« Chez HP, nous investissons aujourd'hui davantage en R&D que nous ne l'avions encore fait jusque-là », a rappelé hier matin Peter Ryan, vice-président senior Enterprise Group et DG de HP EMEA, en déroulant sur le World Tour Paris (au Palais des Congrès) la diversité des technologies développées par le fournisseur américain. Une semaine avant la conférence Discover, qui se tiendra à Las Vegas du 10 au 12 juin (une série d'annonces sont attendues), Peter Ryan a redit comment HP se transformait de l'intérieur en déployant ses propres solutions matérielles et logicielles. Celles-ci ont été ensuite détaillées à travers une vingtaine de sessions parallèles : le cloud et la fourniture de services hybrides, la plateforme HAVEn en action sur les big data, la mise en place d'un catalogue de services avec Cloud Service Automation, les infrastructures convergées, les Software-Defined Servers déclinés sur les serveurs Moonshot et jusqu'aux systèmes d'impression et aux terminaux mobiles.


HP a eu 75 ans au début de l'année, a rappelé hier matin Gérald Karsenti, PDG de HP France, en ouverture du World Tour Paris.

HP illustre auprès de ses clients l'efficacité de ses produits en faisant évoluer son propre système informatique, à l'échelle d'un groupe mondial de plus de 300 000 collaborateurs. Quelques chiffres : 63 Po de données stockées sur des systèmes 3Par, XP et EVA, des millions de lignes de code analysées par Fortify, plus de 1 500 routeurs Networking, 5 milliards d'événement de sécurité passés au tamis d'ArcSight pour détecter des attaques, 150 000 terminaux mobiles à gérer chaque jour dans l'environnement IT, 1 100 clients cloud... « Il ne s'agit pas ici d'un Power Point mais du fonctionnement d'une grande entreprise internationale qui fonctionne 24/24, d'une expérience concrète ».

Moins d'un kilowatt pour faire tourner le site hp.com

HP montre ainsi comment reprendre la main sur les évolutions entraînées par l'explosion des données et les défis posés par la consumérisation de la IT, la mobilité, le byod et le cloud.  « Si le cloud public était un pays, ce serait le 5ème consommateur d'électricité de la planète », a cité en exemple Peter Ryan. « A la fin de cette décennie, les besoins du cloud et des datacenters représenteront 30% de la demande en électricité dans le monde. En tant qu'innovateur, on ne peut pas laisser venir les évolutions, on doit chercher à agir sur elles, non seulement sur le terrain des coûts énergétiques, mais aussi de la sécurité, de la mobilité, des big data ».

Après avoir réduit drastiquement le nombre des datacenters qu'il exploitait pour son informatique interne, les faisant passer de 85 à 6, le groupe HP a en quelques mois déployé des solutions SaaS (Workday, Salesforce) pour gérer ses ressources humaines et son CRM, abandonné les équipements réseau de Cisco au profit des siens, mis en oeuvre son moteur de recherche (texte et voix) Idol et installé son site web hp.com sur ses serveurs haute densité Moonshot. En passant aux serveurs hyperscales sur ce site web qui gère chaque jour 300 millions de hits, HP a gagné 90% sur l'espace occupé par ses précédents serveurs et réduit de 90% sa consommation électrique avec ce service. Le site hp.com consomme désormais moins d'un kilowatt, ainsi que nous l'avait expliqué John Hinshaw, responsable de la technologie et des opérations chez HP, lors d'une rencontre fin 2013. 

L'analyse des big data appliquée à la gestion IT interne

La transformation se poursuit avec l'implémentation d'outils big data. HP remplace les solutions de datawarehouse qu'il exploite aujourd'hui sur des systèmes propriétaires concurrents par ses bases de données Vertica. « C'est vraiment un gros projet, plusieurs prototypes ont déjà été mis en place », nous a indiqué lors d'un entretien sur World Tour Paris Jérôme Labat, Chief Technical officer de HP sur l'activité logicielle. « Nous continuons aussi à implémenter nos produits de sécurité, ici dans le contexte du big data ». Le CTO explique qu'une grosse partie de l'activité de sécurité consiste à découvrir ce qui se passe en interne en utilisant des outils analytiques très puissants et des fonctions de corrélation pour s'assurer de la performance des systèmes informatiques. « Je peux également utiliser les logs pour faire de l'analyse prédictive, essayer de comprendre ce qui va se passer dans le futur », explique Jérôme Labat. En complétant le log mining par des logiques de recherche plus sophistiquées combinant les moteurs Vertica et Idol d'Autonomy (sur les données structurées et non structurées), on peut faire de l'analyse de dark matter, portant sur de l'information qui n'est pas concrète, qui a besoin d'être transformée. « Ce sont des capacités que l'on a dans Vertica qui n'existent pas avec d'autres solutions », souligne le CTO. Il devrait y avoir des annonces dans ce domaine sur Discover 2014 à Las Vegas. Certains outils vont passer au niveau supérieur.

« C'est assez intéressant parce qu'aujourd'hui, tout le monde parle des big data dans un contexte analytique et de BI, mais nous, nous regardons aussi le big data comme un élément transformateur des solutions d'automatisation, y compris même dans un domaine comme le support aux utilisateurs. » Jérôme Labat cite l'exemple d'un logiciel d'assistance comme Anywhere. « Nous utilisons le moteur de recherche Idol à l'intérieur de cet outil pour comprendre le comportement de l'utilisateur IT. En l'observant, nous essayons de résoudre ses problèmes sans qu'il ait besoin de créer un ticket pour le support. Nous faisons cela en regardant l'environnement de l'utilisateur, les informations qui l'entourent, e-mails, tweets, collaborateurs. Cela vient en complément de la base de connaissance, on appelle cela « Ticketless IT ». Cela va permettre à l'utilisateur de faire une recherche pour trouver la réponse à sa question sans avoir besoin de créer un ticket. » C'est une utilisation du big data appliquée à la gestion informatique qui peut changer la donner pour les outils utilisés en interne, pointe le CTO. « Cela fait partie de nos produits et quand nos clients l'implémentent, ils ont la même solution ».

Comprendre les problèmes rencontrés par les clients

Dans son rôle de CTO logiciel, couvrant la façon dont HP développe ses applicatifs, Jérôme Labat est constamment en contact avec les clients. « C'est pour cela que je suis en France cette semaine, je rencontre les clients pour comprendre, en fonction de ce qu'ils ont implémenté et de la façon dont ils l'ont fait, quels sont les problèmes qu'ils ont rencontrés, quelles sont les idées qu'ils aimeraient que l'on soutienne et que l'on mette en place dans nos produits », a-t-il pointé.

Jérôme Labat intervient sur trois domaines : la technologie à utiliser sur le portfolio logiciel (qui va de la gestion de données jusqu'à l'automatisation IT), l'amélioration du développement des applicatifs (les offres sorties en mode SaaS ont notamment demandé une refonte de toutes les méthodologies et le passage à Devops) et l'utilisation interne des outils. Cette troisième partie qui vise à accélérer la transformation du groupe dirigé par Meg Whitman est baptisée en interne « HP on HP ».