(crédit photo : wicho / licence Creative Commons) Larry Ellison, fondateur d'Oracle, apprécie le spectacle et la démesure. Et il n'a jamais rechigné à ménager ses effets. Sur la scène du Moscone Center de San Francisco, après avoir fait défiler les images de son yacht engagé dans l'America's cup, l'emblématique patron a littéralement fait surgir sous ses pieds la « HP Oracle Database Machine », promise, selon ses voeux, à révolutionner l'univers des entrepôts de données. Autrement dit à faire vaciller Teradata, l'acteur dominant du secteur. Cette armoire rack, conçue avec HP, contient le serveur de stockage Exadata, « première solution matérielle » de l'histoire d'Oracle, a plaisanté Larry Ellison. Une judicieuse combinaison de logiciel et de matériel, spécialisée dans le stockage et le traitement de l'information. Améliorer les performances en réduisant la distance entre le stockage et le moteur du SGBD « Les grandes bases de données triplent de taille tous les deux ans. Or, les performances des datawarehouses faiblissent dès qu'ils atteignent le téraoctet, et même le plus véloce tombe complètement autour de 10 To », assène Larry Ellison en pointant du doigt le goulet d'étranglement entre bases de données et serveurs de stockage. « Pour résoudre le problème, il faut réduire le volume des flux entre la base de données et le système de stockage, ou bien élargir les tuyaux. » Et de conclure : Oracle a fait les deux, en permettant aux requêtes de s'exécuter au plus près des données. SGBD et stockage en grille [[page]] La « HP Oracle Database Machine » combine donc des serveurs de bases de données Oracle, reliés en grille, avec les tout nouveaux serveurs de stockage Exadata, également reliés en grille. L'ensemble est packagé dans la même armoire rack, et commercialisé par Oracle. Le support du matériel est assuré par HP. 1 400 fois la capacité du plus gros iPod La configuration est musclée. A lui seul, le serveur de stockage Exadata, muni du logiciel Oracle Parallel Query Database sous Oracle Enterprise Linux, est équipé de deux processeurs Intel (huit coeurs) et de douze disques durs apportant jusqu'à 12 To. Quant à la « machine HP Oracle », aujourd'hui disponible sous Enterprise Linux (d'autres environnements suivront, promet Larry Ellison), elle réunit huit serveurs de base de données Oracle (64 coeurs Intel), le logiciel de clustering RAC (Real application clusters) et 14 serveurs de stockage Exadata (soit 112 coeurs Intel) qui offrent une bande passante de 14 Go de données par seconde et jusqu'à 168 To. « Sa capacité est 1 400 plus importante que celle de l'iPod le plus musclé », ironise Larry Ellison. Sans cacher sa jubilation, le dirigeant a aussi comparé (à son profit) sa configuration aux solutions avancées par Teradata et Netezza, ses principaux concurrents sur ce terrain, avec les fournisseurs de systèmes de stockage, EMC, IBM et NetApp en tête. Trois ans de R&D pour cette première machine Oracle Cette nouvelle offre, sur laquelle rien n'a rien filtré, ou si peu (d'immenses banderoles annonçant un mystérieux « X » ont été déroulées hier dans le Moscone Center), est pourtant le fruit d'un développement de trois ans. Un projet qui s'inscrit dans le cadre d'un programme de recherche de plus longue haleine sur les architectures massivement parallèles. Des performances multipliées par 30 chez certains clients [[page]] En toute discrétion, la solution est testée depuis octobre dernier chez une poignée de clients. Sur le papier, les résultats obtenus retiennent l'attention. Avec une demi-configuration de la « machine HP Oracle », l'opérateur bulgare de téléphonie mobile M-Tel annonce des performances multipliées par 28, en moyenne, sur 4,5 To, par comparaison avec sa précédente configuration (2 serveurs IBM p570 couplés à un système de stockage EMC). Chez LGR, investi sur trois continents dans l'infogérance de datawarehouses, on avance des performances multipliées par 30. Moins édifiant, le distributeur américain Giant Eagle annonce tout de même un facteur x16 sur 5 To de données. Larry laisse la vedette à sa machine Cette année, contrairement à son habitude, Larry Ellison a quitté discrètement la scène, pendant la vidéo déroulant les commentaires des premiers clients. D'ordinaire, il se fait un plaisir, non dissimulé, de répondre au vol aux nombreuses questions de la salle, pourtant archi-pleine cette fois-ci encore : 11 000 places, nombre de personnes debout ou assises par terre et bien plus à l'extérieur de la salle, face aux écrans géants. Mais, une fois n'est pas coutume, il a préféré laisser la vedette à sa « machine », sur laquelle le public s'est précipité, le flash crépitant, dès la fin du show. A l'étage, les machines étaient déjà installées sur le stand d'Oracle.