Alors que le déconfinement est encore loin d'être pour demain - le Président de la République Emmanuel Macron a annoncé un confinement maintenu jusqu'au 11 mai 2020 au moins - la question du traçage à grande échelle des malades du Covid-19 commence à se poser. En effet, difficile de laisser tout un chacun reprendre une activité normale sans savoir s'il est susceptible d'attraper à son tour cette maladie. Pour ce faire, l'application des fameuses « mesures barrières » constitue un pré-requis. Mais l'idée de tracer les victimes du Covid-19 afin d'alerter d'autres personnes susceptibles de les avoir rencontrées sur leur chemin constitue une approche proactive du risque sanitaire. Non sans poser bien entendu quelques soucis en termes de protection de la vie privée et susciter la polémique.

Lors de sa dernière allocution lundi soir à la télévision, Emmanuel Macron a annoncé l'arrivée d'une application (StopCovid) qui serait basée sur le volontariat permettant aux personnes atteintes par le Covid-19 qui le souhaitent de partager cette information à des fins d'utilité publique. Objectif : avertir et prévenir les personnes ayant téléchargé cette application d'être averties d'avoir croisé leur chemin. Si cela part d'une bonne intention, on peut toutefois se demander si les gouvernements - en Europe et notamment en France - ne sont pas en train de réinventer la roue et de se faire dépasser par des poids-lourds de la mobilité comme Apple et Google qui viennent de prendre les devants avec le projet Contact Tracing.

Le projet Contact Tracing d'Apple et Google schématisé. (crédit : Google/Apple)

Les deux géants californien ont ainsi annoncé travailler de concert sur une technologie permettant de tracer l'extension du coronavirus via des apps pour les plateformes iOS et Android utilisant le Bluetooth LE pour suivre ceux qui ont été testés positifs au Covid-19. Ce Contact Tracing  fonctionne de façon aussi simple qu'efficace : « tout utilisateur Android ou iOS qui s'est inscrit se voit attribuer une balise d'identification anonyme, qui sera transmise à d'autres appareils à proximité via Bluetooth LE », explique Threatpost. « Lorsque deux personnes qui ont opté pour le suivi des contacts sont en contact étroit pendant un certain temps, leurs téléphones échangent des clés d'identification anonymes. Si l'un des deux est diagnostiqué plus tard avec le coronavirus, cette personne infectée peut entrer le résultat du test dans une application, telle qu'une application compatible d'une autorité de santé publique. Ensuite, la personne infectée peut consentir à télécharger pendant les 14 derniers jours des clés anonymisées. Toute autre personne qui a été à proximité d'une personne infectée sera alors informée par téléphone qu'une exposition à une personne qui a été testée positive pour le coronavirus a eu lieu ».

Cette technologie commune sur lesquelles travaillent Apple et Google doit sortir en deux phases : une première basée sur la disponibilité des API en mai que les agences de santé publique pourront intégrer à leurs propres applications mobiles, et une seconde au niveau du système d'exploitation fonctionnant sur une base opt-in pour les utilisateurs d'Android et iOS dans les mois qui viennent. « La version au niveau du système d'exploitation est une solution plus robuste qu'une API et permettrait à plus d'individus de participer, s'ils choisissent de s'y inscrire, ainsi que de permettre l'interaction avec un écosystème plus large d'applications et les autorités sanitaires gouvernementales », ont expliqué Apple et Google dans un communiqué commun vendredi dernier. « La confidentialité, la transparence et le consentement sont de la plus haute importance dans cet effort, et nous sommes impatients de développer cette fonctionnalité en consultation avec les parties prenantes intéressées. » Reste maintenant à savoir si les gouvernements en Europe et particulièrement en France sauront écouter Google et Apple sur un terrain sur lequel ils n'ont de cesse de les combattre.