A l'occasion d'OpenWorld 2011, Mark Hurd, président d'Oracle, a refait un point sur la stratégie du groupe qu'il a rejoint en septembre 2010, après avoir dirigé HP pendant cinq ans. En présence de quelques journalistes européens et américains, il a réitéré la volonté, manifestée par Oracle après le rachat de Sun, de se concentrer sur chacune des couches technologiques qu'il possède. D'une part, le matériel, la base de données, le middleware et, désormais, les appliances qui combinent ces trois couches. D'autre part, bien sûr, les applications horizontales (finance, ressources humaines, logistique...) et les logiciels verticaux adaptés à différentes industries. Et jusqu'aux processeurs Sparc.

« Nous voulons que chacune de ces technologies soit la meilleure sur le marché dans ce qu'elle fait. Nous voulons avoir le meilleur Linux, le meilleur Unix, les meilleures fonctionnalités de middleware, de gestion de contenus[*], etc. Une stratégie mise à exécution depuis l'ingénierie jusqu'aux équipes de vente », a-t-il indiqué. Les produits peuvent être acquis par les clients, indépendamment, « à la carte », souligne-t-il, pour être associés à d'autres technologies du marché. « Nous voulons qu'ils s'ajustent parfaitement aux besoins des entreprises, puissent fonctionner dans des environnements hétérogènes et qu'ils soient ouverts à tous les niveaux », a-t-il explicité.

Réduire les coûts de possession


Ces affirmations posées, Mark Hurd a abordé les solutions combinant le matériel et les logiciels développés par Oracle. « Nous intégrons verticalement nos technologies 'best of breed' de différentes façons. Cela s'est concrétisé avec l'appliance Exadata pour la couche base de données, avec Exalogic, pour la couche middleware, ou avec Exalytics, à travers la couche de Business Intelligence », a-t-il rappelé. « Notre appliance Big Data incluant une version d'Apache Hadoop constitue elle aussi une solution intégrée. » Quelques jours plus tôt, Oracle avait aussi dévoilé la Database Appliance, une solution plus abordable permettant aux entreprises de taille moyenne de consolider plusieurs bases de données.

Ces appliances s'accompagnent d'une offre de services qui n'a, selon lui, pas son équivalent dans l'industrie. « Et nous exécutons ces deux stratégies simultanément », a-t-il commenté en ajoutant que, lorsqu'Oracle réalise cette intégration verticale, c'est avec l'objectif d'apporter des bénéfices exceptionnels, déclinés jusqu'aux coûts de possession. « Larry Ellison a rappelé que, lorsque vous délivrez des performances énormes, vous générez aussi des gains énormes », a cité Mark Hurd. « Et le client peut décider dans quelles proportions il veut les obtenir. Si on multiplie ses performances par dix, il peut récupérer 1/10 en coût. Mais il peut demander la moitié en performance, la moitié en coût. C'est le bénéfice qu'apportent ces systèmes spécifiquement conçus ».

En cloud public, privé ou sur site


Puisqu'il s'agit de systèmes qu'Oracle prépare, teste et configure pour les clients, « nous savons exactement ce qu'ils ont commandé », a souligné le président du groupe. « Cela nous permet de surveiller ces systèmes à distance, de les mettre à jour et les dépanner mieux que n'importe qui. C'est le deuxième volet de la démarche. Le troisième volet, c'est que ces technologies sont proposées aux clients de la façon dont ils veulent les exploiter : dans un cloud public, dans un cloud privé, ou sur site. C'est uniquement au choix du client », a insisté le dirigeant. Sur OpenWorld 2011, Oracle a annoncé un cloud public donnant accès à un réseau social, à des services de bases de données et Java, et à certaines applications Fusion (le CRM et les RH).

[*] L'offre Fusion Middleware englobe notamment les solutions décisionnelles, de portail et de gestion de contenus.

Illustration : Mark Hurd, président d'Oracle (crédit M.G.)
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Mark Hurd sur OpenWorld 2011 (photo M.G.)

« Best of breed, ouvert, environnement hétérogène, solutions intégrées verticalement, testées, préparées et supportées par nous, accessibles sous la forme choisie par le client. C'est notre stratégie », a résumé Mark Hurd. « Nous avons dépensé 4,3 milliards de dollars en R&D l'an dernier pour le faire et nous allons en dépenser autant sinon plus cette année sur ce portefeuille de produits. Nous avons présenté cet automne davantage de technologies que l'an dernier. Il y a un an, je ne pensais pas que notre R&D allait réussir à nous montrer tout ce que nous avons lancé cette semaine [sur OpenWorld]. »

Stimuler la croissance de chaque ligne de produits


Oracle est très engagé sur ses systèmes pré-construits et, lors des résultats financiers de son 1er trimestre fiscal en septembre, il est apparu que ses marges brutes avaient progressé de 48% à 54% sur ses serveurs haut de gamme. A l'inverse, ses ventes ont baissé sur ses serveurs d'entrée de gamme, ce qui a fait reculer les revenus du matériel de 1% à 1,67 Md$. Oracle compte-t-il mettre l'accent sur ses serveurs spécialisés pour augmenter en proportion la part du matériel au sein de son chiffre d'affaires total (actuellement 20% sur le trimestre).

A cette question, Mark Hurd a d'abord souligné que les revenus générés par Exadata et Exalogic avaient fortement augmenté et que les lignes de serveurs Sparc avaient aussi connu une progression. Les ventes d'autres produits, pour lesquels Oracle ne possède pas la propriété intellectuelle n'ont en revanche pas augmenté, a-t-il reconnu. « Nous ne pensons pas que nous apportons là une différentiation à nos clients. Mais nous comptons vraiment faire progresser des lignes telles qu'Exalytics ou l'appliance Hadoop annoncée. Les activités liées à Exadata et Exalogic vont grossir de façon significative cette année. Et nous misons aussi sur les serveurs SuperCluster. Quant à faire progresser la part du matériel en pourcentage dans notre chiffre d'affaires global, ce n'est pas ainsi que je vois les choses. »

Pas de concurrence entre les gammes de solutions au sein du portefeuille. « Je veux les voir toutes progresser. J'ai besoin d'avoir des opportunités dans toutes ces lignes de produits. Nous essayons de stimuler la croissance à travers la gamme entière, mais sans aller jusqu'à souhaiter voir le matériel progresser plus vite que le logiciel. Prenons un autre exemple. Nos solutions verticales augmentent sensiblement. Nous avons beaucoup investi dans ce domaine, que ce soit sur les solutions du secteur financier, sur le secteur de la communication et sur bien d'autres. Et elles progressent plus vite que d'autres solutions Oracle. Eh bien, tous ces domaines qui progressent plus vite que le tout, nous les poussons très fortement.»

Concentré sur les ventes

Au cours de la même entrevue, Mark Hurd a été épinglé par un confrère américain sur les services de support d'Oracle, la société semblant surtout soucieuse de faire progresser ses ventes. Le président a admis que la croissance des ventes était importante. « Nous nous concentrons sur la mise au point de technologies remarquables et sur leur commercialisation. C'est le coeur de ce que nous faisons ». Les équipes de vente sont en train d'être renforcées et spécialisées dans différents domaines. « Nous essayons aussi d'approfondir nos relations avec nos clients », a-t-il ajouté. Le support est une entité séparée. « C'est une question cruciale », concède-t-il. « Les clients mécontents ne reviennent pas. L'une des façons de voir notre croissance, c'est qu'elle n'atteste pas seulement des capacités de nos vendeurs, mais de la qualité de nos produits et de notre support. Nous n'aurions pas une telle croissance l'an dernier sans avoir de bons produits et un bon support ».

Interrogé par une consoeur brésilienne sur sa première année comme président, Mark Hurd a indiqué qu'il s'était attaché à approfondir sa connaissance des produits, des équipes et des clients. Comment la société est-elle perçue, quelle est la valeur qu'elle apporte et ce qu'elle peut encore améliorer.  « Les clients apprécient nos produits », a-t-il ressenti. « La question principale, c'est qu'ils attendent encore plus de nous et que notre portefeuille de produits correspondent aux problèmes qu'ils doivent résoudre. »

Après le Sparc T4, un T5 et un T6


Enfin, sondé sur les puces Sparc, Mark Hurd a confirmé l'engagement d'Oracle sur ces processeurs avec la prochaine sortie du T4 et l'arrivée du serveur SuperCluster, soulignant que les performances offertes rivalisaient avec celles des meilleurs de l'industrie. Et il a cité pour les prochaines années les processeurs T5, dont la sortie a été avancée en 2012, et T6. Ce dernier, évoqué par John Fowler en septembre, serait prévu pour fin 2013, début 2014.


Mark Hurd sur OpenWorld 2011 (photo Oracle / Hartmann Studio)