(Source EuroTMT) Comme le faisait remarquer, un actionnaire individuel d'Arnaud Lagardère, « quand on met de côté tout ce qui va mal, alors tout va bien ». France Télécom applique ce principe avec autant de régularité que de sérieux. Quand on écoute donc depuis une bonne année les dirigeants de l'opérateur historique, tout va toujours bien, en dehors des éléments négatifs. Et malheureusement pour lui, ces derniers ont tendance à devenir de plus en plus importants et ennuyeux.

Surtout que l'opérateur  national est de moins en moins enclin à défendre ses parts de marché en France, aussi bien dans l'ADSL que dans le mobile. Et l'année 2010 commence au moins aussi mal que ne l'avait fait l'année 2009. Alors qu'il avait profité de la « bulle » commerciale du troisième trimestre 2009 pour gagner plus d'un million de clients en trois mois, au premier trimestre 2010, France Télécom repart en baisse et enregistre une perte de 173 000 abonnés. Toujours dans le mobile, malgré la hausse du nombre de clients au forfait et de celui des clients haut débit, avec un total de 1,9 million d'abonnés iPhone pour l'opérateur, l'Arpu (Average Revenue per User, revenu moyen par utilisateur) continue lui aussi de diminuer. Il recule de 1,27 % à 389 € par an.

Dans le haut débit, la situation devient franchement inquiétante. Selon ses estimations, sa part de marché dans la conquête de nouveaux clients ne s'établit qu'à 14%. Déjà en 2009, l'opérateur historique affichait une part de marché faible, qui s'établissait autour de 30 % sur l'ensemble de l'année. La nouvelle chute du premier trimestre a quant à elle été expliquée par l'arrêt des offres spéciales lancées au dernier trimestre 2009.

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D'où un gain net de seulement 57 000 abonnés sur les trois premiers mois de l'année, sachant que le marché du DSL serait en progression de quelque 350 000 nouveaux clients.

La France, bonne élève de la croissance

De plus, comme l'opérateur a profité du renouvellement de son système d'information pour nettoyer sa base d'abonnés, son gain net final revient à 4 000 nouveaux clients à fin mars. Au final, sur la France, il affiche donc une baisse de 2,1 % de son chiffre d'affaires avec un repli de 0,9 % pour le mobile et un recul de 3,1 % pour le fixe. Ce qui montre « une bonne résistance », affirme France Télécom, compte tenu de l'impact des décisions réglementaires qui s'élèvent à 127 millions d'euros dans le mobile. Néanmoins, un point reste positif pour le groupe. En effet, la performance de la France est légèrement meilleure que celle de l'ensemble du groupe.

Le groupe affiche effectivement un recul de 2,7 % de ses revenus trimestriels à périmètre constant, à 10,9 milliards d'euros. L'Espagne, malgré une amélioration de sa situation commerciale dans le mobile et le DSL, affiche un recul de 2,8 %, la Pologne connaît une situation toujours aussi difficile et enregistre une baisse de 10,2 %, la branche entreprise souffre et perd 7 %, et seul le reste du monde enregistre un taux de croissance positif, +2,2 %, notamment grâce aux pays émergents. L'Ebitda est en recul de 5,5 % et la marge recule d'un point à 34,3 %, soit un niveau inférieur aux prévisions des analystes financiers. France Télécom présente donc une forte baisse que l'opérateur explique par l'impact des décisions réglementaires, notamment en France.

Enfin, malgré un objectif de taux d'investissement de 12 % en 2010, France Télécom n'a dépensé que 8 % de ses revenus en investissements au cours du premier trimestre. Ce qui lui permet de dégager une trésorerie opérationnelle en légère hausse, préservant ainsi ses marges de manoeuvre financières. Pour autant, le groupe a confirmé ses objectifs pour l'ensemble de l'année et prévoit une stabilité du chiffre d'affaires et un free cash-flow de 8 milliards. Mais la réponse qu'apportera l'opérateur à ses problèmes commerciaux et qui sera présentée fin juin, sera certainement décisive pour s'assurer de sa capacité à tenir ses objectifs.

 

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