Voilà trois ans que le projet Open Source Weave, toujours en version bêta, est en développement. Son objectif : faire en sorte que des administrations, des associations à but non lucratif et des entreprises puissent offrir au public une plate-forme facile à utiliser pour consulter et comparer des données. Vous voulez connaître la relation entre les revenus des ménages et le niveau de lecture des enfants dans une région ? Où encore la part du coût du logement et des transports dans le revenu ? Ou bien peut-être souhaitez-vous savoir comment le taux d'obésité a évolué au fil du temps ? Weave offre la possibilité de charger les données utiles pour générer un tableau, un diagramme de dispersion ou une carte.

En plus de la visualisation des données, en positionnant la souris sur différentes entrées, on peut faire apparaître en même temps d'autres modes de visualisation, par exemple une carte avec sa légende, un diagramme à barres et un diagramme de corrélation. Les utilisateurs peuvent également ajouter des modes de visualisation ou appeler d'autres données. De plus, un clic droit sur tel ou tel élément permet d'aller rechercher des informations liées sur le Web.

Démocratiser les outils de visualisation des données

« Les avantages de l'interactivité de Weave vont au-delà de l'attrait visuel procuré par la sélection d'une zone sur une carte ou de l'affichage des résultats, » a déclaré le consultant James Farnam, coordinateur du projet pour le Connecticut Data Collaborative et un promoteur précoce de Weave. « Weave permet de créer des sous-ensembles de données à la volée, » a-t-il expliqué. D'un simple clic sur un nuage de points, « vous pouvez recalculer les droites de régression et les types de relations que vous voulez évaluer. » Des utilisateurs travaillent déjà à mettre au point « des tests de qualité dans Weave pour permettre de voir facilement les erreurs dans les données, » a-t-il ajouté. Voilà un certain temps que les technophiles connaissent les outils de visualisation de données, mais Weave permet aux entreprises et autres fournisseurs potentiels de les démocratiser.

Georges G. Grinstein, à la tête du projet, qualifie Weave de Wikipedia des données, c'est-à-dire un outil qui permet à quiconque intéressé par un sujet particulier, d'en explorer et d'en analyser les informations relatives, plutôt que de laisser cette tâche aux seuls spécialistes informatiques ou statisticiens. « Maintenant, il est possible de faire participer le public et de lui permettre de dialoguer avec les données, » a déclaré Georges G. Grinstein, directeur de l'Institute for Visualization and Perception Research  au sein de l'University of Massachusetts At Lowell (UMass). « C'est la raison pour laquelle Weave est Open Source et gratuit » - même s'il contient une technologie brevetée par l'université (l'institution a accepté qu'il l'utilise dans le logiciel).

Pas encore de formation à la solution

Weave est « incroyablement puissant, » a déclaré Holly St. Clair, directrice du département data au Metropolitan Area Planning Council (MAPC), dont le site MetroBoston DataCommon, créé conjointement avec le Boston Indicators Project de la Boston Foundation, utilise Weave. « La puissance et la polyvalence de Weave sont incroyables. D'ailleurs, l'un des défis de la mise en oeuvre de Weave a été de trouver comment affiner l'offre de façon à ce que les utilisateurs finaux ne soient pas submergés par la quantité d'options, » a-t-elle expliqué. Une autre question, fondamentale pour beaucoup de logiciels Open Source dans leurs applications précoces, c'est qu'il existe peu de formations formelles pour l'utilisateur, comparativement à des produits commerciaux plus répandus. Cependant, celle-ci pense que ce handicap sera vite comblé au fur et à mesure de l'adoption de Weave.

[[page]]

Aujourd'hui, environ 25 organisations utilisent Weave et renvoient des feedbacks sur le produit, et 10 d'entre elles sont impliquées dans le projet depuis ses débuts. « Chacune d'entre elles avait des exigences différentes, » a déclaré le chef du projet. « Du coup, avec ces 10 premiers utilisateurs, la technologie s'est énormément enrichie... Et nous sommes portés par cette forte demande. » Pour le consultant James Farnam, le travail que mènent ensemble les membres du Consortium, les étudiants et les professeurs de l'UMass est « assez remarquable. » Régulièrement, des fonctionnalités sont ajoutées et mises à jour au cours d'un processus de développement souple qui fait avancer le logiciel vers la version 1.0.

Environ 25 à 30 étudiants de l'UMass-Lowell ont travaillé sur le projet au cours des trois premières années, en partenariat avec l'Open Indicators Consortium, plus un groupe d'utilisateurs précurseurs et de supporteurs. Le chef du projet estime que le travail à l'UMass-Lowell va se poursuive pendant encore trois ans. Au cours de cette période, le projet recevra toutes les contributions que la communauté Open Source souhaitera ajouter. Le projet a été construit avec Adobe Flex et ActionScript. Plusieurs fonctionnalités ont déjà été élaborées et sont simplement en attente d'une d'interface utilisateur.

Améliorer l'accès à certaines fonctions

C'est le cas de la fonction de collaboration et de capture de session prévues pour cet été.  « La fonction de collaboration permettra à des utilisateurs situés à différents endroits de travailler en même temps et ensemble sur une visualisation en temps réel, sans avoir besoin d'une application de partage d'écran comme WebEx, » a expliqué Georges G. Grinstein. Quant à la capture de session, elle permettra aux utilisateurs de mémoriser toutes les étapes réalisées pour aboutir à une visualisation, de façon à reproduire le même processus pour générer une visualisation similaire ou partager ces étapes avec d'autres utilisateurs. « Dès que le problème de la confidentialité des données sera réglé, les captures de session pourront également être utilisées par les chercheurs pour mieux comprendre comment les gens interagissent avec les données. Cette fonction pourrait même servir à guider les nouveaux utilisateurs qui seraient bloqués au cours d'une étape, » a-t-il ajouté.

Georges G. Grinstein a reconnu aussi que Weave était encore un peu difficile à installer, mais son groupe travaille à un installeur « one-click » qu'il prévoit de livrer d'ici cet été. Également en cours d'élaboration,  « infomaps », l'une des technologies brevetées dans Weave, qui permet de relier une visualisation par carte à un ensemble de documents. « Même si un document n'est pas géocodés et mentionne simplement « Andover, Massachusetts » par exemple, il sera possible de le retrouver si un utilisateur a cliqué sur Andover sur la carte créée par Weave, » a déclaré le chercheur. « C'est un peu ce que fait Google Maps avec les documents liés, plus la visualisation interactive multiple. » Holly St. Clair du MAPC déclare qu'elle s'est tellement habituée à travailler avec Weave qu'Excel lui paraît désormais vraiment limité, car elle ne peut pas, en faisant passer la souris sur les cellules, avoir accès à d'autres données. « Il est vrai qu'après ça, on a du mal à se contenter de ce que l'on trouve dans les feuilles de calcul, » a aussi admis James Farnam. « L'interaction modifie sa façon de penser les données, » a ajouté Holly St. Clair.