Si l'on s'intéresse aux technologies permettant d'améliorer l'utilisation des ressources informatiques au sein de l'entreprise, ce sont assurément VMware et son logiciel de virtualisation x86 qui viennent peut-être le plus facilement à l'esprit. Mais il en existe une nouvelle, plus récente, proposée par un petit vendeur qui a déjà attiré de nombreux clients classés au Fortune 500. Celui-ci propose des technologies de « grille » et de gestion cloud qui réutilisent les cycles de calcul perdus et automatisent le processus de construction de clusters HPC. Fondée il y a cinq ans, Cycle Computing avait pour principale activité d'aider ses clients à utiliser Condor, un système de gestion de charge pouvant exécuter des tâches de calcul intensif sur des PC mis en veille. Puis, l'entreprise a été amenée à gérer de nombreux systèmes de planification de tâches, imaginant pour ses clients des solutions permettant de réutiliser la capacité excédentaire des installations VMware, compatibles avec des services cloud comme l'EC2 d'Amazon.

Lors de la récente conférence SC10 sur les supercalculateurs qui s'est tenue à la Nouvelle Orléans, le fondateur et PDG  de Cycle Computing, Jason Stowe, a pu faire état d'une impressionnante liste de clients, parmi lesquels JP Morgan Chase, Pacific Life, Lockheed Martin, Eli Lilly, Pfizer, Bank of America, Electronic Arts, Johnson & Johnson et ConocoPhillips. JP Morgan Chase, par exemple, s'appuie sur la technologie de Cycle Computing pour effectuer d'importants calculs en utilisant des capacités de travail qui, selon Jason Stowe, seraient perdues. Sa société de moins de 20 personnes, qui a démarré sans investisseurs extérieurs, affiche « quelques millions de dollars » de revenus pour moins d'une centaine de clients. « Cycle Computing a vu ses revenus croître de 50% par an au cours des quatre dernières années, » a déclaré son PDG.

Une technologie issue du monde mainframe

Tout comme VMware a emprunté sa technologie de virtualisation au mainframe d'IBM pour l'appliquer aux centres de calcul avec leurs serveurs x86, Computing Cycle s'est inspirée de stratégies fondées sur une recherche vieille de plusieurs décennies et l'a adapté à l'âge du cloud computing et de la virtualisation. L'idée d'exploiter les cycles inutilisés des ordinateurs de bureau pour réaliser des clusters de calcul existe « depuis 20 ans », explique Steve Conway, analyste chez IDC. Le système Condor est lui aussi connu depuis 25 ans environ. « Cycle Computing a réussi, parce qu'elle propose d'automatiser les tâches difficiles qui doivent être effectuées par les administrateurs, » fait remarquer l'analyste, ajoutant que «tout le monde cherche la facilité d'utilisation. » Mais pour Steve Conway, le plus intéressant au sujet de Computing Cycle, c'est son plan à long terme pour proposer une technologie de clusters viable et compatible avec des services cloud comme Amazon EC2. Même s'il pense que la technologie n'a pas encore atteint son maximum aujourd'hui, il estime « qu'au cours des prochaines années », il pourra être possible de la développer sur tous les clouds publics, un équivalent total de l'environnement informatique corporate sur site, avec toutes les politiques, toutes les directives, et tout le reste. « Ce modèle peut vraiment devenir une extension élastique de l'environnement d'entreprise, » a-t-il déclaré.

Le produit CycleCloud, construit sur Amazon Web Services, permet aux clients de créer des clusters de calcul haute performance qui ouvrent et ferment automatiquement les noeuds à mesure que les charges de travail démarrent et s'achèvent. « En quelques minutes - 10 à 15 min environ -le logiciel CycleCloud « met en route un environnement HPC complet à l'intérieur de l'infrastructure Amazon, » avec des systèmes de fichiers partagés, un térabit de stockage, une interconnexion de 10 Gigabits et des puces Nehalem d'Intel, » explique le PDG de Cycle Computing. Alors que CycleCloud gère les ressources externes, CycleServer, autre produit du vendeur, apporte au centre de calcul une interface web basée sur Condor, SGE, Torque et Hadoop pour la gestion des clusters HPC. La technologie de Cycle Computing fonctionne indifféremment sur des systèmes d'exploitation Linux et Windows.

En complément de VMware

L'une des utilisations les plus surprenantes de cette technologie concerne les datacenters faisant un usage intensif de l'hyperviseur VMware. Selon Jason Stowe, même si la technologie VMware optimise l'utilisation des cycles en permettant à de multiples images de système d'exploitation et à des applications de s'exécuter sur la même machine, ces serveurs sont encore sous-utilisés, en particulier la nuit. «VMware travaille sur la consolidation. Cela ne modifie pas la nature du pic comparé à l'utilisation moyenne,» indique le PDG de Cycle Computing. « Ces serveurs sont utilisés de manière incroyablement intense à certains moments, et pas du tout à d'autres. La virtualisation n'a aucun impact sur ça. » L'entreprise a une demande croissante pour améliorer l'utilisation des serveurs VMware et dispose « d'une assez belle notoriété autour de ça, » ajoute Jason Stowe. « Si vous tirez 20% à 40% de votre environnement VMware, c'est déjà assez impressionnant en terme de degré d'utilisation du processeur, » dit-il. « Mais vous laissez toujours une capacité de 60% de côté. Notre système permet d'arriver à plus de 90%. »

Même si les produits de Cycle sont plutôt ciblés sur des scénarios de calcul technique, en théorie, toute entreprise ayant une capacité de calcul inutilisée pourrait en bénéficier. « Parmi les concurrents de Cycle Computing, on peut citer SGI et Wipro, Amazon et Microsoft, » dit Steve Conway. Amazon, par exemple, offre désormais des instances de clusters basées sur des processeurs graphiques, et Windows HPC Server de Microsoft sait maintenant utiliser des PC en veille tournant sous Windows 7. Selon l'analyste, Cycle Computing a tendance à être plus cher que ses concurrents, car ses produits sont très spécialisés. Mais celui-ci a confiance dans l'avenir de la jeune entreprise. «Ce que j'aime à propos de Cycle en particulier, c'est la perspective que l'entreprise apporte, » dit Steve Conway. « Ils ont vraiment une vision très forte et très claire de la manière dont va évoluer le cloud computing dans les deux à cinq prochaines années. »

Â