Au cours des derniers mois, il semble que de nombreux constructeurs ont choisi de mettre sur le marché des tablettes qui n'étaient pas tout à fait prêtes. Malheureusement, avec son TouchPad, HP ne fait pas exception. Comme ça été le cas pour les premières tablettes sous Android 3.0 et pour le PlayBook BlackBerry de RIM, le TouchPad a été livré avec quelques bogues, entravant ses fonctionnalités et imposant une mise à jour « over the air » ultérieure. Sans compter l'absence d'applications convaincantes qui auraient pu marquer la tablette d'HP et faire du TouchPad le dispositif à avoir. Pour vous offrir le plus vite possible un test du TouchPad, nous avons récupéré le travail réalisé par nos confrères de PC World US du groupe IDG auquel nous sommes toujours affiliés.

Un rendu d'image décevant

Pour les journalistes de PC World, c'est de bonne guerre de critiquer la façon dont le TouchPad d'HP gère les images. Ils avaient déjà épinglé Android 3.0 (Honeycomb) de Google et son piètre rendu d'image en natif à l'intérieur de l'application Gallery. Selon eux, le Touchpad ne fait pas beaucoup mieux. Ils notent des artefacts (y compris un lissage qui réduit la qualité des images haute résolution pour les adapter à l'affichage de l'écran du pavé tactile), et trouvent que les couleurs ne sont pas fidèles, manquent de détails et de netteté (bien que ce soit moins gênant que sous Android 3.0).

Google en a pris acte et a amélioré les performances de sa Gallery dans Android 3.1. Mais pour ce qui est de la gestion des couleurs et de la netteté, PC World doute qu'elles puissent être encore améliorées. Interrogés sur la question, des responsables d'HP ont répondu qu'ils cherchaient des solutions. Espérons qu'une mise à jour « over the air » résolve rapidement la question. Alors, que se passe-t-il avec le rendu d'image sur les tablettes? Il n'y a pas de réponse claire à cette question. Les développeurs conviennent tous que le rendu d'image (et le rendu de texte également) s'apparente à la programmation Blackart. Peut-être que cela explique une partie de ce que l'on voit sur les tablettes. Néanmoins, l'objectif devrait être d'optimiser le produit avant sa sortie d'usine, et de ne pas perdre son temps avec des updates après sa mise sur le marché.

Un design peu inspiré

Avec ses 1,4 centimètre d'épaisseur, son poids de 700 grammes et sa coque bombée en plastique brillant, le TouchPad aurait pu avoir ses chances sur le marché de la tablette l'été dernier, quelques mois seulement après la sortie du premier iPad d'Apple. Mais à l'été 2011, la tablette d'HP semble déjà dater un peu. Comparativement il est vrai, le Xoom de Motorola, sorti en février 2011, et d'autres tablettes, restent trapues, y compris la Thrive de Toshiba à venir, équivalente en poids et en épaisseur, mais qui offre au moins des ports permettant d'étendre ses capacités. Or le TouchPad n'apporte pas grand-chose en matière d'innovation. En terme d'épaisseur, il rattrape à peine son retard avec l'iPad 2 d'Apple et le Galaxy Tab 10.1 de Samsung.

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Un affichage peu précis

L'écran du TouchPad est décevant à plusieurs égards. Certes, c'est peut-être un écran à technologie IPS (In Plane Switching), mais cela n'améliore pas sa lisibilité, ni la manière dont est gérée la couleur. Le TouchPad supporte le 18 bit en couleur (262 000 couleurs) - un peu mieux que les tablettes sous Android 3.0/3.1 de Google, qui ne gèrent que le 16 bit (65 536 couleurs) - mais moins que les 24 bits (16,7 millions de couleurs) de l'iPad. De plus, l'affichage présente un écart très visible entre l'écran LCD et la couche de verre, à l'origine d'un éblouissement très désagréable. Le texte n'est pas très bien rendu non plus. Les caractères ont l'air flou. Mais cela peut très bien résulter de l'écran, ou de la manière dont webOS traite les polices, que deux à la fois. Au cours des tests, l'équipe de PC World a également noté que l'écran tactile manquait de précision, devant parfois taper plus d'une fois sur l'écran pour obtenir l'action demandée. Ils n'ont pu déterminer si cela était dû aux performances, insuffisantes, du processeur, ou à l'absence de réactivité de l'écran tactile.

Des performances en retrait

Dire que le TouchPad est lent ne rend pas entièrement justice à ses retards de comportement. C'est peut-être la première tablette à tourner avec un processeur Qualcomm dual core 1,2 GHz Snapdragon APQ8060, mais, il faut vraiment le savoir. Le processus de démarrage du TouchPad est lourd : 69 secondes pour un démarrage à froid, comparé à 26 secondes pour l'iPad 2. Et en général, le test SunSpider JavaScript utilisé par l'équipe de PC World, a pris deux fois plus de temps. Ainsi, le chargement des applications leur a paru interminable : ils notent 10 secondes pour lancer Quickoffice, comparativement avec un lancement quasi-instantané de Pages sur l'iPad. Pendant ce temps, le petit cercle et le logo de webOS qui indiquent un chargement en cours devient vite familier ! Même le défilement de listes et de contenu leur a paru saccadé et peu fluide.

Impossible de modifier des documents dans QuickOffice

Si les tablettes ne pourront jamais rivaliser avec les ordinateurs portables en terme de productivité, l'interopérabilité des fichiers n'en est pas moins un élément essentiel. Et cela reste un obstacle majeur pour le duo TouchPad/webOS. Pour commencer, lorsque l'on transfère des fichiers vers le périphérique, il n'indique pas clairement à quel moment commence le chargement des documents, des images, des vidéos ou de la musique - tout à l'air d'être transféré dans un ordre aléatoire. Même sous Android, dont l'organisation et la gestion des fichiers laissent à désirer, on a plus de repères. HP affirme que webOS indexe les fichiers qui sont transférés à la tablette, ce qui voudrait signifier que cette méthode simplifie l'opération. Mais elle finit réellement par rendre la tâche plus difficile, car il n'existe aucune structure qui indique à quel moment se met en route le transfert.

Les tests pour évaluer cette approche sont mitigés. Le TouchPad a reconnu les fichiers de musique dans l'application Music Player, et les photos et les vidéos étaient visibles dans l'application Photos & Vidéos - mais cette dernière est également allée chercher les vignettes des titres de musique téléchargés sur Amazon. Les images ont été dispersées dans des sous-dossiers et étiquetées avec un nom aléatoire, du genre « 227_320 », au lieu de reprendre le titre du dossier de niveau supérieur. L'application n'a pas été capable d'afficher les noms des fichiers vidéos (HP a dit que cela serait bientôt corrigé dans une mise à jour « over the air »). Comme pour les documents, les fichiers Word transférés étaient visibles dans Quickoffice, dans une liste de recherche des fichiers consultables, mais deux feuilles de calcul Excel ne s'ouvraient pas. Les testeurs disent avoir réussi à afficher un document PowerPoint, mais Quickoffice a ouvert chaque page séparément, laissant apparaître la fameuse roue tournante et le logo webOS pour faire patienter le temps du chargement. Les documents PDF que l'équipe de test a essayé d'ouvrir depuis le « navigateur de fichier » de Quickoffice, se sont ouverts en fait dans Adobe Reader.

Pendant ce temps, les testeurs de PC World ont pu accéder à un compte Gmail via le web, et pouvaient afficher une page dans le navigateur Web, mais il leur a été impossible de demander le téléchargement d'un fichier depuis Internet. Idem pour des fichiers consultés pendant la navigation. Certes, les documents téléchargés ne leur auraient pas servi à grand-chose, puisque, pour l'instant, la version de QuickOffice ne peut que lire les fichiers, et non les modifier. Selon HP, QuickOffice sera doté de capacités d'édition complètes plus tard cet été. Mais cela signifie qu'il faudra attendre avant d'utiliser le Touchpad en productivité.

Des applications peu nombreuses

Les applications fournies avec le TouchPad ont l'air formidable. Mais si l'on regarde en détail le catalogue des Apps conçues pour les téléphones tournant sous webOS, la sélection manque vite d'intérêt. Sur les 22 applications gratuites choisies au hasard dans cette sélection - toutes censées tourner sur le TouchPad - l'une a planté et s'est fermée toute seule ; il n'a pas été possible d'en télécharger trois autres complètement ; deux autres n'ont pas fonctionné comme prévu ; et six ne s'affichaient que dans une fenêtre de la taille d'un smartphone (on se croirait sous Palm). Parmi les applications s'adaptant à l'affichage et à la résolution du TouchPad, plusieurs mentionnaient « tablette » dans le titre. De toute évidence, HP doit faire face à un défi similaire à celui de Google avec sa plateforme Android. Le constructeur ne s'en tire beaucoup mieux pour offrir des applications optimisées pour le Touchpad dans sa boutique en ligne.

En conclusion

Nos premières impressions sont donc réservées. Après avoir manipulé le produit lors d'un atelier réservé à la presse à Paris, le TouchPad est intéressant, mais, dans l'état, il est incapable de vraiment concurrencer l'iPad, à moins d'être totalement allergique à Apple. Cette tablette pourrait par contre constituer une alternative intéressante à Android si les développeurs d'applications s'intéressent à la plate-forme. Le peu de programmes disponibles, une centaine environ pour le TouchPad contre cent mille pour l'iPad, est clairement un handicap même si on retrouve les best-sellers d'iOS comme Angry Birds.

L'ergonomie de cette tablette nous a également paru curieuse, mais la faute en revient peut-être à une trop longue pratique de l'iPad. Comme avec l'iPhone, il nous est devenu difficile de perdre ses réflexes de navigation avec un autre smartphone. On cherche en permanence comment revenir à l'écran d'accueil, trouver les préférences pour ajuster les réglages... Comme après une semaine passée avec une voiture de location, on est heureux de retrouver sa machine. Enfin, les prix de vente, alignés sur ceux l'iPad 2, ne sont guère en faveur de cet outsider. Mais si les ventes ne décollent pas, les prix seront surement revus à la baisse.Nous aborderons le volet entreprise de cette tablette dans un autre sujet, Leo Apotheker, PDG de HP, nous ayant déjà confié son ambition de voir webOS s'intégrer verticalement avec les solutions professionnelles de la firme de Palo Alto..