Ces derniers mois, Microsoft n'a pas été avare en annonces pour dévoiler les nombreuses fonctionnalités de SharePoint 2013, mais l'éditeur ne s'était guère étendu sur la fusion de SharePoint avec le logiciel de réseautage social d'entreprise hébergé dans le cloud, Yammer. Mais, avec la conférence SPC 2012 qui se déroule à Las Vegas, Microsoft a commencé à répondre aux questions des participants quant à la feuille de route qui doit mener à l'intégration des deux produits.

Avant le rachat de Yammer au mois de juillet dernier pour 1,2 milliard de dollars, les deux sociétés avaient commencé à établir une passerelle entre les deux solutions de collaboration en utilisant leurs API respectives. Mais Microsoft a annoncé hier qu'il allait approfondir les échanges en proposant une identité unifiée, en permettant la gestion combinée des documents et en facilitant l'agrégation des flux respectifs. Les responsables de Microsoft souhaitent « une intégration beaucoup plus large entre Yammer, SharePoint et d'autres produits Microsoft ». L'éditeur a également annoncé qu'il ne proposerait plus l'édition Business de Yammer, et qu'il baisserait le prix de l'édition Entreprise, la plus élaborée des deux, de 15 à 3 dollars par utilisateur et par mois. Par ailleurs, Microsoft va regrouper Yammer Enterprise avec la version hébergée dans le cloud du serveur de collaboration, SharePoint Online. Celle-ci peut être achetée en version autonome ou avec la suite Office 365.

Une bascule vers le cloud et le mobile

Par ailleurs, des applications natives mobiles SharePoint pour les terminaux sous Windows 8, Windows Phone, iOS et Android sont prévues. Celles-ci permettront aux utilisateurs d'accéder à des flux d'informations et à des documents de l'outil de collaboration. «SharePoint 2013 est essentiel parce qu'il inaugure une nouvelle ère », a déclaré Jared Spataro, directeur senior du marketing produit SharePoint, lors de la keynote d'ouverture. En fait, cette version clôture le cycle des grosses mises à jour sorties au cours de ces trois dernières années. « Désormais, le cycle de mise à jour - fixé tous les 90 jours  - concernera essentiellement SharePoint Online », a-t-il déclaré. En effet, Jared Spataro et d'autres intervenants ont précisé que Microsoft voulait inciter les clients à utiliser la version Online plutôt que d'installer le produit sur site. « Nous recommandons le cloud pour bénéficier d'une meilleure performance globale », a déclaré Jeff Teper, le vice-président corporate de SharePoint. « Ceux qui ne sont pas prêts à aller vers la version cloud de SharePoint trouveront dans SharePoint 2013 la plus grosse mise à jour jamais réalisée à ce jour pour le produit », a-t-il ajouté.

En fait, une grande partie de la conférence, qui se tient jusqu'à jeudi, sera consacrée aux nombreuses améliorations apportées par SharePoint 2013 et celles-ci concernent autant les départements informatiques des entreprises, que les utilisateurs finaux et les développeurs. Toutes ont été plus ou moins annoncées et décrites ces derniers mois dans des blogs et des documents en ligne. À commencer par la refonte de l'interface utilisateur qui prend le style « moderne » de Windows 8 optimisé pour les écrans tactiles, et par l'ajout de SkyDrive Pro pour le stockage et la synchronisation des documents. La gestion des tâches a été également améliorée, le moteur de recherche remanié, les capacités d'eDiscovery et d'édition web ont été enrichies.

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SharePoint 2013, attendu pour le premier trimestre de l'année prochaine, inaugure aussi un autre modèle de développement d'application web. Celui-ci permet aux programmeurs de créer des applications SharePoint avec des langages de programmation courants comme JavaScript, PHP et. Net, et des outils comme Visual Studio 2012 ou encore Napa qui permet de développer des apps Sharepoint 2013 pour Office 365.

La création d'un véritable réseau social d'entreprise

Depuis sa sortie en 2001, SharePoint est surtout utilisé par les entreprises pour construire des sites web - que ce soit des intranets, des sites publics, des forums, des blogs, des wikis - mais aussi pour le stockage, la recherche et la gestion des documents, l'objectif final étant de permettre aux utilisateurs d'interagir et de collaborer entre eux de diverses façons. Même si le logiciel a eu du succès - il génère aujourd'hui environ 2 milliards de dollars de chiffre d'affaires annuel -certains ont reproché son manque de convivialité et, ces dernières années, l'absence de capacités de réseau social d'entreprise (RSE).

Selon certains, la décision surprenante de Microsoft de racheter Yammer est une façon que reconnaître que cette dernière critique était justifiée. Yammer était l'un des principaux fournisseurs indépendants de RSE, à côté de Jive Software et de NewsGator. Les produits de ces éditeurs permettent justement aux utilisateurs d'accéder à des fonctions de médias sociaux à l'image de celles que l'on trouve sur Facebook, Google et Twitter, mais adaptées à l'environnement professionnel, avec la possibilité pour les services informatiques d'appliquer des politiques de contrôle. Typiquement, une solution de RSE inclut les profils individuels, les flux d'activité, la mise à jour des statuts, le micro-blogging, le partage de documents, les groupes en ligne, les forums de discussion, le marquage de contenu, les blogs, etc. Il permet aussi d'intégrer les fonctionnalités de collaboration avec les applications métiers tierces, en particulier les CRM, ERP, logiciels de communications unifiées et suites de productivité bureautique.

Les inconditionnels du RSE affirment que ce type d'outil permet de dynamiser la collaboration traditionnelle en entreprise et de rendre l'usage des logiciels plus efficace et plus attrayant pour les utilisateurs. Microsoft avait ajouté des fonctionnalités de RSE natives dans SharePoint. L'éditeur avait travaillé en étroite collaboration avec des pure player du RSE comme NewsGator. Mais il n'est pas le seul. D'autres grands vendeurs de logiciels de collaboration et d'entreprise comme IBM, Cisco Systems, Salesforce.com et SAP ont développé des produits RSE. Microsoft a déjà dit qu'il envisageait d'intégrer Yammer non seulement avec SharePoint, mais aussi avec Office, Lync, Dynamics CRM et d'autres produits.

Dans le même temps, Yammer a fait un effort particulier en simplifiant la façon dont son logiciel peut être découpé en composants et connecté à des applications métiers tierces. Selon Adam Pisoni, cofondateur de Yammer, sa solution peut transformer la manière de fonctionner des entreprises, « car ce type de plate-forme permet de rendre la collaboration plus efficace et d'augmenter la participation des salariés ». Mais pour y parvenir, un RSE doit être intégré aux applications d'entreprise, « celles sur lesquelles les gens passent le plus clair de leur temps », a déclaré le dirigeant. « La possibilité d'approfondir l'intégration de Yammer avec SharePoint, Office et d'autres produits de la firme de Redmond a beaucoup compté dans d'acquisition », a ajouté Adam Pisoni, désormais directeur général de l'ingénierie de la division Office. « Les gens effectuent la majeure partie de leur travail sur Office. C'est la raison pour laquelle nous sommes comblés d'avoir pu rejoindre Microsoft », a-t-il ajouté.