On peut être une entreprise largement première sur son secteur, réaliser plus d'un milliard de dollars de bénéfice en trois mois, voir ses revenus croître de plus de 30% depuis de nombreux trimestres, et décevoir les analystes. C'est le cas de Google qui, comme chaque trimestre, présente des résultats en nette progression, mais voit le cours de son action reculer. Le chiffre d'affaires de l'hégémonique géant du Web atteint 5,37 Md$ pour son deuxième trimestre clos au 30 juin, et bondit de 39% sur un an. Le bénéfice net progresse, quant à lui, de 35% pour atteindre 1,25 Md$. Des chiffres conformes aux attentes de Wall Street. Paradoxalement, c'est là que le bât blesse : alors que Google a habitué les observateurs à dépasser le consensus, il se contente, pour ce deuxième trimestre, de s'aligner sur les prévisions. Déception également en ce qui concerne le bénéfice par action : à 4,63 $, il est inférieur aux 4,74 $ attendus par les observateurs. Le résultat est immédiat : le cours du titre Google a reculé d'environ 10%. La situation économique américaine n'affecte pas la croissance Google confirme que son activité est désormais plus importante à l'international que sur le seul territoire américain : la part des revenus réalisés à l'étranger s'élève à 52%, soit un point de plus qu'au trimestre précédent. [[page]]La petite moitié du chiffre d'affaires enregistré aux Etats-Unis se semble pas être affectée par le ralentissement économique observé outre-Atlantique : Google indique que sa croissance n'est pas menacée car « plus les temps deviennent difficiles, plus les gens font attention à leur argent et se tournent vers le commerce en ligne ». Ce qui implique une augmentation de la fréquentation des services Google. Illustration avec l'immobilier, les voitures et les voyages : si ces secteurs pâtissent de la situation économique américaine moribonde, ils continuent de croître en tant que mots-clés tapés sur le moteur de recherche. Les investisseurs, inquiétés par un hypothétique ralentissement de l'activité de Google, semblent ne pas avoir prêté attention au fait que, si le bénéfice du groupe ne progresse « que » de 35%, c'est en partie pour des raisons sans véritable rapport avec la situation économique globale. Ainsi, après déboursé 3,2 Md$ pour s'offrir DoubleClick en mars, les réserves de liquidités de Google ont fondu et produisent, logiquement, des intérêts moins importants qu'au trimestre précédent. Les observateurs ont pu être également effrayés par le peu de détails livrés par le groupe sur l'avancement de ses projets. Ainsi, rien ou presque sur l'intégration de DoubleClick qui doit s'achever « dans les prochains mois ». De même, peu d'informations sur le chantier Android, la plateforme mobile de Google. « Nous continuons de prévoir des téléphones [tournant sur Android, NDLR] pour la fin de l'année », s'est contenté d'indiquer Sergey Brin, le cofondateur du groupe.