Certaines rumeurs sont persistantes. Celle concernant un éventuel rachat de l'éditeur allemand Software AG par son compatriote SAP vient de rebondir cette semaine à la suite de déclarations émanant de leurs dirigeants respectifs. Dans une interview donnée à Bloomberg News, le PDG de Software AG, Karl-Heinz Streibich considère que SAP serait sans aucun doute en adéquation avec sa propre entreprise. Il rappelle néanmoins que, pour toute acquisition, le prix offert se doit d'être excellent. Or, Software AG est le deuxième éditeur de logiciels outre-Rhin, derrière SAP, avec un chiffre d'affaires consolidé de 1 milliard d'euros depuis le rachat de son compatriote IDS Scheer à l'été 2009.

Software AG possède les offres webMethods et Aris

Les remarques de son PDG ont été recueillies la semaine même où SAP tenait son conseil d'administration annuel. Au cours de celui-ci, le co-PDG, Jim Hagemann Snabe aurait indiqué que l'éditeur de Walldorf était ouvert à d'autres acquisitions importantes après celle tout juste réalisée avec Sybase (encore en cours) qui s'est tout de même établie à 5,8 milliards de dollars. SAP ne souhaite pas commenter ces rumeurs spéculatives.

Il est vrai que le portefeuille de logiciels de Software AG (solutions d'intégration SOA et de gestion des processus métiers) viendrait enrichir de façon conséquente l'offre middleware NetWeaver de SAP avec des produits reconnus tels que ceux de webMethods (éditeur américain racheté en 2007). Et désormais, la société dirigée par Karl-Heinz Streibich possède aussi les outils de modélisation Aris, d'IDS Scheer. Ce dernier est en outre, de longue date, un très proche partenaire de SAP.

Illustration : Karl-Heinz Streibich, PDG de Software AG, récemment reconduit dans ses fonctions pour cinq ans (crédit photo : Software AG)
[[page]]Rappelons que, sur le terrain de l'intégration, Oracle a déjà racheté, en 2008, le spécialiste de l'intégration BEA Systems. Par ailleurs, cela ne l'empêche pas d'utiliser en OEM la technologie de modélisation des processus métiers Aris d'IDS Scheer.

Il y a quelques mois à peine, en décembre dernier, SAP a déjà procédé à une acquisition dans le middleware, reprenant une partie des actifs de SOALogix pour les intégrer notamment à son offre de gestion du cycle de vie des produits (PLM).

Mais Software AG représente vraiment un acteur majeur sur ce marché. De surcroît, ses équipes savent vendre ces technologies quand SAP est d'abord un spécialiste des applications de gestion.

Tibco et SOA Software sont aussi des cibles pour SAP

Sur le marché du middleware, « si vous ne disposez pas vos propres outils, vous êtes dépendant de quelqu'un d'autre, argumente Ray Wang, associé du cabinet d'études Altimeter Group. Pour SAP, ce sont des actifs stratégiques à posséder ». Bien sûr, il y a NetWeaver. Mais pour Ray Wang, cela ne suffit pas. Ces solutions middleware conviennent pour des besoins génériques, selon lui, « mais dès que vous devez gérer beaucoup de données hétérogènes en sortant du monde SAP, vous vous rendez vite compte des difficultés », estime-t-il.

Ray Wang entrevoit d'autres cibles pour l'éditeur allemand d'ERP. Tibco, par exemple, dont le possible rachat a déjà été évoqué en août 2009. Mais aussi SOA Software, moins coûteux. De nombreux clients de SAP utilisent déjà les technologies de ces deux éditeurs souligne l'analyste d'Altimeter.

Enfin, s'il note que les avancées importantes réalisées ces derniers temps sur NetWeaver pourraient détourner SAP d'un rachat dans le middleware, il souligne aussi la nécessité, pour un acteur de cette importance, de maintenir sa croissance vis-à-vis de ses actionnaires. « Pour grossir, vous devez alors procéder à de grosses acquisitions, comme le font IBM et Oracle. Certes, il a fallu du temps à SAP pour s'y résoudre. »