A la surprise générale, Advanced Micro Devices (AMD) a annoncé le rachat du fabricant de micro-serveurs SeaMicro. AMD se retrouve ainsi impliqué dans le secteur des systèmes et empêche Intel d'acquérir l'un de ses proches partenaires. Le fondeur va débourser 334 millions de dollars, en cash et en actions, pour l'achat de la startup de la Silicon Valley (40 salariés), qui avait attiré l'attention avec ses serveurs à haute densité et à basse consommation énergétique, destinés aux gros environnements de cloud computing. Andrew Feldman, PDG de SeaMicro, prendra la direction générale de la prochaine division Data Center Server Solutions.

Le groupe américain de semi-conducteurs prévoit de vendre directement des serveurs sous la marque SeaMicro. Mais celui-ci a principalement acheté l'entreprise pour sa technologie, qu'il espère vendre sous licence à d'autres fabricants pour leur permettre de construire leurs propres micro-serveurs, comme l'ont indiqué les responsables d'AMD. « SeaMicro possède une technologie éprouvée, qui a montré ses capacités sur le plan de la consommation d'énergie et du coût global sur des sites de clients importants. Cette propriété intellectuelle est très intéressante pour nous», a déclaré Lisa Su, vice-présidente senior et directrice générale de la division produits chez AMD.

Un revers pour Intel


Cet achat est aussi perçu comme un revers pour Intel, qui avait établi un étroit partenariat avec SeaMicro. Tous les serveurs vendus actuellement par SeaMicro intègrent des processeurs basse énergie Intel Atom, et il y a quelques semaines seulement, les deux entreprises avaient tenu une conférence de presse conjointe où Intel vantaient les mérites de SeaMicro. Mercredi, un porte-parole d'Intel a refusé de commenter l'acquisition avant l'annonce officielle. AMD va continuer à vendre des serveurs SeaMicro à base de processeurs Intel « dans un futur prévisible», a déclaré Lisa Su. Ajoutant que « d'ici la fin de cette année, AMD livrera ses premiers serveurs SeaMicro basés sur des processeurs Opteron. » Andrew Feldman n'a pas révélé à quel moment SeaMicro et AMD avait entamé des pourparlers, mais il a convenu que l'accord avait été conclu « incroyablement vite ». Celui-ci a également confié qu'il y avait eu d'autres prétendants au rachat de la startup, et pas seulement des fondeurs.

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SeaMicro a développé une technologie d'interconnexion qui permet de conserver trois puces seulement sur une carte mère serveur standard. A partir de là, la startup a pu développer des serveurs qui, selon elle, consomment « un quart de la puissance et occupent un sixième de l'espace » des serveurs x86 standards. Ses produits sont principalement destinés à servir des volumes élevés et à supporter des charges de travail comme les transactions Internet, mais qui n'ont pas besoin de la puissance de calcul de processeurs serveurs traditionnels, Xeon ou Opteron. Par exemple, Mozilla utilise des serveurs SeaMicro pour fournir des mises à jour logiciels aux utilisateurs. On ne sait pas très bien quel processeur AMD compte mettre dans ses serveurs SeaMicro pour remplacer la puce Atom d'Intel. Certes, le fondeur a le choix entre plusieurs processeurs basse consommation et prévoit de livrer, plus tard cette année, des puces pour tablettes, nom de code Hondo, ayant ces caratéristiques.

Elargir le portefeuille de SeaMicro


Cependant, SeaMicro pense que sa technologie peut également bénéficier à des serveurs intégrant des processeurs plus puissants. « Un serveur basé sur une puce Opteron serait efficace pour faire tourner MySQL et supporter les charges de travail de la base de données MondoDB, ainsi que des applications PHP utilisées par de nombreux services en ligne, » a déclaré le PDG de SeaMicro. « Cette technologie pourrait aussi être utilisée pour construire des superordinateurs efficaces sur le plan énergétique, » a t-il ajouté. Ce qui est sûr, c'est que les processeurs d'AMD trouvent là un nouveau débouché qui va lui permettre de développer une activité serveur et de capitaliser sur le marché en développement rapide du cloud computing. Selon AMD, « les dépenses en serveurs pour les datacenters traitant de gros volumes de données devraient croître de 33% par an en moyenne au cours des prochaines années. Soit, plus vite que le marché des serveurs dans son ensemble. »

Cette stratégie place AMD dans une position de concurrence difficile avec certains de ses clients, mais Lisa Su a affirmé que « ce ne serait pas un problème ». « La taille de SeaMicro aujourd'hui est beaucoup plus petite que celle d'Hewlett-Packard ou de Dell, » a t-elle fait valoir, et AMD pense que la valeur de la technologie apportée par SeaMicro aux vendeurs de serveurs permettra de dépasser ces problèmes de concurrence. « L'activité serveur d'AMD pourrait avoir un effet levier, » a estimé par ailleurs Dean McCarron, analyste principal chez Mercury Research. « De toute évidence, le fondeur doit faire face à un déclin et cette acquisition pourrait lui permettre d'élargir le marché pour ses processeurs, » a t-il dit.