Microsoft n'avait (presque) aucune annonce à faire, mais quelque 120 journalistes se sont tout de même rendus à sa désormais traditionnelle conférence de presse de rentrée, hier, lundi 7 septembre. Il faut dire que ce rendez-vous de l'éditeur est devenu incontournable, tant il donne le pouls de l'année à venir : les sorties de produits Microsoft vont en effet rythmer le calendrier de toute l'industrie. Que ce soit du côté des offres purement professionnelles comme Windows 2008 Server R2, SQL Server 2010 ou Visual Studio 2010, ou des offres à la fois pour les entreprises et le grand public, comme Windows 7 ou Office 2010. Microsoft dégainera l'artillerie lourde le 6 octobre, avec la venue en France de Steve Ballmer pour le lancement de Windows Phone, la nouvelle dénomination des appareils mobiles sous Windows Mobile 6.5. L'éditeur, qui a beaucoup de retard à rattraper dans ce domaine, accompagnera son système d'une place de marché ouverte aux développeurs tiers, et d'un intéressant service, 'MyPhone', de synchronisation et de sauvegarde automatique en ligne des données du mobile. « Les problèmes de Vista sont aujourd'hui résolus » Néanmoins, le plus important pour Microsoft reste le lancement de Windows 7, disponible en version finale depuis quelques jours pour les entreprises, et qui sera officiellement commercialisé auprès du grand public le 22 octobre. Echaudé par l'échec commercial de Vista à ses débuts, Microsoft dit se montrer prudent, mais « très confiant ». Marc Jalabert, directeur du marketing et des opérations de Microsoft France, explique cet optimisme prudent de plusieurs façons. D'abord, les « problèmes de Vista au début par rapport au poids du système et à la compatibilité des applications » seraient « aujourd'hui résolus ». Il est vrai que « pour la première fois de son histoire », un système d'exploitation de Microsoft sera moins gourmand en ressources que son prédécesseur. Les machines ayant continué d'évoluer entre temps, les migrations ne devraient pas poser de souci en termes de performances. En revanche, Seven étant basé sur le même noyau que Vista, il ne faut pas s'attendre à des miracles : les matériels anciens utilisés avec XP et non supportés par Vista ne le seront pas non plus par Windows 7. D'après Marc Jalabert, cela concernerait seulement 5% des périphériques. Autre raison d'espérer pour Microsoft, « on a de bons signaux pour la mise à jour ». Les retours sur les versions bêta et RC sont très bons, le public s'est rué sur les précommandes à tarif réduit, et Marc Jalabert ne doute pas que les entreprises passeront directement de XP à Seven. Mais il se refuse à donner un objectif, arguant que « les migrations en entreprises prennent du temps ». Le système de mise à jour proposé aux entreprises devrait faciliter les choses, de même que le mode XP pour Windows 7, qui permet d'exécuter des applications conçues pour XP dans une machine virtuelle apparaissant comme une simple fenêtre sur l'écran. Pour le grand public, beaucoup d'efforts sont prévus en matière de tarification (un pack Famille proposera le système d'exploitation à 150 euros pour trois ordinateurs) et de pédagogie : 1400 journées d'animation seront organisées dans les magasins, et un « Windows Café » sera même ouvert dans Paris. Office 2010 complétée par une version en ligne, Office Web Apps [[page]] La question de la migration en entreprise se reposera au printemps 2010 avec la sortie de la nouvelle version d'Office. Qui s'accompagne enfin d'un système collaboratif, et sera complétée par une offre bureautique en ligne, Office Web Apps. Similaire, dans le concept, aux Google Apps, ces Office Web Apps, accessibles aux utilisateurs disposant d'un compte Live et d'un espace de stockage SkyDrive, reproduisent dans le navigateur l'interface à base de rubans apparue dans Office 2007. « On le fera mieux que Google » Brique de la stratégie Software plus Services (S+S) de Microsoft, Office Web Apps est bien positionné comme un complément et non comme un outil de remplacement d'Office. Aucun système n'est d'ailleurs prévu pour gérer un stockage en local en cas de déconnexion du Web, par exemple - quand bien même Microsoft dispose d'outils comme Mesh, pour synchroniser les données. Il reste donc un peu de chemin à parcourir, alors que Google dispose de Gears, et prépare son offre Wave. Cela n'entame pas l'optimisme de Marc Jalabert : « On y va, et on le fera mieux que Google. » Côté serveur, Microsoft insiste aussi sur le choix offert aux entreprises, avec d'un côté des logiciels à installer comme Windows Server 2008 R2 ou Exchange 2010, et de l'autre des offres en ligne commercialisées directement par Microsoft (comme Azure) ou vendues par ses partenaires, comme la messagerie hébergée. « Dans tous les cas, explique Marc Jalabert, l'important est le fait d'utiliser Exchange, pas la façon dont on y accède ». Un tout nouveau bâtiment de 35 000 m² pour les 1700 collaborateurs français de Microsoft En conclusion de ces présentations, Eric Boustouller, président de Microsoft France, a rappelé l'enracinement de Microsoft dans la société française et toutes les raisons qui le poussent à être optimiste. Après 25 ans de présence, Microsoft compte aujourd'hui 1 700 collaborateurs en France, épargnés par le plan de licenciement mis en place par l'éditeur au niveau mondial. Microsoft France, désigné meilleure filiale à l'issue du dernier exercice fiscal, vient d'ailleurs d'inaugurer ses tout nouveaux locaux en bord de Seine à Issy, 35 000 mètres carrés à proximité de HP France, Cisco France, Steria... La plus grosse ombre au tableau pour Microsoft pourrait être la performance de la division grand public et services en ligne. Après 1,33 Md$ perdus au niveau mondial en 2007/2008 dans les services en ligne, Microsoft y a englouti 2,2 Md$ l'année dernière. Fort de ses 27 millions d'utilisateurs de ses services Live, l'éditeur a confirmé qu'il n'entendait pas abandonner ses efforts dans ce domaine, comme le prouvent le lancement de Bing (dont la version française doit bientôt être finalisée) et l'accord conclu avec Yahoo. C'est, explique Olivier Marcheteau, responsable de la division pour la France, « une stratégie qui portera ses fruits ».