Au tout début, l'activité de Google était essentiellement centrée sur sa capacité à générer et à analyser des données de recherche. Mais aujourd'hui, le groupe californien a pour ambition de devenir un acteur de premier plan dans les objets et équipements en tout genre, ce qui l'amène à réfléchir au design. La semaine dernière, lors de sa conférence Google I/O, la firme de Mountain View a montré aux développeurs un aperçu d'Android « L » attendu dans l'année. La future version de son système d'exploitation mobile, dont le nom pourrait être « Lollipop » ou « Licorice », doit aussi contribuer à forger une nouvelle image, plus cohérente et plus attractive, du logiciel et des services de Google. Pas seulement sur les appareils mobiles, mais aussi sur Chrome et sur le Web.

Lors de la conférence Google I/O, en même temps que le lancement de L, la firme de Mountain View a dévoilé de nouveaux produits, en particulier des smartwatches connectées tournant sous Android Wear, une Android TV et une interface auto pour voiture. Quant à l'OS mobile Android L, la firme de Mountain View a affirmé qu'il serait plus rapide, qu'il permettrait de préserver l'autonomie de la batterie et qu'il serait doté de nouvelles fonctionnalités de sécurité. Mais Google a aussi insisté sur la capacité d'Android L à faire de jolies applications. Google a même trouvé un nom pour le design sous-jacent de L : « Material design », car « son look rappelle l'aspect physique des matières et des objets ».

Mieux se démarquer d'Apple

Les nouveaux outils vont permettre aux développeurs d'ajouter des touches visuelles à leurs applications pour les rendre moins plates et moins statiques, leur donner plus de relief et plus de fluidité. Ceux-ci pourront choisir la profondeur de chaque objet de l'application, pour leur donner plus ou moins de relief. C'est tout à fait le contrepied du design plat choisi par Apple pour iOS 7. Les développeurs disposeront aussi d'outils pour ajouter de la lumière, des ombres et des animations quand l'utilisateur cliquera sur des boutons et effectuera différentes manipulations dans l'application. « C'est une sensation très agréable de voir qu'une action tactile déclenche un mouvement », a déclaré Matias Duarte, vice-président en charge du design d'Android chez Google, quand il a parlé des effets animés au cours de sa keynote, mercredi dernier. Pendant la présentation, certains ont eu l'impression que Google parlait de ce design comme d'une nouvelle religion. Le matériel marketing distribué aux développeurs et aux journalistes insistait beaucoup sur « ce design unifié » et « la nouvelle stratégie » basée sur ces concepts. « Notre but est de satisfaire le large éventail des besoins humains », indiquait le texte d'un des documents inclus dans le kit (ci-dessous).


Certains participants ont trouvé un peu superficielles les nouvelles API axées plus sur la forme que sur les fonctions. "Cela ne conduira pas nécessairement à de meilleures apps", selon Dennis Linnell, de la société de conseil Gate Technology. (ci-dessus, le kit media)

Clairement, ce focus sur le design vise un objectif plus concret : Google veut s'appuyer sur ce concept de « Material design » pour pousser ses applications et ses services vers d'autres matériels que les smartphones et les tablettes. Cela permettrait aussi à Google de se démarquer d'Apple, qui doit une partie de sa réussite au design de ses produits. Comme l'a rappelé Sundar Pichai, vice-président senior de la division « Android, Chrome et Google Apps », lors de la conférence Google I/O, « avec plus de 1 milliard d'utilisateurs mensuels actifs, Android est le système d'exploitation mobile le plus répandu ». 

5 000 nouvelles API dans L

Mais avec l'arrivée de nouveaux dispositifs, Google voudrait aussi faire d'Android une plate-forme de développement de premier plan. Et pour cela, le constructeur doit aussi rendre son interface utilisateur plus attrayante. C'est un défi de taille. Google affirme que son travail sur le design va évoluer. Actuellement, avec L, les développeurs ont accès à plus de 5000 nouvelles API pour concevoir et construire des applications pour les nouveaux facteurs de forme, smartwatches en tête. Google a également défini un cadre pour orienter le style des applications.

Cet accent mis sur le design pourrait bien être la clé du futur succès de Google, compte tenu de l'évolution des goûts des consommateurs en matière de design. Déjà, le concept de « Material design » semble avoir suscité l'intérêt des développeurs. « Je pense que c'est une bonne stratégie. Les choix de Google en matière de design sont très prometteurs », a déclaré Thomas Soule, cofondateur et développeur principal de l'application Android, News Republic.