En réponse à une modification des conditions d'octroi de licences pour les développeurs créant des applications pour la version 4.0 de l'iPhone, un évangéliste technologique de l'éditeur Adobe Systems a proposé à Apple d'effectuer un acte anatomiquement impossible. "Go screw yourself" (Allez-vous faire f*** par vous-même), écrit Lee Brimelow, un évangéliste pour la plate-forme Adobe, sur son site web personnel, le FlashBlog. Ce commentaire très cru est la dernière salve dans une escalade médiatique et judiciaire entre Apple et Adobe.

Cette semaine, Apple a en effet changé certains éléments de sa plateforme de développement SDK pour iPhone OS de telle sorte que les développeurs ne peuvent pas présenter des programmes issus de compilateurs multi-plateformes. C'est à dire des outils permettant de compiler un programme qui fonctionne soit sur l'iPhone, soit sous Android ou sur toute autre OS, sans avoir à effectuer de changement.

Or, comme prévu, Adobe prévoit d'introduire un tel compilateur multi-plateformes avec la version 5 de ses logiciels Creative Suite pour la création de contenu, qui doit sortir lundi.  Les observateurs ont souligné que la décision d'Apple aura une incidence non seulement sur Adobe, mais également sur tous les fabricants de compilateurs multi-plateformes. Mais cette décision intervient après qu'Apple ait refusé l'intégration du Flash Player d'Adobe sur son iPhone et son iPad, et que Steve Jobs ait conseillé aux développeurs Web d'utiliser HTML5 à la place.

Photo : Lee Brimelow, un évangéliste pour la plate-forme Adobe (D.R.)

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Dans un document déposé vendredi dernier auprès de la commission de régulation des opérations de bourse américaine, la SEC (Securities and Exchange Commission), Adobe a identifié le refus d'Apple d'autoriser Flash sur ses appareils comme un facteur de risque pour ses activités qui pourrait orienter les utilisateurs vers "d'autres technologies." La réponse officielle d'Adobe à ces conditions de licence avait été jusqu'ici mesurée. Une porte-parole avait simplement envoyé un communiqué par e-mail: « Nous sommes au courant des nouvelles conditions du SDK d'Apple. Nous continuons de développer notre technologie pour l'OS de l'iPhone, que nous prévoyons de faire débuter avec Flash CS5 ».

Lee Brimelow, cependant, ne cache pas son mépris. La démarche d'Apple « est un mouvement qui n'a pas d'autre défense rationnelle que la volonté de contrôle tyrannique sur les développeurs et plus important encore, d'utiliser les développeurs comme des pions dans leur croisade contre Adobe », écrit-il. Le blog de Lee Brimelow présente une note indiquant que les opinions exprimées sont les siennes et non pas celles d'Adobe. De fait,  c'est Lee Brimelow et non Adobe qui est propriétaire de Flashblog.com.  Adobe, évidemment, était au moins au courant de ce blog. Une version antérieure du texte de Lee Brimelow a apparemment déclaré que « Ce qui est clair, c'est que Apple a agi afin d'impacter les ventes de CS5 ».

Le blog de Lee Brimelow se referme avec un dernier coup de pied : « Les commentaires sont bloqués car je ne suis pas intéressé par recevoir les spams des robots de Cupertino."  Adobe a confirmé que Lee Brimelow travaille bien pour Adobe.