstein, PDG du cabinet Robert Frances qui réalise des études de marché. « Ces serveurs ont été conçus pour un usage particulier. Avec cette architecture, ils peuvent utiliser des puces Atom et répartir la charge de travail entre un grand nombre de processeurs travaillant simultanément. Ce type de machine est adapté à certaines tâches Internet », ajoute encore Cal Braunstein. De plus, les datacenters se trouvent confrontés à des contraintes énergétiques. « Des serveurs comme le SM1000 peuvent aider à résoudre ce problème tout en réduisant la facture d'électricité. »

Bien évidemment, SeaMicro a fait savoir que certains clients utilisaient déjà sa machine, mais n'a pas souhaité les nommer. Officiellement, le serveur SM1000 de SeaMicro devrait être livré aux Etats-Unis vers le 30  juillet, pour un prix démarrant à 140 000 dollars US.