SAP semble parier son avenir sur sa base de données en mémoire HANA, sur laquelle il a une fois de plus braqué les projecteurs lors de sa conférence Sapphire, à Orlando, mercredi. L'éditeur allemand a annoncé différentes applications, partenariats et améliorations pour autour de cette offre. A la faveur des multiples acquisitions réalisées au cours des récentes années, la société a pu entourer HANA d'une grande variété d'outils, a relaté Hasso Plattner, co-fondateur de SAP, lors du keynote, retransmis par webcast, qu'il a conduit le 3e jour de la conférence. « Nous avons enrichi le système et pensons que, techniquement, nous possédons un ensemble de fonctionnalités assez complet ».

SAP, qui avait déjà commencé à livrer des applications spécialisées pour HANA, en a annoncé huit de plus, visant des domaines comme l'analyse des opportunités commerciales (sales pipeline), la planification et la consolidation, prévisions de trésorerie... La date de sortie des applications n'a pas été précisée.

SAP combine HANA à Hadoop

Le sujet des big data a aussi été abordé. Le quatrième service pack pour HANA, désormais disponible de façon générale, inclut l'intégration avec Hadoop, le framework Open Source couramment proposé pour traiter les énormes volumes de données provenant de multiples sources (médias sociaux, capteurs d'informations divers, etc.). Cela permettra de lire et écrire les données via HDFS et mettre à jour rapidement HANA, ainsi que la base de données analytique IQ de Sybase.

L'éditeur allemand a rassemblé quelques partenaires autour d'un accord avec Cloudera, qui fournit sa propre distribution d'Hadoop ainsi que des services associés. Il a par ailleurs beaucoup insisté, ce mercredi, sur les capacités évolutives d'HANA lui permettant de monter en puissance jusqu'à exploiter des volumes très importants.

Un cluster de 100 noeuds

La société en a fait la démonstration avec un cluster HANA de 100 noeuds basé sur des serveurs IBM équipés de 4 000 processeurs Intel, de 100 To de mémoire vive et de 150 To de stockage SSD.  Une configuration matérielle dont le prix s'élève à 4 millions de dollars. « C'est le plus grand système de base de données en mémoire jamais assemblé », a indiqué Vishal Sikka, membre du comité exécutif de SAP et directeur technique du groupe au cours d'un entretien avant la conférence. Cette configuration est capable d'exploiter 1 000 applications pour des millions d'utilisateurs, ou tout simplement traiter la requête d'une seule base de données à la vitesse de l'éclair, a expliqué Vishal Sikka. Cet obstacle que peut représenter l'évolutivité, nous allons le réduire à néant, a asséné le directeur technique de SAP. « Nous sommes en train de tester jusqu'où nous pouvons », a-t-il ajouté, durant son keynote sur Sapphire.

[[page]]

Les clients se verront invités à charger leurs données vers des clusters conséquents et de lancer des traitements, même si ces tests ne se feront qu'à titre expérimental. Il n'y aura pas de mise en production pour le moment, a précisé Vishal Sikka. 

HANA sur AWS, en attendant d'autres IaaS


Enfin, SAP a annoncé l'ouverture d'instances HANA sur la plateforme IaaS (Infrastructure as a platform) d'Amazon Web Services, ce qui représente une évolution cruciale pour doper l'intérêt de la communauté de développeurs pour la technologie. HANA subit une baisse de performance de 20% sur AWS parce que la couche de virtualisation du service l'empêche d'interagir étroitement avec les processeurs comme il le fait avec les versions appliances de l'offre, toujours selon Vishal Sikka. Les clients peuvent s'attendre à ce que HANA arrive sur d'autres plateformes de cloud au fur et à mesure, a assuré le directeur technique.

HANA est sorti sous la forme d'un produit commercial l'an dernier après une longue période de gestation dans les laboratoires de SAP, en tirant notamment profit des technologies développées jusque-là. Disponibles sous forme d'appliances assemblées par différentes partenaires (HP, IBM, Dell, Siemens, Fujitsu...), HANA place les données en mémoire vive pour les traiter plutôt que de les lire de façon continue à partir des systèmes de stockage, ce qui booste la performance. Le tout est combiné avec du stockage physique pour conserver la persistance des traitements et pouvoir redémarrer rapidement en cas de panne.

HANA pas encore prête pour la Business Suite

Il reste du développement à faire avant que HANA soit prêt à être utilisé avec le progiciel de gestion intégré phare de SAP, la Business Suite, malgré les annonces de SAP prévoyant de commencer à en offrir le support cette année. Pendant ce temps, la division Sybase de SAP se prépare à proposer sa base de données ASE (Adaptive Server Enterprise) comme une alternative à Oracle. HANA arrivera plus tard.

Six mois après sa mise sur le marché, HANA a rapporté 160 millions d'euros en licences logicielles à SAP, ce que lui-même et les observateurs ont jugé significatif eu égard à la récence de l'offre. Cette année, SAP s'est montré particulièrement susceptible à toute insinuation, notamment en provenance de son concurrent Oracle, selon laquelle HANA pourrait ne pas être pris au sérieux en tant que base de données viable. Il est vrai qu'outre le fait que la base installée de SAP utilise beaucoup la base Oracle, ce dernier propose par ailleurs, avec Exadata et Exalytics, des produits concurrents à HANA.