La fin d’une aventure mouvementée ? Gemalto, le premier fabricant de cartes SIM au monde avec 2 milliards d’unités fournies à près de 450 opérateurs, est en passe de passer sous le contrôle d’Atos. La SSII française dirigée par Thierry Breton a en effet lancé une OPA qualifiée d’amicale pour acquérir Gemalto. L’offre à 46 euros l’action valorise le fournisseur de droit néerlandais à 4,3 milliards d’euros. Soit une prime de 42% par rapport au dernier cours de l'entreprise.

En difficultés depuis plusieurs semestres - les sites historiques de la Ciotat et de Gémenos sont sous le coup de plans sociaux - Gemalto n’a pas réussi à développer comme il le voulait son activité historique de cartes à puce aux États-Unis. Même si les terminaux capables de lire des cartes bancaires à puce se développent enfin en Amérique du Nord - un marché longtemps dominé par les cartes à bande magnétique - les paiements dématérialisés avec les mobiles et l’arrivée de cartes SIM virtuelles sur les smartphones (Google Pixel 2) et les montres connectés (Apple Watch LTE) ont grevé le chiffre d’affaires du fournisseur. Les brevets sur ces produits sont moins rémunérateurs que les cartes physiques. Les avertissements sur résultat se sont enchainés ces derniers mois chez Gemalto qui affiche un chiffre d’affaires de 3 milliards d’euros environ. Pour redresser la barre et faire face à l’invasion des eSIM, Gemalto s’est repositionné sur le marché de la sécurité numérique et de l’Internet des Objets. « Gemalto a réagi en innovant et en abordant de nouveaux marchés comme la cybersécurité et les programmes gouvernementaux, ainsi que l’Internet des objets mais la croissance forte de ces domaines n’est pas encore à même de compenser le recul des deux marchés historiques », avait expliqué Frédéric Vanier, vice-président exécutif de l’entreprise à la Provence.

Un géant de la sécurité numérique 

Pour réussir à créer un géant européen dans le secteur de la cybersécurité et des technologies numériques en combinant les forces de Worldline à celle de Gemalto, Atos doit encore convaincre les actionnaires de Gemalto d’apporter leurs titres. La société indique seulement étudier l’offre qui a été formulé le 28 novembre dernier. « Il n’y a aucune certitude que l'offre débouche sur une offre ferme et recommandée pour la société », précise le groupe dans un communiqué. Les positions de Bpifrance, premier actionnaire de Gemalto avec 8,51% du capital, suivi par la famille Quandt (BMW) avec 5,67%, et l’américain Pioneer Asset Management avec 4,86%, seront décisives pour la réussite de ce projet.

Fondée en 1998, la société française Gemplus est devenue Gemplus International en 2000 après son transfert au Luxembourg et sa prise de contrôle par Texas Pacific Group (aujourd’hui TPG Capital), très liée aux intérêts du gouvernement américain. BpiFrance a fini par racheter le groupe en 2009 et accompagne depuis les soubresauts de l’entreprise avec des plans sociaux en cours sur les sites de Meudon, Gémenos et la Ciotat. 288 suppressions de postes prévus. Le plan social doit être détaillé aujourd’hui même lors d’un CE et les syndicats s’inquiètent d’une possible fermeture du site de la Ciotat.